Frontière avec les États-Unis: hausse d’immigration illégale vers le Canada, confie un contrebandier

Agence QMI
Un contrebandier, qui aide à faire passer illégalement de la drogue et des immigrants entre les États-Unis et le Canada, aurait remarqué une hausse importante des demandes de passage vers le pays.
«La plupart d’entre eux sont des Vénézuéliens. Ces gens ont peur d'être expulsés vers leur pays. Avant, on n'en voyait pas beaucoup: sur 30 personnes que nous croisions, trois ou quatre montaient [vers le Canada]. Maintenant, sur 10, cinq montent», a confié un contrebandier sous le pseudonyme de Javi, en entrevue avec CBS News, dimanche.
Le membre autoproclamé du cartel mexicain de Sinaloa, qui travaillerait sur la frontière entre le Canada et les États-Unis, aurait accepté de faire le point à l’émission américaine 60 Minutes après des mois de travail pour gagner sa confiance, à condition que le média protège son identité.
Car, si le cartel venait à apprendre qu’il s’est adressé à un média américain, «ils me tueraient. Le cartel ne pardonne pas», aurait-il indiqué en espagnol.
Dangers du passage clandestin
Il aurait cependant accepté l’entrevue pour avertir les migrants des dangers de tenter la traversée sans l’aide d’un guide comme lui, qui connaît le terrain à force de l’avoir exploré, et donc qui est capable d’en reconnaître les capteurs et les caméras.
Celui qui traverse des migrants illégalement depuis l’adolescence reçoit environ 1000$ américain par tête, alors qu’une partie des 3000$ qu’il réclame va aux chauffeurs et au cartel, selon CBS News.
Mais depuis le début de l’administration Trump, Javi aurait indiqué avoir remarqué une nette hausse de passage clandestin des États-Unis vers le Canada.
L’an dernier, la frontière aurait enregistré moins de 24 000 passages illégaux entre le Canada et son voisin du sud, alors que la frontière entre les États-Unis et le Canada en aurait compté 1,5 million pendant la même période, selon le média américain.
Vers une vague d'immigrants illégaux?
«La frontière canadienne est bien plus large que celle du Mexique. Il y a plus de points d'entrée au Canada qu'au Mexique, beaucoup plus. [Une augmentation des patrouilles aux frontières] ne nous arrêtera donc pas», a poursuivi Javi à 60 Minutes.
L’ancienne agente des services frontaliers du Canada, Kelly Sundberg, qui mène actuellement des recherches sur la sécurité frontalière à l'Université Mount Royal de Calgary, a confirmé la tendance observée par Javi.
«Le Canada peut s'attendre à une vague d'immigrants illégaux fuyant les autorités américaines et entrant dans notre pays. Les chiffres sont déjà en hausse. [...] Et ils pourraient bien apporter avec eux des armes et de la drogue», a-t-elle indiqué à CBS News.
Ce changement serait attribué au resserrement de l’étau américain autour des sans-papiers, dont l’exportation de membres présumés de gangs vénézuéliens à Guantanamo.
Là où le bât blesse, c’est que 90 % des armes utilisées pour commettre des crimes au Canada proviendraient des États-Unis, selon Kelly Sundberg.
En ce qui a trait à la drogue, la cocaïne transiterait majoritairement depuis la frontière avec le Mexique avant de se retrouver vers le Canada, tandis que, si le Canada est une route de choix pour acheminer du fentanyl de la Chine vers les États-Unis, cela ne représenterait que 0,2% du fentanyl saisi l’an dernier.
En effet, selon les données de CBS News, les États-Unis ont saisi 43 livres de fentanyl à la frontière nord, contre plus de 21 000 livres confisquées à sa frontière avec le Mexique, peut-on lire.