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Nouveau premier ministre britannique, Keir Starmer promet de rebâtir le pays

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2024-07-05T07:23:23Z
2024-07-05T17:30:09Z
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Le nouveau premier ministre britannique Keir Starmer a commencé vendredi à former son gouvernement après avoir promis de «rebâtir» le Royaume-Uni, dont une page politique se tourne avec le retour des travaillistes au pouvoir.

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C’est la première fois depuis 2010 que le Labour (centre-gauche) va diriger le pays, après 14 ans d’un gouvernement conservateur et une succession de crises: austérité, Brexit, envolée des prix ou encore valse des premiers ministres.

«Nous reconstruirons» le Royaume-Uni, a déclaré le dirigeant de 61 ans devant Downing Street, après avoir été chargé par le roi Charles III de former un gouvernement, qu’il veut au «service» des Britanniques.

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Personnalités atypiques issues du terrain et femmes aux plus hautes responsabilités, la nouvelle équipe au pouvoir que Keir Starmer a commencé à dévoiler illustre le changement qu’il veut incarner et l’image de sérieux qu’il veut projeter.

Son numéro 2 en particulier, la vice-première ministre responsable du Logement, Angela Rayner, 44 ans, issue d’un milieu très défavorisé et ayant quitté l’école à 16 ans, détonne dans le paysage politique britannique.

L’ancienne économiste de la Banque d’Angleterre, Rachel Reeves, appréciée des milieux d’affaires, devient elle ministre des Finances, première femme à occuper ce poste dans le pays.

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Est nommé aux Affaires étrangères David Lammy, descendant d’esclaves qui a pu se montrer très critique dans le passé de l’ancien président américain Donald Trump.

En arrivant radieux à Downing Street, M. Starmer, ancien avocat pour les droits de la personne, a reçu embrassades et félicitations de dizaines de ses soutiens, assemblés sur place.

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Il a promis de se battre «jour après jour» pour «unifier» le pays et pour que les Britanniques puissent à nouveau croire à un avenir meilleur pour leurs enfants, citant l’éducation et le logement.

Face «aux défis d’un monde précaire», il s’est engagé à une «reconstruction calme et patiente». «Notre travail est urgent, et nous le commençons aujourd’hui», a-t-il ajouté avant de franchir avec son épouse Victoria la porte du 10 Downing Street.

«Je ne vous promets pas que ce sera facile. Il ne suffit pas d’appuyer sur un bouton pour changer un pays», avait-il cependant averti le public, à l’aube, après la victoire annoncée de son parti.

D’autant que la vague travailliste ne masque pas totalement quelques nuances moins radieuses, comme la faible popularité du nouveau premier ministre, une victoire obtenue en ne rassemblant qu’un tiers des suffrages au niveau national, ou encore les votes et sièges perdus à cause de la position du Labour sur le conflit à Gaza.

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Selon les résultats quasi complets, le Labour a décroché 412 sièges, bien au-delà du seuil des 326 pour obtenir la majorité absolue à la Chambre des Communes et pouvoir gouverner seul. C’est juste en deçà du résultat historique de Tony Blair en 1997 (418).

Le parti conservateur est réduit à 121 députés contre 365 il y a cinq ans, sa pire défaite en un siècle. Plusieurs poids lourds du parti ont été battus.

«Vous avez envoyé le signal clair que le gouvernement du Royaume-Uni doit changer, et votre jugement est le seul qui compte», a déclaré aux Britanniques Rishi Sunak dans son dernier discours de premier ministre après 20 mois au pouvoir, se disant «désolé». Il a annoncé sa démission prochaine de la tête du parti conservateur. 

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«Choix difficiles»

Parmi les premiers rendez-vous qui attendent Keir Starmer, le sommet du 75e anniversaire de l’OTAN la semaine prochaine à Washington.

Il le sait: il n’y aura pas de lune de miel.

Après «ces derniers mois et années difficiles», Ramsey Sargent, 49 ans, a hâte «de voir ce qui va se passer». «Il y a une pression énorme sur le nouveau premier ministre», déclare à l’AFP cette femme de 49 ans.

Abdul Muqtvar, 40 ans, juge quant à lui que «la politique britannique n’a pas fait le moindre progrès depuis une dizaine d’années». «Ce sera intéressant de voir comment le Labour s’en sort».

Tout au long de la campagne, Keir Starmer, entré en politique il y a seulement neuf ans, a promis le retour de la «stabilité» et du «sérieux», avec une gestion des dépenses publiques très rigoureuse.

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Le futur gouvernement devra faire «des choix difficiles» face à «l’ampleur du défi», a prévenu Rachel Reeves.

Keir Starmer promet de transformer le pays comme il a redressé, sans états d’âme, le Labour après avoir succédé au très à gauche Jeremy Corbyn en 2020, recentrant le parti sur le plan économique et luttant contre l’antisémitisme.

Il assure vouloir relancer la croissance, redresser les services publics, renforcer les droits des travailleurs, réduire l’immigration et rapprocher le Royaume-Uni de l’Union européenne – sans revenir sur le Brexit, sujet tabou de la campagne.

Parlement inédit

Dans ce Parlement totalement redessiné, les libéraux-démocrates (centristes) redeviennent la troisième force, avec 71 députés, un record.

Bouleversement de taille, le parti anti-immigration et antisystème Reform UK fait son entrée avec quatre députés, dont son chef, la figure de la droite dure, Nigel Farage.

