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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Israël bombarde Rafah malgré l’ordre de la CIJ. Discussions à Paris pour un cessez-le-feu

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Agence France Presse

2024-05-25T06:02:27Z
2024-05-25T18:45:14Z
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L’armée israélienne a bombardé samedi Rafah malgré l’ordre de la Cour internationale de Justice (CIJ) d’arrêter immédiatement ses opérations dans cette ville du sud de la bande de Gaza d’où ont fui des centaines de milliers de personnes.

Parallèlement, des efforts internationaux ont été relancés pour arracher une trêve dans la guerre déclenchée par l’attaque sans précédent du mouvement islamiste Hamas contre Israël le 7 octobre, et obtenir la libération de plus de 100 otages retenus dans le territoire palestinien.

Un responsable israélien a déclaré samedi que le gouvernement avait l’intention de relancer «cette semaine» les négociations actuellement au point mort.

La CIJ, plus haute juridiction de l’ONU – dont les décisions sont juridiquement contraignantes, mais qui manque de mécanismes pour les mettre en œuvre – a aussi ordonné vendredi à Israël de maintenir ouvert le passage de Rafah à la frontière avec l’Égypte, passage essentiel à l’entrée de l’aide humanitaire, mais fermé après le lancement de son opération terrestre début mai.

  • Écoutez l’analyse de Luc Lavoie au micro de Yasmine Abdelfadel via QUB:

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Israël s’est défendu en affirmant qu’il «n’a pas mené et ne mènera pas d’opérations militaires dans la zone de Rafah» susceptible de «conduire à la destruction de la population civile palestinienne».

Son armée a pourtant lancé le 7 mai des opérations au sol dans le secteur de Rafah, où elle dit vouloir sauver des otages et détruire les derniers bataillons du Hamas, considéré comme une organisation terroriste par Israël, les États-Unis et l’Union européenne. 

«Assez de la guerre»

Pour sa part, le Hamas, qui a pris le pouvoir dans la bande de Gaza en 2007, a salué la décision de la CIJ – qui a également ordonné la «libération immédiate» des otages – tout en déplorant qu’elle soit limitée à Rafah.

Les bombardements israéliens se sont poursuivis samedi dans la bande de Gaza, notamment à Khan Younès (sud), Gaza-ville (nord) et dans Rafah, ont rapporté des témoins et des journalistes de l’AFP. En 24 heures, au moins 46 morts supplémentaires ont été recensés, selon le ministère de la Santé du Hamas.

À Rafah, l’armée israélienne a affirmé avoir «éliminé une cellule terroriste qui a ouvert le feu sur ses troupes», et annoncé que des combattants avaient été tués lors de «combats rapprochés» vendredi à Jabalia (nord).

«Nous voulons voir la décision de la CIJ sur le terrain [...] Assez, assez, assez de la guerre», a martelé Moamen Muchtaha, 33 ans, un Palestinien de Gaza-ville, déplacé comme bon nombre des 2,4 millions de Gazaouis.

La guerre dans la bande de Gaza a débuté le 7 octobre après l’attaque sur le sol israélien de commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza, entraînant la mort de plus de 1170 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens.

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Ce jour-là, 252 personnes ont également été emmenées comme otages dans le territoire palestinien. Après une trêve en novembre ayant notamment permis la libération d’une centaine d’entre eux, 121 otages sont toujours retenus à Gaza, dont 37 sont morts, selon l’armée.

En riposte, l’armée israélienne a lancé une offensive dévastatrice dans le territoire palestinien, qui a fait au moins 35 903 morts, essentiellement des civils, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas. 

Ordonnances «contraignantes»

L’ONU et des ONG font régulièrement état d’une situation humanitaire catastrophique dans la bande de Gaza, avec un risque de famine et de nombreux hôpitaux hors service. Les opérations au sol à Rafah ont poussé environ 800 000 personnes à fuir, selon l’ONU.

Par ailleurs, l’opérateur palestinien de télécommunications Paltel a indiqué samedi dans X que l’accès à internet dans la ville de Gaza et ses environs avait été interrompu «à cause de l’agression en cours».

Par ailleurs, l’armée américaine a déclaré que quatre de ses navires, utilisés pour la jetée provisoire pour l’aide à Gaza, se sont échoués samedi à cause d’une «mer agitée». Cependant, «la jetée reste entièrement fonctionnelle», a souligné le Commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (CENTCOM).

Après bientôt huit mois de guerre, la pression sur Israël s’accroît chaque jour davantage.

Madrid a averti samedi que les ordonnances émises par la CIJ étaient «contraignantes» et a exigé leur respect.

Peu après, les ministres des Finances du G7 ont sommé Israël de «garantir» les services bancaires aux banques palestiniennes, après que le pays eut menacé cette semaine de les priver d’accès à leur propre système bancaire. 

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«Ramenez-les!»

Samedi, un responsable israélien a déclaré à l’AFP sous couvert d’anonymat qu’Israël avait l’intention de reprendre «cette semaine» les discussions pour obtenir la libération des otages. «Il y a un accord», a-t-il assuré.

Il n’a pas donné plus de détails, mais des médias israéliens rapportent que le chef du Mossad (le service de renseignement israélien), David Barnea, avait trouvé un accord avec le directeur de la CIA, Bill Burns, et le premier ministre qatari, Mohammed ben Abderrahmane Al-Thani, lors d’une réunion à Paris portant sur un nouveau cadre pour les négociations.

Début mai, des discussions indirectes entre Israël et le Hamas, par l’entremise du Qatar, de l’Égypte et des États-Unis, avaient échoué à aboutir à un accord de trêve associée à la libération d’otages et de prisonniers palestiniens détenus par Israël.

Vendredi, le président français, Emmanuel Macron, a reçu le premier ministre du Qatar et les ministres saoudien, égyptien et jordanien des Affaires étrangères.

À Tel-Aviv, des milliers d’Israéliens, dont des proches des otages, ont manifesté samedi soir pour réclamer leur libération.

«Ramenez-les à la maison!» pouvait-on lire sur des pancartes alors que des manifestants brandissaient des photos des otages, certains avec des traces de peinture rouge sur leurs corps, symbolisant le sang des victimes. 

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