François Legault: le rebelle soumis!

Réjean Parent
Comme plusieurs le pensent, François Legault est avant tout un homme de pouvoir. Il n’a pas tardé à le démontrer dès ses débuts au Parti Québécois, alors qu’il voulait se lancer dans la course à la succession de Lucien Bouchard.
Souverainiste pressé hier, nationaliste fédéraliste aujourd’hui, qui sait ce qu’il sera demain. Comme le caméléon, il se fondra dans la couleur ambiante avec l’armée de communicateurs qui l’entoure.
Malgré le peu de réalisations de son gouvernement et une gestion déficiente de la pandémie au Québec, il conserve une popularité jamais vue.
C’est le signe d’une campagne de marketing menée rondement qui fait saliver les avides de pouvoir.
Si l’adage clame que les rats quittent le navire quand il coule, il faudra en créer un autre où l’on affirmera que les rats envahissent le bateau qui flotte au-dessus des eaux.
Éliminer la vraie concurrence
Entre du toc et l’authentique, la distinction n’est pas évidente.
Le premier ministre Legault scande sa fierté nationaliste sans que nous en soutirions quoi que ce soit à Ottawa jusqu’à présent.
Tranquillement, il nous enveloppe de la chape canadienne qui se transforme peu à peu en camisole de force pour nous faire accepter le multiculturalisme à la Trudeau père et fils.
Son seul véritable adversaire sur le terrain nationaliste s’avère le PQ, surtout en sachant que c’est le deuxième choix du plus grand nombre d’électeurs.
Ce ne sont pas les libéraux ni les conservateurs courbés devant les anglophones qui peuvent affronter avec crédibilité la CAQ en matière d’affirmation nationale.
Quant à Québec solidaire (QS), parti hérité des groupuscules de gauche des années 1970, ses ancêtres s’étaient prononcés pour le non au référendum de 1980, en arguant que l’exploitation des personnes n’était pas conséquente au Canada, mais au capitalisme mondial.
QS se fait discret sur son passé ; on ressent toutefois quelques résurgences de temps à autre. Sa position sur les lois 21 et 96 l’illustre bien.
Ce n’est pas un hasard si M. Legault veut se débarrasser des péquistes, car lorsque son mirage nationaliste s’évanouira, il ne veut pas d’un adversaire qui le supplanterait à ce chapitre.
Il semble vouloir trôner aussi longtemps que Bill Davis et Ralph Klein.
Miser sur du vrai
Pourquoi les nationalistes et encore plus les souverainistes feraient-ils du PQ leur deuxième choix lors des prochaines élections générales reconduisant du coup la CAQ au pouvoir pour n’aller nulle part ?
Le temps est compté pour la nation québécoise afin d’assurer son existence autrement que dans un état folklorique.
Au-delà des apparences caquistes, le nationalisme péquiste est plus convaincant.
En prime, Paul St-Pierre Plamondon se révèle plus préoccupé du sort de l’ensemble des Québécois, alors que le premier ministre Legault se montre très soucieux de ses amis de la communauté des affaires.
Il serait plus prudent d’éviter les détours et de transformer son deuxième choix en premier choix, si on veut un Québec libre de son développement, français et laïque.