Photo AFP
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En Écosse, les indépendantistes du Scottish National Party subissent un sérieux revers en ne se maintenant que dans neuf des 57 circonscriptions.

Les Verts remportent quatre sièges, contre un seul auparavant, dans une Chambre des Communes qui comptera un nombre record d’au moins 261 femmes, contre 220 en 2019.

Les principaux ministres du nouveau gouvernement travailliste

Dans la foulée de son arrivée à Downing Street, le nouveau premier ministre britannique Keir Starmer a officialisé la composition de son gouvernement.

En voici les principaux ministres.

Vice-première ministre: Angela Rayner

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Dans un pays où la classe dirigeante est massivement passée par les Universités d’Oxford et Cambridge, Angela Rayner, 44 ans, détonne. Elle a grandi dans un logement social du nord de l’Angleterre, a quitté l’école sans diplôme, ayant été mère célibataire à 16 ans.

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Passée par le syndicalisme, députée depuis 2015, elle est élue numéro deux du parti travailliste en 2020. Elle forme un duo contrasté avec Keir Starmer, avec son positionnement plus à gauche, son franc parler et son accent populaire du nord.

Chargée notamment des dossiers du logement et du rééquilibrage territorial, Angela Rayner veut agir pour un programme de construction massive et la fin des «contrats zéro heure» qui ne garantissent aucun minimum d’heures de travail payées.

Finances: Rachel Reeves

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À 45 ans, cette ex-économiste de la Banque d’Angleterre est la première femme chancelière de l’Échiquier, brisant ce qu’elle a qualifié de «dernier plafond de verre en politique».

Rachel Reeves a joué un rôle central dans le recentrage du Labour et sa volonté d’incarner la compétence dans les questions économiques. Elle martèle que son parti est désormais «le parti naturel des entreprises» et promet «une discipline de fer» dans les finances publiques.

Née dans une famille d’enseignants à Londres, amatrice d’échecs, entrée en politique sous Tony Blair, Rachel Reeves défend un rôle actif de l’État par les investissements et veut «reconstruire les services publics».

Affaires étrangères: David Lammy

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Cet avocat de 51 ans, descendant d’esclaves du Guyana en Amérique du Sud, a affûté sa vision de la diplomatie en enchaînant plus de 40 visites à l’étranger depuis deux ans. Selon lui, la politique étrangère du Royaume-Uni «a besoin de redécouvrir l’art de la grande stratégie» après la sortie du pays de l’Union européenne.

Si le Labour suit en grande partie la ligne suivie par le gouvernement conservateur en matière de diplomatie, il veut se rapprocher de l’Union européenne, dossier très sensible des deux côtés de la Manche.

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David Lammy risque de se trouver sous la pression d’une partie du Labour qui reproche à sa direction une ligne trop pro-israélienne.

Cet ami de l’ancien président américain Barack Obama risque aussi de devoir gérer un possible retour à la Maison-Blanche de Donald Trump qu’il avait qualifié «sociopathe aux sympathies néonazies». Il a assuré depuis avoir été mal compris et, selon la presse britannique, a récemment rencontré des conseillers du candidat républicain.

Défense: John Healey

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Ce dossier clé en période de guerre en Ukraine revient à John Healey, 64 ans, vétéran du parti travailliste. Élu député en 1997 lorsque Tony Blair est arrivé au pouvoir, il a enchaîné des postes dans plusieurs ministères puis, dans l’opposition, a été responsable du Logement et de la Santé avant de passer à la Défense.

À son nouveau poste, il devra mettre en œuvre la hausse des dépenses militaires à 2,5% du PIB (2,3% cette année) promise par le Labour. Il hérite cependant d’une armée soumise à une cure d’amaigrissement ces dernières années et appelée à s’investir davantage en Asie face à la Chine.

Intérieur: Yvette Cooper

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Autre représentante de la génération Blair élue en 1997, Yvette Cooper s’occupait de l’Intérieur depuis 2021 au sein du gouvernement fantôme travailliste, après avoir déjà occupé ce poste entre 2011 et 2015. Candidate malheureuse à la tête du Labour face à Jeremy Corbyn en 2015, elle s’est illustrée au Parlement avec ses interventions pugnaces, lui donnant une image d’autorité, cruciale pour ce dossier.

En prenant la tête du Home Office, Yvette Cooper hérite du dossier de l’immigration, sujet majeur dans la campagne et souvent considéré comme un point faible des travaillistes. Elle devra incarner une ligne qui se veut ferme – réduction de l’immigration légale et lutte contre les arrivées irrégulières –, mais aussi plus humaine avec l’abandon immédiat du projet conservateur d’expulser des migrants vers le Rwanda.

Santé: Wes Streeting

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Cette jeune figure de l’aile centriste du Labour sera confrontée à la tâche titanesque de redresser un système public de santé mis à genoux par des années d’austérité et la pandémie. Les mois d’attente pour certains rendez-vous exaspèrent les Britanniques.

À 41 ans, Wes Streeting, qui a eu un cancer du rein en 2021, s’est préparé en revendiquant son enfance très pauvre dans un logement social de Londres, mais aussi son ambition de devenir un jour premier ministre.

Et les autres

Shabana Mahmood, ancienne avocate, est nommée à la Justice, Bridget Philipson à l’Éducation, et Ed Miliband, chef du parti travailliste entre 2010 et 2015, à la Sécurité énergétique et la neutralité carbone.

Steve Reed devient ministre de l’Environnement, et Lisa Nandy est nommée à la Culture.

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