Fusillades: la mairesse Plante hausse le ton face à Ottawa
Félix Lacerte-Gauthier
Au lendemain d’énièmes fusillades, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, hausse le ton pour réclamer que le gouvernement fédéral en fasse davantage pour lutter contre le trafic d’armes.
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«Je vous invite à demander au gouvernement fédéral ce que lui fait pour protéger, pour pas que ces armes se retrouvent dans les mains de nos jeunes. À un moment donné, on peut me demander à moi; c’est correct, c’est moi la mairesse, mais je ne contrôle pas les armes qui rentrent», a tonné, exaspérée, Mme Plante mardi matin, en marge d’un point de presse.
Dans la nuit de lundi, quatre fusillades ont éclaté à Montréal, faisant trois blessés. À ces événements peut s’ajouter une agression survenue dans la même journée au Collège de Maisonneuve, où un jeune aurait été gravement blessé.
«Même si je dis que je ne veux plus de drame à Montréal, qu’est-ce qu’on fait quand ce sont des lois qui sont à un autre niveau, et des armes qui passent par la frontière. C’est ça la réalité», a martelé Mme Plante.
«Je ne contrôle pas le principal élément, et c’est les guns qui se retrouvent sur le territoire», s’est-elle également insurgée.
Depuis l’automne 2021, Mme Plante a fait plusieurs sorties publiques afin de réclamer que le gouvernement Trudeau bannisse les armes de poing et en fasse davantage pour lutter contre le trafic d’armes à la frontière.
Cela, dans un contexte où les fusillades se multiplient à Montréal. Dans son rapport pour l’année 2021, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) avait enregistré 144 décharges d’arme à feu, un nombre qui a plus que doublé comparativement à l’année 2020.
Malgré tout, Mme Plante assure que la Ville et le SPVM n’ont pas perdu le contrôle de la situation, indiquant que le grand nombre d’enquêtes résolues étaient un bon signe.
«C’est un marathon. Je sais qu’on aimerait avoir des solutions tout de suite et que tout s’arrête, mais il y a des initiatives qui vont prendre plus de temps, dont le travail qu’on fait avec les jeunes et les familles pour prévenir la violence», a-t-elle prévenu.
Elle a également réitéré que «tout est mis en œuvre» pour lutter contre la situation.
La Ville devrait annoncer mercredi la mise en place d’un programme pour améliorer la communication entre le SPVM, les directions d’écoles et les jeunes, afin de sécuriser les alentours des milieux scolaires.
Dans l’après-midi, Mme Plante a également rencontré M. Legault à Montréal, où elle a pu discuter en privé des enjeux de sécurité.
Lors d’une mêlée de presse au terme de sa discussion avec la mairesse, le chef caquiste a rappelé que son gouvernement a prévu 250 millions de dollars en août dernier pour gonfler les effets policiers à Montréal, et qu’il s’attend à ce que les effectifs soient ajustés en conséquence.
Pressé de questions par les journalistes, M. Legault a reconnu que les tirs qui ont retenti encore hier soir en plein centre-ville n’ont rien de rassurant.
«C’est effectivement à prendre au sérieux, puis on prend ça au sérieux. Valérie Plante travaille avec le SPVM pour ajouter des policiers en particulier dans les quartiers où c’est, entre guillemets, "plus chaud "», a-t-il relaté.
Est-ce que le premier ministre sortant considère que la présence policière est suffisante à l’heure actuelle?
«Je ne sais pas exactement combien il y en a [de policiers], mais on a donné de l’argent pour en avoir plus, donc je m’attends à en avoir plus. Est-ce qu’ils sont là déjà actuellement? En tout cas, je voudrais qu’ils soient là le plus vite possible», a-t-il répondu.
- Avec la collaboration de Marc-André Gagnon, Bureau parlementaire