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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

Comédie musicale «Le Bodyguard»: Frédérick De Grandpré et Jennifer-Lee Dupuy, un duo légendaire

Photo Agence QMI, Joël Lemay
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Photo portrait de Bruno Lapointe

Bruno Lapointe

2023-03-24T00:30:00Z
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Il y a à peine quelques mois, Jennifer-Lee Dupuy passait ses journées derrière l’ordinateur de la compagnie de construction où elle travaillait à temps plein. Mais, dès cette semaine, elle montera sur les planches du Théâtre St-Denis pour redonner vie à l’un des plus célèbres personnages du cinéma américain : Rachel Marron, jadis interprétée par Whitney Houston dans The Bodyguard. Sa vie, elle l’atteste, a changé du jour au lendemain. Et elle ne s’en plaint pas.  

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Le contraste est pour le moins saisissant : dans un studio de répétition du centre-ville de Montréal, Jennifer-Lee Dupuy multiplie les acrobaties vocales en poussant la note sur Run to You, succès-phare du répertoire de Whitney Houston. Micro en main, bottillons argentés aux pieds, la jeune femme est l’incarnation même de Rachel Marron : une star au sommet de son art. 

Photo Agence QMI, Joël Lemay
Photo Agence QMI, Joël Lemay

On peine donc à l’imaginer mettre le pied dans un chantier de construction ou encore envoyer des soumissions à des firmes industrielles à longueur de semaine. 

Passion inébranlable 

Pourtant, c’est avec la même passion qu’elle aborde ces deux carrières et facettes de sa personnalité. L’enthousiasme de sa voix ne fluctue pas d’un iota lorsque la conversation valse de la construction à la chanson, et vice-versa. 

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Jennifer-Lee Dupuy éclate même de rire quand on le lui fait remarquer.  

« J’adore chanter, évidemment. Mais j’adore aussi tout ce qui touche à la gestion, à l’entrepreneuriat, à la logistique. J’ai besoin des deux domaines pour être heureuse, pour me sentir épanouie », explique la chanteuse âgée de 30 ans au Journal. 

Au fil des ans, elle a maintenu l’équilibre entre ces deux mondes en arrondissant ses fins de mois entourée de ses musiciens, tantôt pour des spectacles corporatifs, tantôt pour des réceptions de mariage. La scène ne lui est pas étrangère, loin de là. Mais elle n’a, de son propre aveu, jamais goûté à l’effervescence d’une production d’envergure telle Le Bodyguard, attendue sur la scène du Théâtre St-Denis à compter de ce jeudi. 

Défi vocal

Le saut vers cet univers serti de strass, de paillettes et de projecteurs braqués sur elle a donc été vertigineux. Jennifer-Lee Dupuy a même hésité avant de parapher son contrat avec Musicor Spectacles. Il faut dire que le défi vocal est considérable, capable de faire frémir les plus grandes interprètes. 

Certes, il y a les immortelles – et intimidantes – Run to You, I Have Nothing et, évidemment, I Will Always Love You qui ont propulsé la bande originale du film The Bodyguard vers le sommet des palmarès de l’époque. Mais lors de son passage de l’écran à la scène, l’intrigue s’est bonifiée par l’ajout de titres-phares du répertoire de Whitney Houston tels que So Emotional, I Wanna Dance With Somebody et How Will I Know. De quoi décupler le niveau de difficulté vocal du spectacle. 

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« Il n’y a pas de “petite chanson” », atteste Jennifer-Lee Dupuy en riant. 

« C’est certain que c’est un immense défi. Parce que pour chanter des chansons de Whitney Houston, il faut se donner à fond. On ne peut pas donner moins de 100 % à chaque soir. Et justement, je ne dois pas les chanter une seule fois ; mais plusieurs fois par semaine. C’est tout un travail », poursuit-elle. 

Pour la représentation

Mais elle a finalement accepté de relever ce défi en se souvenant de la petite fille de 8 ans qu’elle a jadis été, celle qui « capotait » sur le film The Bodyguard. Les modèles qui lui ressemblaient – lire ici : des héroïnes de couleur – étaient rares à l’époque. Et s’il y en a de plus en plus en plus aujourd’hui, ils ne sont tout de même pas légion. 

