Funérailles d’Elizabeth II: le Canada salue le départ de sa reine
La pluie n’a pas empêché des milliers de personnes d’honorer la souveraine une dernière fois dans la capitale
Raphaël Pirro et Anne Caroline Desplanques
OTTAWA | Plusieurs milliers de personnes se sont réunies dans les rues de la capitale fédérale pour rendre un dernier hommage à la reine Elizabeth II, malgré la pluie.
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Au premier rang dans la foule, pour bien voir la cérémonie diffusée sur écran géant, Linda Morse avait les émotions à fleur de peau.
« J’adore la reine, dit-elle, toute vêtue de noir. J’ai un énorme respect pour le travail qu’elle a fait, c’est un modèle de dévouement. ».

À quelques mètres de là, Troy Crow, un autre résident d’Ottawa, se tenait près de l’église anglicane de Christ Church où a eu lieu la messe officielle devant les dignitaires.
« Pour moi, la reine est un symbole de continuité dans l’histoire », confie-t-il, en faisant flotter bien haut un drapeau britannique à l’effigie de la souveraine conçu pour son jubilé de platine.

Cortège sous la pluie
Devant lui, le cortège militaire a marché solennellement et les chevaux de la Gendarmerie royale ont battu le pavé au rythme des cornemuses. Massée sur les trottoirs, la foule capturait le moment avec un cellulaire dans une main et le parapluie dans l’autre.
Un crachin tout britannique donnait à la capitale des airs de Londres pour cette journée de deuil national. Le mauvais temps a d’ailleurs forcé l’annulation d’une partie des commémorations.

Les avions de chasse de l’Aviation royale qui devaient survoler la colline du Parlement sont restés au hangar et il fallait des bottes de pluie pour marcher dans la boue des plaines LeBreton, où quatre obusiers ont tiré une salve de 96 coups d’artillerie pour souligner les 96 ans de vie de la souveraine.
« C’est un moment historique. C’est probablement un point tournant dans l’histoire du pays. Il y aura beaucoup de changements symboliques, et, avec le roi Charles III, on aura une façon différente de voir la monarchie », croit Jonathan Nijembazi, étudiant à l’Université d’Ottawa venu admirer le cortège.
Mais si changements il y aura, pas question ici de mettre la monarchie aux oubliettes.

Les opinions changent
« La Couronne est immortelle, dit Saahil Gill, un autre étudiant. La Couronne représente une part de l’identité canadienne, un chef d’État non partisan qui représente notre histoire. »
D’après le dernier sondage Léger sur la monarchie réalisé en mars 2021, à peine un tiers des Canadiens partagent désormais cette opinion, tandis que 53 % estiment plutôt que la monarchie est dépassée et n’a plus sa place au 21e siècle.

C’est d’ailleurs pourquoi le chef bloquiste, Yves-François Blanchet, a choisi de ne pas assister à la cérémonie.
Les deux autres chefs d’opposition, Pierre Poilievre et Jagmeet Singh, ont pris place dans la nef de l’église Christ Church aux côtés des ex-premiers ministres Brian Mulroney et Joe Clark.
La vice-première ministre, Chrystia Freeland, et le caucus libéral étaient eux aussi présents, tandis que le premier ministre Trudeau était quant à lui à Londres à la cérémonie officielle.
Hommages d’officiels émus
« L’héritage de service et de leadership constant de la reine se perpétuera dans les innombrables vies qu’elle a touchées et sera une source d’inspiration pour nous tous. »
– Justin Trudeau, premier ministre du Canada, par communiqué
« Elle nous a donné cette remarquable période de platine qui nous aide à voir à quel point nous avons changé et évolué pendant plus de 70 ans. »
– Adrienne Clarkson, ex-gouverneure générale du Canada
« Elle était notre reine, bien sûr, ainsi que celle d’autres pays. Mais elle éprouvait, je pense, un amour particulier, un amour profond pour le Canada. »
– Brian Mulroney, ex-premier ministre du Canada
« Une cérémonie touchante, une cérémonie digne du legs de la reine. Je pense qu’en même temps c’est une cérémonie qui fait en sorte de démontrer à quel point on a une culture forte au Canada avec des artistes extraordinaires, comme Ginette Reno et Rufus Wainwright. »
– Mélanie Joly, ministre des Affaires étrangères
« Les horreurs commises contre les peuples autochtones des terres britanniques colonisées par les monarques seront discutées autour du feu du conseil des esprits et la reine à ce moment renoncera à la brutalité du passé. »
– Albert Dumont, conseiller spirituel algonquin et poète officiel anglophone d’Ottawa
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