François Legault tente la reconquête de Québec. Bonne chance!


Rémi Nadeau
C’est à Québec que la CAQ a jadis pris son envol vers le pouvoir, et même si elle a déçu les espoirs depuis sept ans, François Legault a choisi de faire de la Capitale-Nationale son terrain de la reconquête. Bonne chance!
En prononçant un discours résolument tourné vers la droite mercredi en marge du remaniement, à qui le chef caquiste s’adressait-il en premier?
Martelant les thèmes de la loi et l’ordre, du «ménage» dans la bureaucratie, de l’impact de l’immigration et du coût de la vie?
Aux oreilles de plus en plus charmées par le Parti conservateur d’Éric Duhaime à Québec, en Chaudière-Appalaches et dans le Centre-du-Québec, particulièrement.
À l’approche de la campagne de 2022, alors que les caquistes craignaient aussi la montée du PCQ et une possible élection de Duhaime dans Chauveau, on se faisait un malin plaisir d’annoncer une baisse d’impôt pour tous.
Le gouvernement se targuait de laisser les Québécois libres d’utiliser cet argent supplémentaire comme bon leur semble, plutôt que d’imposer une mesure d’aide ciblée.
Le projet de constitution du Québec, entretenu par Simon Jolin-Barrette, était balayé sous le tapis.
Ce n’était pas le moment d’avoir l’air de pelleter des nuages pendant que les Québécois étaient étranglés par l’inflation.
Même si c’est le PQ qui est en pole position depuis, François Legault semble plus inquiet de la montée de la droite.
Comme si, avant la visite à l’abattoir que lui prédisent les sondages en 2026, M. Legault voulait limiter le plus possible les dégâts dans la région de Québec, qui a été son berceau.
Vrai retour au 3e lien?
Voilà pourquoi il a placé les pro-troisième lien dans les postes clés liés au projet.
Les cabinets des Transports, des Affaires municipales et de l’Environnement sont désormais occupés par le trio Julien, Drainville et Guilbault.
C’est un feu vert pour que personne ne mette de bâtons dans les roues du pont-tunnel entre Québec et Lévis.
Pourtant, ce sont les revirements sur ce projet clivant qui ont coulé la CAQ.
La promesse rompue sous un prétexte (supposée baisse d’achalandage à long terme en raison du télétravail), puis ressuscitée aussi sur une mauvaise base (défaite dans Jean-Talon).
Rupture du lien de confiance
Cette impression que François Legault ajustait ses convictions pour des raisons électoralistes a fait craquer sa crédibilité, d’abord dans la Capitale-Nationale, puis graduellement partout au Québec.
Comme une fissure qui s’étend inexorablement sur la largeur d’un pare-brise.
Dans ces circonstances, le chef caquiste confie peut-être une mission impossible à son trio.
Si plus personne ne les croit, les caquistes de la région risquent de se taper la tête contre le mur pendant les longs prochains mois.
Mais l’intention de M. Legault ne fait tellement pas de doute.
C’est à Québec qu’il a démarré une tournée d’entrevues au lendemain du remaniement.
Il n’a pas hésité à dire que le point de presse épique de Geneviève Guilbault enterrant le 3e lien «avec ses gros cartables», en 2023, était une erreur.
C’est pourtant lui, le chef, qui avait entériné la décision.
Le socle n’est plus ce qu’il était.
Même s’il a maintenu la fougueuse députée de Louis-Hébert dans son équipe après un passage difficile à la commission sur SAAQclic, la méfiance s’est installée entre les deux.
Il subsiste encore une mince possibilité que, rébarbatifs à la tenue d’un référendum, les électeurs décident de retourner à la CAQ, si elle se montre sous ses beaux jours de centre droit de 2018.
François Legault s’y accroche avec l’énergie du désespoir des négligés.
En vrac
Youri l’avait dit...
En claquant la porte du parti il y a un an, le député Youri Chassin plaidait pour que la CAQ cesse de dépenser aveuglément et d’augmenter la taille de l’État, alors qu’elle avait promis le contraire. «Je compte pousser la CAQ à réaliser l’agenda de la CAQ», avait-il affirmé. François Legault lui donne raison en promettant maintenant «un grand ménage».

Marwah la rebelle
Ça commence bien pour le tandem Marwah Rizqy-Pablo Rodriguez au PLQ. Devant les caméras, alors que le chef lui a demandé de ne pas révéler l’objectif qu’il avait fixé pour le recrutement de candidats, la députée a quand même lâché: «50% qu’on veut d’attachés au niveau de nos candidatures pour décembre».
