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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

François Legault forcé d’embarquer dans le projet canadien

Photo d’archives, STEVENS LEBLANC
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Photo portrait de Emmanuelle Latraverse

Emmanuelle Latraverse

2025-05-31T04:00:00Z
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Il est possible que dans 10 ans on se dise que c’est ce matin du 2 juin 2025 à Saskatoon que le Canada moderne s’est construit.

C’est du moins l’ambition du premier ministre Mark Carney.

Dans les faits, ce sommet avec les provinces marquera le vrai début de son mandat, la consécration de ses grandes ambitions.

Tous les premiers ministres provinciaux sont excités. Tous y voient un levier pour accomplir de grandes choses.

Or, pour le premier ministre du nationalisme caquiste, Mark Carney le place devant un certain dilemme.

Car François Legault ne pourra plus seulement exiger des gains. Il devra faire des compromis.

Transactionnel

On dit souvent que le président Trump est transactionnel. De toute évidence, François Legault est en voie de le devenir.

Finie l’époque des demandes à sens unique comme la déclaration d’impôts unique (on l’a oubliée celle-là), ou les demandes concernant la baisse du nombre d’immigrants temporaires. Mark Carney vient de forcer François Legault à entrer dans une négociation, une vraie, avec des gains, mais aussi des compromis. Le genre de vrai compromis qui prend parfois la forme de couleuvre à avaler.

Bienvenue dans le monde de la realpolitik!

Liste d’épicerie

En prévision de la rencontre de lundi, Mark Carney a demandé à chaque province de lui présenter une liste de cinq projets d’envergure nationale. On ne parle pas ici de troisième lien. On parle plutôt de projets tellement structurants pour l’ensemble de l’économie canadienne que chacun devra y embarquer et mettre de l’eau dans son vin.

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Le Manitoba veut devenir le «Costco des minéraux critiques» avec un port qui opère à longueur d’année dans la baie d’Hudson à partir de Churchill.

Doug Ford a déjà sa liste pour l’Ontario: développer le Cercle de feu de minéraux critiques dans le nord de la province, l’expansion de la production d’énergie nucléaire, un port en eau profonde sur la baie James et j’en passe.

Jusqu’ici, François Legault s’est montré discret, ne mettant de l’avant qu’un seul projet lors de la période des questions jeudi.

«Moi, je vous le dis déjà, mon projet, c’est que le fédéral finance la ligne de transport d’électricité entre Terre-Neuve et le Québec.»

On parle ici de cette ligne nécessaire pour acheminer l’énergie entre l’éventuelle centrale de Gull Island au Labrador et La Romaine, en vue d’intégrer le réseau d’Hydro-Québec au coût de 2 à 3 G$.

Une ligne de transport contre un pipeline ou gazoduc? Tout le monde sait que ce ne sera pas si simple.

Quel pays?

Pour tous les autres premiers ministres, ce sera compliqué, mais le Canada l’emportera toujours.

«Tout le monde embarque», expliquait Doug Ford récemment. Son analyse est sans équivoque: «Nous aurons une bonne conversation avec le premier ministre Legault. Je sais qu’il a certaines préoccupations, mais si on ne monte pas dans le train – et que le reste des provinces et territoires vont de l’avant — alors ils vont rater le train.»

Là est tout le défi pour François Legault. Comment embarquer dans le train canadien de Mark Carney, sans perdre pied sur le train du nationalisme québécois?

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