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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

GE Aviation à Bromont redécolle après ses déboires

La pandémie et les déboires du 737 MAX ont fait mal à l’usine de pièces de moteur

Jean Bélanger, directeur de l’usine, et Randall Hobbs, haut dirigeant de GE Aviation, à Bromont, il y a quelques jours. Les effectifs de l’usine s’élèvent présentement à un peu plus de 600 personnes, après être tombés à 37 salariés, aux pires heures de la pandémie.
Jean Bélanger, directeur de l’usine, et Randall Hobbs, haut dirigeant de GE Aviation, à Bromont, il y a quelques jours. Les effectifs de l’usine s’élèvent présentement à un peu plus de 600 personnes, après être tombés à 37 salariés, aux pires heures de la pandémie. Photo Pierre-Paul Poulin
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Photo portrait de Sylvain  Larocque

Sylvain Larocque

2022-09-17T04:00:00Z
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Fleuron de l’industrie aérospatiale québécoise depuis 40 ans, l’usine de GE Aviation à Bromont, en Estrie, n’était plus que l’ombre d’elle-même en 2020 et pendant une partie de l’an dernier.

Avant d’être frappées par la pandémie, les installations avaient subi de plein fouet la suspension de vol de l’avion 737 Max de Boeing, décrétée en 2019 après un écrasement survenu en Éthiopie.

« Ç’a été un coup double. L’impact a été massif. Ç’a été terrible », confie au Journal Randall Hobbs, le dirigeant américain de GE responsable de l’usine de Bromont.

Mises à pied massives

De plus de 900 salariés, elle est passée à tout juste 37 travailleurs au creux de la vague, en 2020. Aujourd’hui, ses effectifs s’élèvent à un peu plus de 600 personnes.

« On est en train de remonter la côte, mais on n’a pas fini », témoigne le directeur des installations, Jean Bélanger.

À Bromont, GE Aviation fabrique plus de 800 composants différents qui sont destinés à plusieurs modèles de moteurs d’avion, dont le LEAP qu’on retrouve sur le 737 Max et les appareils A320neo d’Airbus. Chaque année, trois millions de pièces sortent de l’usine. 

Selon GE, plus de la moitié des avions commerciaux du monde comptent au moins un composant fabriqué à ses installations de Bromont.

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« Cela montre à quel point l’usine de Bromont est importante pour l’industrie aéronautique », souligne M. Hobbs.

GE est actuellement à la recherche d’une soixantaine d’opérateurs pour répondre à la reprise de la demande dans le secteur aéronautique. Des emplois payés de 26,75 $ à 41 $ l’heure.

On ne fabrique pas des frigos

Pour attirer l’attention, on a installé devant l’usine un panneau sur lequel on peut lire : « ici, on ne fabrique pas des réfrigérateurs ».

« Même dans la région, les gens ne savent pas toujours qu’on fait des pièces d’avion », raconte la directrice des ressources humaines, Johanne Jolicoeur.

Installations très performantes

Si l’on en croit Randall Hobbs, les travailleurs n’ont pas à craindre pour l’avenir des installations de Bromont.

« Cette usine a toujours fait partie du groupe des 5 % plus performantes chez GE », dit-il, évoquant ses constants gains de productivité.

« Quand on ajoute des mandats sans avoir à ajouter autant d’employés, c’est ce qui fait que Bromont a la réputation qu’elle a », affirme M. Hobbs.

« La capacité de résolution de problèmes qu’on trouve ici est tellement plus avancée qu’ailleurs », ajoute-t-il, en précisant que les technologies développées à Bromont sont exportées dans d’autres usines de GE Aviation dans le monde. 

GE Aviation à Bromont en quelques dates 

  • 1982 : Ouverture de l’usine
  • 1993 : Mise à pied de 285 employés
  • 2011 : Agrandissement de l’usine (64 M$, dont 13 M$ provenant de Québec)
  • 2013 : Inauguration d’un centre de robotique (61 M$, dont 8 M$ provenant de Québec)
  • 2017 : Modernisation de l’usine (238 M$, dont 12 M$ de Québec) 
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Une usine née d’un contrat militaire 

On l’oublie, mais c’est l’achat de chasseurs CF-18 par Ottawa, en 1980, qui a incité General Electric à s’installer à Bromont. Or, rien de tel n’est prévu en lien avec l’acquisition des avions F-35 qui doivent remplacer les CF-18.

Inaugurée en 1982, l’usine s’inscrivait dans les retombées économiques canadiennes que le gouvernement fédéral exigeait alors de ses grands fournisseurs militaires.

À l’époque, GE avait investi 97 millions $ à Bromont. Le gouvernement du Québec avait versé une subvention de 4,3 millions $ à la multinationale. 

L’usine de GE à Bromont a d’abord produit des pièces pour des moteurs d’avions militaires avant de se tourner vers le secteur civil. 

Depuis 2015, elle se consacre principalement au moteur LEAP de CFM International, une coentreprise de GE et de la firme française Safran. Il propulse les populaires avions A320neo d’Airbus et 737 Max de Boeing.

Rien pour le F-35

Jusqu’ici, le gouvernement Trudeau a fait peu d’efforts pour inciter le constructeur du F-35, l’américain Lockheed Martin, à générer des retombées ici.

Martin Brassard, PDG de l’entreprise québécoise Héroux-Devtek, espère toutefois convaincre Ottawa d’intercéder auprès de Lockheed.

« Maintenant qu’on a officialisé la commande de F-35, ce sera peut-être plus facile pour nous de faire valoir nos aptitudes », a récemment déclaré M. Brassard au Journal.

Héroux compte à Longueuil des installations où elle effectue l’entretien et la réparation de trains d’atterrissage d’appareils militaires comme le C-130 de Lockheed Martin et le KC-135 de Boeing. Elle pourrait très bien y ajouter la maintenance des trains du F-35.

« C’est sûr que si le gouvernement canadien fait la promotion des capacités de l’industrie canadienne, ça augmente nos chances [de décrocher un contrat] », a ajouté M. Brassard.

La firme montréalaise CAE et l’américaine L3Harris, qui effectue à Mirabel l’entretien des CF-18, espèrent également décrocher des contrats liés aux futurs F-35.

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