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L'article provient de Le Journal de Montréal
Justice et faits divers

Frank Zampino ne tirait pas les ficelles d’un système de collusion, selon son avocat

L’ex-numéro 2 de la Ville de Montréal souhaite ainsi être acquitté des accusations qui pèsent contre lui

Photo BEN PELOSSE
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Photo portrait de Camille Payant

Camille Payant

2025-07-15T17:52:00Z
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L’ex-numéro 2 de la Ville de Montréal Frank Zampino martèle qu’il n’a jamais été mis au courant d’un système de collusion dans la métropole, mais pointe plutôt du doigt un organisateur politique maintenant décédé et plaide ainsi qu’il mérite un acquittement.

«Aucun élément ne prouve que le stratagème de partage de contrats avait été mis en place par M. Zampino dans un but de financement politique illégal. La preuve est même à l’effet contraire: c’est Bernard Trépanier qui en a bénéficié personnellement», a souligné Me Philippe Morneau mardi matin au palais de justice de Montréal.

Selon la théorie de la poursuite, ce système a permis d’octroyer frauduleusement 34 contrats entre 2004 et 2009 à Montréal, d’une valeur totale de plus de 160 M$. En échange, les firmes devaient offrir une redevance de 3% au parti Union Montréal du maire de l’époque, Gérald Tremblay.

«L’argent illicite ne s’est pas retrouvé dans les coffres du parti», a mentionné Me Morneau. Et tous les ingénieurs qui ont témoigné lors de ce procès criminel ont juré n’avoir jamais remis d’argent à M. Zampino, selon son avocat.

Des sommes importantes auraient été plutôt déposées dans le compte bancaire personnel du grand argentier du parti, Bernard Trépanier, et dans celui de son entreprise Bermax, même «s’il faisait à croire aux firmes que les sommes étaient destinées au parti», selon l’avocat de la défense.

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Bernard Trépanier au palais de justice de Montréal en 2016.
Bernard Trépanier au palais de justice de Montréal en 2016. Photo d’archives, Chantal Poirier

M. Trépanier, qui est décédé d’un cancer avant de pouvoir subir son procès, «agissait à l’insu de M. Zampino» et «était un agent libre», selon Me Morneau.

«Porte-parole» contredit

L’avocat de l’ancien maire de Saint-Léonard, accusé de complot et d’abus de confiance, avait peu avant tiré à boulets rouges sur un témoin-vedette de la Couronne, l’ingénieur Michel Lalonde.

Michel Lalonde lors de son témoignage, en mars dernier, au procès criminel de Frank Zampino.
Michel Lalonde lors de son témoignage, en mars dernier, au procès criminel de Frank Zampino. Photo BEN PELOSSE

L’ancien président de la firme de génie-conseil Génius avait affirmé en mars être devenu le «porte-parole» des firmes de génie-conseil en 2005, afin de mieux encadrer le processus «qui n’était pas parfait».

Selon Me Morneau, il est «assez bouleversant» d’apprendre que Frank Zampino aurait rencontré Michel Lalonde et Bernard Trépanier à seulement trois reprises en trois ans pour «orchestrer un système de partage de contrats».

«Ça m’apparaît bien peu pour un stratagème de l’ampleur décrite lors du procès», a-t-il souligné.

Mais selon la thèse défendue par Zampino, Michel Lalonde se serait plutôt lui-même octroyé le rôle de «porte-parole» pour des raisons pécuniaires. En raison du système de collusion en place, sa firme de petite taille aurait ainsi pu obtenir des contrats de plus grande envergure.

L’ingénieur maintenant à la retraite, qui avait longuement témoigné lors de la commission Charbonneau, n’a jamais été accusé au criminel.

«Rien n’empêchait les firmes de se parler entre elles pour déterminer un prix à l’avance. Elles n’avaient pas besoin de l’intervention de la Ville ou de Zampino», a rappelé Me Morneau.

Système qui se poursuit

Le système de collusion se serait même poursuivi pendant un an après le départ de Frank Zampino de la mairie de Saint-Léonard, en juillet 2008.

«Si le chef d’orchestre n’est plus à la ville et que le système s’opère encore, je vois difficilement comment on peut arrimer la preuve avec la thèse selon laquelle il tirait les ficelles», a mentionné l’avocat de la défense.

Les plaidoiries des quatre autres accusés se poursuivent mardi au palais de justice de Montréal. Ce sera ensuite au tour de la Couronne d’exposer ses arguments.

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