François Legault se compare à Rocky face à l'adversité: on assiste à la fatigue du boxeur

Rémi Nadeau – analyse
François Legault a beau balayer les critiques sur son leadership et s’inspirer de Rocky Balboa, les doutes sur ses chances de réussite dans son propre clan constituent un bruit de fond qui devient sûrement assourdissant.
Au terme du congrès national à Gatineau dimanche, le chef caquiste a lui-même fait l’analogie avec le célèbre personnage du boxeur négligé qui revient de l’arrière pour remporter la victoire.
Mais les signes d’usure après sept ans de pouvoir, marqués par des revers, des controverses et des sondages en chute vertigineuse ne trompent pas.
Depuis son accession au pouvoir, François Legault a toujours pris la parole lors du traditionnel 5 à 7 des militants de ces ralliements caquistes.
Pas cette fois-ci.
Il s’est contenté de serrer des mains.
À son arrivée au palais des congrès au début de l’événement, l’accueil était bien moins délirant qu’à l’habitude, si bien que les membres ont senti le besoin de se reprendre dimanche.
Accumulation de coups
Mais surtout, lorsqu’il s’est présenté devant les journalistes samedi pour prendre des questions, M. Legault est apparu fatigué, comme un pugiliste affaibli par l’accumulation de coups encaissés ces derniers jours.
Rappelons d’abord l’humiliation servie en plein caucus par Maité Blanchette Vézina, qu’il n’avait nullement anticipée.
Sous couvert de l’anonymat, un député soutenait récemment au Journal que la ministre déchue avait dit «tout haut ce que plusieurs pensent tout bas» en remettant en question son leadership.
La Presse citait ce week-end des présidents d’associations demandant que M. Legault cède sa place.
Des militants et des ex-candidats présents au congrès admettaient qu’ils ne sentent plus d’engouement pour le parti.
François Legault a beau chercher à puiser l’énergie du désespoir pour le dernier round, il demeure un être humain.
Et comme n’importe qui, sa carapace a ses limites.
Dans son équipe, certains comparent le rythme des dernières semaines à celui d’une campagne électorale.
Leur retour de vacances a été marqué par la volée d’Arthabaska et d’intenses préparations, tant pour le témoignage devant la commission d’enquête sur SAAQclic que le remaniement.
Ils croient encore en une possibilité de marquer des points en revenant au jeu de base de la CAQ.
La remontée du PLQ peut aussi créer des luttes à trois et à quatre dans plusieurs circonscriptions, ce qui éviterait un effet de vague plus désastreux.
Après sept ans, ce qui cloche le plus, ce n’est pas nécessairement un projet raté, un engagement non tenu.
L'effet de l'usure
Croisé à Gatineau, Jean-Marie Boilard, militant qui a assisté à la réunion de fondation de la CAQ en 2011, le résumait ainsi.
«Les gens voient que le noyau [de la CAQ] ça vieillit, ils sont fatigués, avec tout ce qu’ils ont transporté depuis la COVID. Il y a un besoin de changement pour remplacer l’équipe et considèrent que la CAQ a fait sa part», plaidait-il, bien qu'il croit personnellement que François Legault reste le meilleur leader du parti.
Même si le chef caquiste se comparait à Rocky dans son discours, il était plutôt difficile de percevoir s’il y croyait lui-même.
Et on a senti une pointe de mélancolie dans sa conclusion, lorsqu’il s’est adressé à son épouse.
«Dans plusieurs années, dans notre chaise berçante, on va se le dire. On y a cru, on s’est battu, puis on l’a fait.»
«Comme on dit dans le film de Rocky: c’est pas la force des coups qui compte. C’est la force avec laquelle tu peux encaisser les coups et continuer d’avancer. »
-Extrait du discours de François Legault