Gaza, l’une des pires «catastrophes» depuis la Seconde Guerre mondiale, selon un spécialiste de la médecine de guerre
Samuel Roberge
La situation humanitaire ne cesse de se détériorer dans la bande de Gaza, au point de raviver des images rappelant les heures sombres de la fin de la Seconde Guerre mondiale, selon un médecin urgentiste qui connaît très bien l’enclave palestinienne.
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«Ça fait plus de 30 ans que je vis dans les zones de guerre. Je n'ai jamais assisté à cela, a témoigné le Dr Raphaël Pitti en entrevue sur les ondes de LCN, jeudi soir. On est dans un camp de concentration, véritablement, et dans lequel cette population est soumise à des contraintes humanitaires qui sont vraiment insupportables pour elle.»
Le spécialiste de la médecine de guerre, qui s’est rendu à Gaza en janvier 2024, affirme que le régime israélien de Benyamin Nétanyahou a totalement déshumanisé la population de Gaza, la privant de ses besoins les plus fondamentaux: nourriture, eau, abri, soins et médicaments.
«Je ne crois pas que notre humanité a assisté à une telle situation depuis la Deuxième Guerre mondiale. On est dans l'une des catastrophes les plus importantes – après la Syrie, bien évidemment – depuis la Deuxième Guerre mondiale», a-t-il indiqué.
«Volonté de génocide»
Depuis mars dernier, Israël a bloqué de nombreuses demandes d’organisations humanitaires réclamant l’accès à Gaza pour y acheminer des biens essentiels. Une lettre signée par plus de 100 ONG a d’ailleurs été publiée jeudi, dénonçant l’abus de la législation qui empêche l’entrée de l’aide humanitaire.
Pour le Dr Pitti, ces entraves relèvent d’une logique génocidaire.
«À partir du 2 mars, on peut parler de génocide et le dire tout à fait franchement, il y a une volonté de génocide», a-t-il plaidé.
De son côté, Israël a, à plusieurs reprises, rejeté les accusations de génocide, rejetant la responsabilité de la crise humanitaire sur le Hamas.
«Si nous avions voulu commettre un génocide, cela n’aurait pris qu’un après-midi», a déclaré le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, à des journalistes dimanche dernier.
Le COGAT, l’organisme israélien chargé des Affaires civiles dans les territoires palestiniens, a également dénoncé des «allégations mensongères».
«Israël agit pour permettre et faciliter l'entrée de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza, tandis que le Hamas cherche à exploiter cette aide pour renforcer ses capacités militaires et consolider son contrôle sur la population. Cela se fait parfois sous couvert de certaines organisations d'aide internationale, que ce soit sciemment ou non», affirme l’organisme, selon lequel 380 camions sont entrés mercredi dans Gaza via les points de passage de Kerem Shalom et Zikim.
La moitié des Canadiens croient au génocide
Mais au Canada, les déclarations des autorités israéliennes peinent à convaincre.
Deux Canadiens sur trois considèrent la situation humanitaire à Gaza comme un «scandale moral», et la majorité affirme qu’Israël bloque délibérément l’aide, selon un récent sondage Angus Reid.
Un peu plus de la moitié (52 %) des répondants estiment qu’Israël est en train de commettre un génocide dans la bande de Gaza — une hausse de 11 points par rapport aux résultats obtenus en février 2024.
Le sondage de l’Institut Angus Reid a été mené en ligne du 31 juillet au 5 août 2025, auprès de 1522 adultes canadiens sélectionnés au hasard.