« J’en ai tellement demandé, des femmes qui pourraient me servir de modèles, d’inspirations. Parce que la représentation, c’est quelque chose d’extrêmement important. D’avoir plus d’exemples qui me ressemblent, ça ne peut qu’emmener du positif », plaide-t-elle.  

La comédie musicale Le Bodyguard prendra l’affiche au Théâtre St-Denis de Montréal jeudi. Elle s’installera ensuite au Capitole de Québec à compter du 28 juin, puis à Trois-Rivières et à Gatineau en septembre. 

 

« J’ai accepté que ma carrière soit en dents de scie »

Photo Agence QMI, Joël Lemay
Photo Agence QMI, Joël Lemay

Absent de nos scènes depuis quelques années, Frédérick De Grandpré revient sous les projecteurs avec le rôle-titre de la comédie musicale Le Bodyguard. Le comédien ne le cache pas, ses années creuses n’ont pas été les plus faciles. Mais il a « refusé de vivre dans l’amertume ». 

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« J’imagine qu’on peut appeler ça un comeback », laisse tomber le comédien de 50 ans.

Et avec raison. Rembobinons d’abord. 

Au tournant du millénaire, le nom de Frédérick De Grandpré était sur toutes les lèvres – et génériques – de la province. Le comédien s’était bâti un statut et une feuille de route fort enviables grâce à ses rôles dans Le négociateur, Fortier, Jean Duceppe, Tribu.com ou encore Virginie. 

Mais sa carrière a pris une tournure inattendue, peu de temps après la sortie de son premier album, Un martini pour Noël. Pourtant couronnée de succès – et du Félix décerné à l’album jazz de l’année –, cette incursion dans la chanson a mené sa route vers une pente descendante. Le téléphone a sonné moins fort, et moins souvent. 

Photo Agence QMI, Joël Lemay
Photo Agence QMI, Joël Lemay

Sans amertume

C’est toutefois avec beaucoup de sérénité que Frédérick De Grandpré aborde aujourd’hui ces années d’incertitude. Pas une once d’amertume ne vient teinter son ton, ou son début. 

« Certains acteurs ont un nouveau rôle à chaque saison. Mais moi, ma route est différente. J’ai accepté que ma carrière soit en dents de scie », confie le comédien, résolument très zen. 

Frédérick De Grandpré
Frédérick De Grandpré Photo fournie par Musicor

« C’est facile de devenir amer, de se remettre en question. Mais j’ai décidé de voir ça autrement : ces pauses me donnent du temps pour m’occuper de ma famille, d’avoir d’autres passions. Et quand un nouveau rôle se présente, j’en profite pleinement », poursuit celui qui complétera bientôt un bac en philosophie. 

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De dire qu’il « profite pleinement » de l’aventure Le Bodyguard tiendrait tout de même de l’euphémisme. On le voit, en répétitions, lorsqu’il se transforme en Frank Farmer – personnage rendu célèbre par Kevin Costner dans le film de 1992 – pour voler au secours de Jennifer-Lee Dupuy. 

Jennifer-Lee Dupuy
Jennifer-Lee Dupuy Photo fournie par Musicor

« Ça fait longtemps que je ne me suis pas senti aussi investi et impliqué dans un projet. Je me réveille la nuit avec des idées pour mon personnage », lance-t-il en riant. 

Arts martiaux

Il faut dire que Frédérick De Grandpré aide lui-même le metteur en scène Joël Legendre à bâtir la nouvelle version de ce personnage mythique. Car le comédien est bien déterminé à mettre à profit son impressionnant bagage en arts martiaux ; il détient en effet une ceinture noire en taekwondo, en plus de s’adonner au krav-maga et au jiu-jitsu brésilien. 

Joël Legendre
Joël Legendre Photo Agence QMI, Joël Lemay

« Joël Legendre a accepté de me laisser prendre le dessus pour chorégraphier les scènes de combat. Dans le film, on voit que le garde du corps est intéressé par la culture des samouraïs, mais on pousse ça un peu plus loin ici. Je trouve que ça emmène quelque chose de réaliste pour mon personnage, ça vient appuyer son côté chevaleresque », raconte-t-il.

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