Gala de boxe du 27 juin au Centre Vidéotron: une carte qui oscille entre l’amitié et les menaces

Jessica Lapinski
La scène était frappante mercredi et elle l’était tout autant jeudi. D’une part, Arslanbek Makhmudov et Ricardo Brown, deux matamores qui se battraient dans la catégorie des poids très lourds si elle existait, se menacent et se bousculent devant les flashs des caméras.
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De l’autre, Leïla Beaudoin et Elhem Mekhaled, qui s’envoyaient encore des textos à deux jours de leur combat, et dont le respect qu’elles se vouent était visible tant dans leurs regards que dans leurs sourires.

Eye of the Tiger Management a promis un gala à la fois explosif et doté d’une grande profondeur, ce vendredi, au Centre Vidéotron, et ces moments auxquels on a assisté pendant la conférence de presse ainsi qu’à la pesée (où tout le monde a respecté le poids, jeudi) sont une preuve qu’il y aura un peu de tout dans le ring.
Même si l’amitié qui s’est forgée durant des mois entre la Québécoise Beaudoin (12-1, 1 K.-O.) et la Française Mekhaled (17-3, 3 K.-O.) prendra vite le bord une fois que la première cloche sonnera pour ce championnat WBO international des superplumes, assure le promoteur Camil Estephan.
«Dans le ring, ça va brasser! lance-t-il. Autant elles sont amies maintenant, autant ça va brasser [vendredi]. Et après, elles vont se serrer la main. Mais c’est beau de voir cet esprit sportif.»
Un esprit sportif aux antipodes avec la rivalité qui anime les deux poids lourds qui seront en action, le Québécois d’adoption Makhmudov (19-2, 2 K.-O.) et l’Ontarien Brown (12-0, 1 K.-O.).
Makhmudov semble à fleur de peau et Brown, lui, semble savoir comment jouer dans la tête de son adversaire. Après deux revers en trois combats, le Tchétchène d’origine, qui a fait osciller le pèse-personne à 265,8 lb, doit absolument gagner. Même Estephan le dit.
Après la pesée, Makhmudov s’est placé devant Brown pour prendre la traditionnelle photo. L’Ontarien s’en est moqué, sans doute pour montrer qu’il n’était pas du tout déstabilisé par la stratégie.

Makhmudov s’était senti insulté
Cette dernière était tout de même pas mal plus douce que celle utilisée par Makhmudov la veille, alors que ce dernier a promis de... tuer son adversaire.
«C’est moins de l’amour entre ces deux-là. Ce sont deux monstres. Je me sentais petit entre eux, et ça m’arrive rarement», a rigolé Estephan, qui en impose lui aussi.
Makhmudov était insulté que Brown ait promis de le coucher sur le ring, lors de la conférence de presse. «C’était sa façon de répondre, mais ses émotions peuvent lui nuire, a relevé le promoteur. Mais il m’a rassuré. J’ai eu une longue discussion avec lui.»
Dans ce combat qui risque de se terminer en un clignement d’yeux (et surtout, par un K.-O.), il n’y aura effectivement pas de temps pour les états d’âme.
Quand on parle plus du prochain que du présent combat...
Une victoire, vendredi, au Centre Vidéotron, ferait de Christian Mbilli le prochain adversaire logique pour Canelo Alvarez, le plus gros nom de la boxe sur la planète en ce moment.
Mbilli le sait. Camil Estephan le sait. Le milieu de la boxe le sait aussi. Un peu trop, même, au goût du promoteur, puisqu’en ce moment, on parle davantage de ce possible affrontement que de la confrontation entre Mbilli (28-0, 23 K.-O.) et le Polonais Maciej Sulecki (33-3, 13 K.-O.).
«Je n’aime pas ça, car il ne faut rien tenir pour acquis dans la vie, mentionne Estephan. L’autre est acculé au mur, il a passé le K.-O. à un très, très bon prospect au Kazakhstan à son dernier combat [Ali Akhmedov].»

Estephan n’est tout de même pas inquiet pour sa grande vedette. Le Français d’origine, devenu Québécois de cœur, demeure l’homme à battre vendredi au Centre Vidéotron, et logiquement, c’est lui qui mettra la main sur la ceinture de champion du monde intérimaire WBC des super-moyens, la première de sa carrière.
Mais Sulecki n’est pas pour autant le dernier venu. Des combats de 12 rounds, le Polonais en a déjà disputé dans sa carrière. Mbilli, lui, en sera à son premier vendredi.
«Il est beaucoup plus grand que Christian, et ça, ce sera aussi un challenge de passer son jab», note Estephan.
Les devoirs sont faits, assure-t-il toutefois, et le temps est venu de «livrer la marchandise». «On est très confiants. Christian et Marc Ramsay, ce sont de vrais pros. Ils montent de niveau chaque fois.»