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L'article provient de Le Journal de Québec
Monde

Gaza/UNRWA: valse-hésitation du Canada

AFP
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Photo portrait de Normand Lester

Normand Lester

2024-01-31T05:00:00Z
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Ottawa a décidé de compenser son interruption de financement de l’UNRWA, l’organe de l’ONU chargé de la protection des Palestiniens, en versant 40 millions de plus à d’autres organisations humanitaires œuvrant à Gaza. 

• À lire aussi: Ottawa promet 40 millions $ de plus en aide humanitaire à Gaza

L’argent ira au Programme alimentaire mondial, à l’UNICEF, à l'Organisation mondiale de la santé et à la Croix-Rouge internationale. 

L’UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient) est le principal fournisseur d’aide aux civils de Gaza, les autres organisations humanitaires internationales n’ont pas les infrastructures nécessaires sur le terrain pour fournir de la nourriture, de l’eau, et d’autres formes d’aide vitale. 

Ottawa le sait très bien. L’automne dernier, la ministre des Affaires mondiales, Mélanie Joly, a félicité l’UNRWA pour son travail humanitaire à Gaza en affirmant qu’elle était «la seule organisation capable de le faire concrètement».

Cette interruption de financement – même temporaire – va porter un coup dévastateur à plus de deux millions de Gazaouis.

Le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas, la Suisse, le Japon, la France et la Finlande se sont joints aux États-Unis, à l’Australie et au Canada pour suspendre le financement de l’UNRWA. Ils fournissaient environ la moitié de son budget. 

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Reconnaissant le rôle vital que l’UNRWA auprès des Gazaouis et des Palestiniens, la Norvège, l’Espagne, l’Irlande et la Belgique ont refusé de suspendre leur financement. 

  • Écoutez la rencontre Lester-Durocher avec le blogueur du Journal de Montréal, Normand Lester via QUB :

Amnesty International dénonce la situation

Amnesty International avait demandé à plusieurs pays, dont le Canada, de revenir sur leur décision de suspendre leur financement de l’organisme. Fondée en 1949 un an après la création d'Israël et le déplacement de plus de 700 000 Palestiniens, l’UNRWA leur fournit ainsi qu’à leurs descendants aide et services. Ils sont 5,9 millions à travers le Moyen-Orient: Gaza, Jérusalem-Est, Cisjordanie, Jordanie, Liban et Syrie.

Pour la secrétaire générale d’Amnesty International, Agnès Callamard, «il est profondément choquant, inhumain à vrai dire, que plusieurs gouvernements aient pris des décisions qui vont aggraver les souffrances de deux millions de Palestiniens déjà confrontés au risque d’un génocide et d’une famine artificielle, quelques jours seulement après que l’arrêt rendu par la Cour internationale de justice a conclu que la survie des Palestiniens de Gaza était menacée».

Elle ajoute: «Les allégations concernant l’implication de membres du personnel de l’UNRWA dans les attaques du 7 octobre sont sérieuses et doivent donner lieu à une enquête indépendante; toute personne contre laquelle il existe des preuves suffisantes et recevables doit être poursuivie...» 

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  • Écoutez la rencontre Lester-Durocher avec le blogueur du Journal de Montréal, Normand Lester via QUB :

Douze combattants du Hamas à l’UNRWA

Israël allègue qu’une douzaine des 13 000 employés de l’UNRWA à Gaza ont participé à l’attaque du Hamas du 7 octobre, dont dix au raid en territoire israélien, au cours duquel 1200 personnes ont été tuées et quelque 240 autres prises en otages.

Israël a riposté en lançant une guerre contre le Hamas qui a jusqu’ici tué quelque 27 000 personnes à Gaza et déplacé 85% de la population de l’enclave. Les frappes israéliennes ont endommagé ou détruit 60% de ses infrastructures. 

La quasi-totalité de la population de Gaza dépend de l’UNRWA pour ses besoins de base, notamment la nourriture et l’eau. Environ un million de Gazaouis, soit près de 45% de la population de l'enclave, se sont réfugiés dans des écoles, des cliniques et d’autres bâtiments de l'UNRWA.

Le premier ministre israélien Nétanyahou appelle depuis longtemps les États-Unis à retirer leur soutien à l’UNRWA. Il avait félicité Donald Trump d'avoir supprimé le financement de l’agence. Biden l’a rétabli par la suite. Harper l’avait aussi fait au Canada en 2011, Justin Trudeau l’a rétabli après sa victoire de 2015.

L'UNRWA, qui connaît des difficultés financières depuis des années, avait lancé l’année dernière un appel de fonds de 1,6 milliard $.

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