Cyberattaque: l’usine de pneus Bridgestone de Joliette forcée à l'arrêt complet
Difficile de dire si les Russes sont derrière la cyberattaque

Martin Jolicoeur
Alors que les autorités craignent une hausse du nombre de cyberattaques en provenance de Russie, l’usine de pneus Bridgestone de Joliette se voit forcée depuis deux jours à l’arrêt complet de ses activités.
• À lire aussi: Toyota suspend sa production au Japon après une probable cyberattaque
Dimanche, la direction de l’entreprise a informé ses 1300 employés du Québec qu’une « perturbation informatique étendue (sic) » l’avait forcée à cesser la production. « Comme il s’agit d’un cas de force majeur, les opérations de l’usine sont interrompues », pouvait-on lire dans la note de service, obtenue par Le Journal.

Malgré ses efforts, l’usine n’a pas réussi hier à reprendre ses activités, tout comme nombre d’autres installations de l’entreprise aux États-Unis et en Amérique latine.
De Nashville, au Tennessee, où se trouve le siège nord-américain de Bridgestone, la directrice des communications, Emily Weaver, tentait de se montrer rassurante en fin de journée hier, sans toutefois pouvoir préciser la date de reprise de la production.
Chez Alouette aussi
« Nous continuons à progresser dans l’enquête pour déterminer l’étendue et la nature de l’incident, et nous continuerons à travailler avec diligence pour résoudre tout problème susceptible d’affecter nos activités, nos données, nos coéquipiers et nos clients », nous a-t-elle répondu.
Cette attaque survient alors que la société Alouette de Sept-Îles, la plus grande aluminerie du continent, confirmait vendredi dernier qu’une panne affectait l’ensemble de ses systèmes informatiques.
« Cette panne semble causée par un incident de sécurité lié à l’intrusion d’un tiers non autorisé », a expliqué l’entreprise par voie de communiqué vendredi.
Attaques concertées ?
Est-ce que ces attaques sont, comme le croient certains, nécessairement le fruit de pirates d’allégeances russes ciblant les organisations des pays alliés de l’Ukraine, envahie par la Russie ?
Expert en cybersécurité.
« Est-ce qu’il est permis d’imaginer que ces attaques sont liées au conflit actuel ? Oui, répond Patrick R. Mathieu, expert en cybersécurité et cofondateur de HackFest. Mais dire que l’on puisse en être certain ? Ça non, c’est beaucoup plus difficile. »
Il rappelle que les pirates s’installent dans les systèmes des organisations ciblées souvent trois à six mois avant de frapper. Ainsi, lier ces cas à la position adoptée par l’OTAN la semaine dernière lui semble hasardeux.
Alexis Dorais-Joncas, directeur du bureau montréalais de R&D d’ESET, une société slovaque spécialisée en cybersécurité, est du même avis.
« On ne peut pas l’exclure, dit-il. Mais rien ne nous permet de prétendre que ce soit le cas non plus.
« Avant d’attribuer ces attaques passées et futures à une ou plusieurs organisations d’une même allégeance, ajoute-t-il, il faut prendre le temps d’analyser chaque cas, ce qui peut s’avérer plus long qu’on l’imagine. »