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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Gangs de rue, motards et rumeurs de cartel: un été plutôt chaud s’annonce

Photo d'archives, AGENCE QMI
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Photo portrait de Maria Mourani

Maria Mourani

2025-05-01T04:00:00Z
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Le visage du crime organisé au Québec change, il devient plus morcelé. Si la mafia italienne et les Hells Angels, de nouveaux bons amis, conservent une présence non négligeable, ce ne sont plus eux qui dictent les règles du jeu. 

En fait, on ne sait plus très bien qui domine dans cet écosystème criminel postpandémique.

Certains chapitres des Hells et même le clan sicilien semblent dépasser par le désir d’indépendance de certains gangs, plus jeunes et mieux connectés, qui ne veulent plus jouer les seconds violons.

Cette époque est révolue. Ces gangs veulent leur part – fini les miettes – et n’hésitent pas à défier, voire à torturer les anciens patrons pour y arriver. Ils ont leurs propres réseaux, ambitions et programmes.

Des cliques de Laval, Montréal et Québec collaborent désormais, et même avec des groupes de Toronto, Hamilton et Vancouver. Ensemble, ils forment des réseaux criminels mobiles, indépendants, qui se partagent des armes, des contrats d’assassinat, des femmes, de la drogue et de l’information.

Chaos et instabilité 

Depuis les cinq dernières années, on constate une augmentation des conflits, des homicides et des fusillades impliquant ces différents acteurs (mafia, Hells, gangs).

Les alliés d’antan se tirent dessus et voient leur autorité mise à mal par une génération de membres de gangs encouragée à la rébellion depuis le succès de BFM.

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Cette instabilité postpandémique du milieu criminel laisse entrevoir un remodelage des pouvoirs entre les différents groupes, un renforcement de certaines alliances et, potentiellement, une redistribution des marchés.

On ne sait pas trop ce qui sortira de ce chaos. Cependant, lorsqu’il y a instabilité, certains peuvent essayer d’en profiter.

Parfois, du chaos naît l’inattendu...

Tren de Aragua: une menace sous surveillance 

Depuis les expulsions de ressortissants vénézuéliens par l’administration Trump, la SQ met en garde contre l’implantation au Québec d’un cartel, le Tren de Aragua, qui aurait comme mode opératoire de profiter du flux migratoire pour s’établir sur un nouveau territoire.

Même son de cloche du côté de la GRC, de l'Agence des services frontaliers du Canada et de la Police provinciale de l'Ontario.

Bien que l’inquiétude des autorités soit légitime, compte tenu de l’instabilité qui prévaut dans le milieu criminel, l’implantation de ce cartel me semble peu probable.

Pour qu’un groupe étranger s’installe, il doit s’ancrer localement. Autrement dit, ses membres doivent être des jeunes du Québec.

Rappelons que les MS13, un gang salvadorien (né aux É.-U.), avaient tenté ce genre de migration dans les années 2000 avec un succès mitigé. Ils avaient réussi à s’implanter à Toronto, avant d’être démantelés.

Aucune implantation n’avait alors été observée au Québec. Le marché québécois est bien trop petit et peu payant comparativement aux É.-U. ou à Toronto.

D’autre part, les groupes criminels québécois protègent leur marché et la guerre n’est jamais bonne pour les affaires.

Même les cartels mexicains et colombiens, pourtant puissants, préfèrent former des partenariats et favorisent la sous-traitance, plutôt que de tenter une implantation directe.

Cela étant dit, mieux vaut les garder à l’œil.

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