Gabriel Nadeau-Dubois: ce n’est qu’un au revoir...


Josée Legault
Dès qu’il fut révélé par le Printemps érable de 2012, un jeune Gabriel Nadeau-Dubois de 21 ans se démarquait des autres leaders étudiants.
Pour ou contre la grève, les Québécois découvraient un orateur exceptionnel.
L’homme était un communicateur né. Un organisateur hors pair. Un caractère fort et affirmé. Un humaniste, un vrai, capable en plus de tenir tête sans flancher au gouvernement de Jean Charest.
Que ce jeune homme pas comme les autres saute un jour dans l’arène politique allait de soi. Il avait le service public dans la peau et la ténacité pour s’imposer.
C’est sans surprise qu’en 2017, il se présentait pour Québec solidaire dans le comté de Gouin. Le mariage politique semblait tomber sous le sens.
Devenu co-porte-parole et chef parlementaire de QS, GND annonce pourtant qu’il quittera la politique à la fin de son mandat. Là aussi, sans surprise.
Nul ne doute des raisons familiales qu’il donne. Jeune père, on le comprend, tout comme sa collègue libérale Marwah Rizqy, de vouloir être enfin présent pour vrai auprès de sa famille.
Le fond de l’histoire est toutefois plus complexe.
Le fait est que GND n’a jamais pu donner sa pleine mesure comme chef au sein d’un parti qui lui offrait un carcan idéologique trop rigide, dont les instances et la base militante sont à l’avenant.
Dit autrement, en bout de piste, un des plus grands talents politiques de sa génération n’était tout simplement plus dans le bon parti.
Les coudées plus franches
GND est fait d’une fibre politique plus flexible sans qu’il renie pour autant ses principes de base. L’an dernier, il a donc tenté le tout pour le tout.
Après la mauvaise campagne de QS en 2022 et les départs fracassants de Catherine Dorion et d’Emilise Lessard-Therrien, il a voulu recadrer son parti. Objectif: en faire un «parti de gouvernement».
Pour ce faire, il lui aurait toutefois fallu avoir les coudées franches comme chef. Ce qui, même si son virage fut adopté, n’est pas possible à QS.
Sans complaisance
La remontée inattendue du PQ – auquel, ironiquement, QS avait tourné le dos en 2017 en rejetant toute alliance électorale avec lui – a aussi contribué à la descente des solidaires dans les sondages.
Incapable de freiner cette chute, Gabriel Nadeau-Dubois a quitté pour un long congé de paternité. Pour toutes ces raisons, on soupçonnait déjà qu’il annoncerait son départ dès son retour. C’est maintenant fait.
Pour QS, au sortir en plus d’un résultat désastreux à l’élection partielle dans Terrebonne, le réveil s’annonce brutal. Au moment où les services publics se privatisent dangereusement, le Québec aura pourtant besoin d’une voix résolument progressiste.
Il est vrai qu’en Occident, pendant que la droite radicale est en montée, les partis de gauche en arrachent. Il n’en reste pas moins que chacun vit dans des dynamiques politiques différentes.
D’où l’importance pour l’avenir de QS de se regarder dans le miroir sans complaisance.
Quant à GND, même s’il se dit «usé» en ce moment, un talent politique de cette ampleur ne pourra pas rester longtemps dans la salle d’attente. On le reverra sûrement, mais où et dans quel rôle?
En point de presse, il l’a dit clairement: «Ma volonté de changer les choses est intacte». Mon petit doigt me dit que la prochaine fois, il pourrait en effet nous surprendre.