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L'article provient de Le Journal de Montréal
Politique

François Legault va-t-il jeter l’éponge? Voici les raisons qui pourraient motiver le chef caquiste à prendre la sortie ou encore à tenter le tout pour le tout en 2026

Le premier ministre du Québec, François Legault.
Le premier ministre du Québec, François Legault. Photo d’archives, STEVENS LEBLANC
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Photo portrait de Rémi Nadeau – analyse

Rémi Nadeau – analyse

2025-05-15T04:00:00Z
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François Legault a beau répéter qu’il mènera la CAQ au rendez-vous électoral de 2026, le sondage révélant cette semaine la soif de changement des Québécois alimentera invariablement des rumeurs. Le Parti libéral du Canada vient de faire une spectaculaire démonstration de l’effet possible d’un changement de chef, qui lui a permis l’obtention d’un quatrième mandat consécutif. Mais la CAQ, construite par et pour François Legault, n’est pas le PLC. Le chef caquiste soupèse probablement ses options. Voici les raisons qui pourraient le pousser vers la sortie ou au contraire le convaincre de tenter le tout pour le tout avec le parti qu’il a fondé.

4 raisons pour partir

Les coffres sont vides

Dans le passé, François Legault a solutionné les problèmes par des dépenses. Il a conservé la faveur populaire en remettant beaucoup d’argent dans les poches des contribuables, notamment au moyen de baisses d’impôt avant les élections de 2022. Il ne peut plus compter là-dessus. Déficit de 14 milliards $, décote; aucun bonbon électoral n’est possible. L’absence de marge de manœuvre lui lie les mains. Il lui faudrait être créatif pour trouver un moyen de rendre sa candidature sexy...


Il n’a pas aimé faire campagne

On se demande sincèrement comment il peut avoir envie d’un autre marathon électoral, alors que celui de 2022 avait des allures d’une perpétuelle visite chez le dentiste. Il a beau avoir fait élire 90 députés au terme de cette campagne, chaque question sur le 3e lien Québec-Lévis ressemblait à un supplice qu’il devait subir. À maintes reprises, il avait paru sur le pilote automatique, moins à l’aise dans ses contacts avec les électeurs. Ça lui tente vraiment?

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Un entourage dégarni

Depuis son accession au pouvoir, il a perdu des proches qui étaient avec lui depuis la première heure. Dans son bureau, Pascal Mailhot et Manuel Dionne, pour ne nommer que ceux-là, qui n’ont pas été remplacés parce qu’il n’est pas du genre à facilement accorder sa confiance à des nouveaux venus. Même chose au Conseil des ministres, après la démission de son ami Pierre Fitzgibbon, le départ annoncé de Christian Dubé et celui très probable d’Eric Girard. Le noyau s’est effrité.


• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Mario Dumont, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

L’essoufflement après sept ans

Qu’il le veuille ou non, le chef caquiste souffre d’une usure du pouvoir, après une multitude de promesses phares. La transformation du réseau de la santé n’est pas complétée/n’a pas donné ses fruits. Les infrastructures sont dans un piètre état malgré une hausse d’investissements. Les maternelles 4 ans et les maisons des aînés coûtent trop cher. Le pari de Northvolt a mal viré. Le scandale SAAQclic fait mal à la confiance du public, tout comme la décote. Ce cocktail explique pourquoi 63% des Québécois souhaitent un changement de gouvernement.

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4 raisons pour rester

L’économie, il aime ça

Depuis l’élection de Donald Trump, les tarifs douaniers et les bouleversements qui ont suivi, l’économie est revenue au cœur des préoccupations des citoyens. L’ex-patron d’Air Transat sent que son expérience et son expertise sont plus que jamais des atouts dans les circonstances, où tout devient objet de négociations. Son profil de «deal maker» n’a pas toujours eu les effets escomptés jusqu’ici, mais il se projette assurément aux commandes dans le contexte économique mondial actuel.


Peu de pression pour l’instant

Après la défaite de Jean-Talon en 2023, alors qu’il a décidé sur un coup de tête de promettre à nouveau un 3e lien, des élus caquistes ont témoigné leur inquiétude et leur mécontentement. Cette grogne s’est calmée par la suite. Bien sûr, la valse-hésitation pour les travaux de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont a entraîné aussi des tensions. Mais, les élus se rangent encore derrière le chef et plusieurs vantent toujours ses connaissances en économie. Seule bonne nouvelle du sondage de cette semaine pour lui, M. Legault est vu comme le meilleur premier ministre aux yeux de 21% des répondants. Autant, donc, que les appuis au parti. Ce n’est pas lui personnellement qui tire la CAQ vers le bas en ce moment.


Pas de dauphin pour son parti

Il a créé la CAQ de toutes pièces, en unissant des fédéralistes et des indépendantistes dans une troisième voie. Si Legault n’est plus là, une autre figure pourrait-elle maintenir cette unité fragile? On en doute. Donc forcément lui aussi! Son entourage a souvent confié qu’il ne voulait pas que les Québécois se souviennent de lui comme le PM de la pandémie. Il rêvait que la filière batterie soit son legs, mais elle a pris de l’eau dans le gaz.


En pleine forme

Joueur de tennis, M. Legault soufflera bientôt 68 bougies. De nos jours, c’est comme le nouveau 58! Le caquiste faisait de sa bonne santé une condition pour solliciter à nouveau la confiance ou non, tout comme l’appui de la population. Il a abandonné depuis le deuxième élément. S’il était réélu, il terminerait un troisième mandat à 73 ans. Lorsqu’on voit l’énergie déployée au sud par Donald Trump, âgé de 78 ans, on constate que ce ne sera pas un facteur.

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