Frappe policière historique: quatre résidences des trafiquants de GHB ont été bloquées par l’État

Des propriétés qui vaudraient au total plus de 2,5 M$ ont été bloquées par l’État en vue de leur éventuelle saisie dans la foulée d’une frappe policière historique visant d’importants trafiquants de GHB. 

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Depuis la semaine dernière, les maisons où demeurent Sébastien Turcotte, 43 ans, Jean-Philippe Robitaille, 44 ans, et Éric Matte, 42 ans, sont visées par des ordonnances de blocage d’un produit de la criminalité, selon des documents de la cour consultés par Le Journal.

Cela signifie que les propriétés ne peuvent être vendues ou réhypothéquées, et que leur valeur ne peut être diminuée par le propriétaire, tant que le tribunal l’ordonne.

Le procureur général du Québec précise dans ces documents avoir fait ses demandes, car il a «la conviction qu’une ordonnance de confiscation» des biens pourrait éventuellement être rendue au terme de ce dossier.

Ces trois hommes, qui ont été épinglés mercredi dernier par l’Escouade régionale mixte Rive-Nord, sont soupçonnés d’avoir orchestré le plus important réseau de trafic de GHB au Québec, de 2014 à 2022.

Ils font face à des accusations de gangstérisme, de production, possession, transport et trafic de stupéfiants. Durant cette période, ils auraient produit une quantité astronomique de doses uniques de GHB, d’une valeur de revente de 280 M$ à 860 M$.

Prête-noms

À la suite de leur inculpation, ce sont au total trois maisons et un chalet, d’une valeur de récupération approximative de plus de 2,5 M$, qui ont été bloqués, selon la Sûreté du Québec.

Selon nos informations, les autorités croient que certains membres de ce trio ont tenté tout ce temps de camoufler en partie leur train de vie effréné et criminel derrière des prête-noms.

Parmi ceux-ci font notamment partie leurs conjointes. En effet, la maison où résidait Matte, sur la rue du Florigèle, à Terrebonne, est enregistrée au nom de sa conjointe et de sa mère.

Pourtant, c’est l’accusé qui aurait viré des sommes de 1800$ par mois dans le compte de sa mère pour payer l’hypothèque et d’autres coûts liés à la maison, peut-on lire dans un affidavit rendu public.

«Le train de vie d’Éric Matte et de [sa conjointe] ne semble pas, a priori, concorder avec leurs revenus déclarés», est-il d’ailleurs indiqué.

Matte possède aussi un luxueux chalet à La Minerve. 

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Près de 700 000$

La demeure de Robitaille, rue Roy, à Prévost, est aussi au nom de sa conjointe. 

Cette dernière est également la sœur de Turcotte et propriétaire de l’entreprise Lanklo, par l’entremise de laquelle Robitaille aurait fait l’achat, durant ces huit ans d’activités criminelles, d’environ 700 000$ de produits chimiques.

Pour sa part, Sébastien Turcotte, considéré comme la tête dirigeante alléguée du groupe, est propriétaire de sa résidence, voisine de celle de son complice Éric Matte.

– Avec Philippe Langlois

Les cinq accusés auraient causé leur perte en baissant leur garde 

Après avoir trafiqué du GHB sous le radar pendant des années, les membres du réseau auraient couru à leur perte en faisant preuve de moins de vigilance, selon des documents de cour obtenus par Le Journal.

« Tu vends de la drogue pendant près de 10 ans. À un certain moment, tu baisses la garde. C’est la nature humaine », a fait valoir une source bien aux faits du dossier, qui ne peut être identifiée.

Le trio Turcotte, Matte et Robitaille (voir autre texte) aurait produit une énorme quantité de doses de GHB, sur environ huit ans.

Les policiers ont procédé à une quinzaine de séances de filature pour bâtir la preuve.

Dans un café

L’enquête de l’Escouade régionale mixte a démarré lors d’une banale rencontre dans un café entre Stéphane Plouffe, membre influent des Hells Angels, et un revendeur de cocaïne soupçonné, qui aurait ensuite croisé le trio d’accusés.

En avril 2022, le réseau s’est donc fait pincer quand Turcotte aurait rencontré un acheteur de stupéfiants, qui lui était déjà sous surveillance policière. Turcotte aurait alors eu en sa possession 400 litres de GHB.

Tout en comptant

Pour sa part, Robitaille ne possédait pas de carte de crédit. Pourtant, il aurait effectué 52 commandes de produits chimiques pour un total de 687 928 $ à la compagnie Opti-Mixx. Il aurait tout réglé en argent, aurait-il été noté dans un cahier de notes de la compagnie de Delson qui a été saisi. De multiples échanges de textos entre Robitaille et les employés d’Opti-Mixx, Michel Dionne et Richard Boisvert, qui auraient facilité la vente des produits chimiques, ont aussi été obtenus par les autorités.

Puis lors de son arrestation, Robitaille aurait même lancé des propos incriminants aux policiers.

Il aurait spontanément déclaré « penser [savoir] de quoi il s’agit, car lui il est un intermédiaire, il achète et revend du dégraissant, ce que les autres font avec, ça ne le concerne pas ».

Leur dossier doit revenir à la cour en mars.