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L'article provient de Le Journal de Montréal
Politique

François Legault face au retour possible du duel PQ-PLQ

Photo DIDIER DEBUSSCHÈRE
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Photo portrait de Josée Legault

Josée Legault

2025-06-11T04:00:00Z
2025-06-11T04:05:00Z
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Mardi, j’abordais en chronique quelques indices classiques de fin de régime, dont des premiers ministres qui, malgré leur impopularité, se disent «courageux» tout en blâmant les médias pour leurs mauvais sondages.

François Legault ne fait pas exception. Dans ce climat ambiant de fin de parcours, un autre signe ne ment pas, et celui-là lui est unique.

Il s’agit de sa tentative de se positionner comme l’adversaire fédéraliste principal du chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon.

Rappelons que le Parti Québécois niche au premier rang des intentions de vote depuis presque deux ans pendant que la CAQ vivote en troisième position.

Si M. Legault, un des souverainistes les plus impatients lorsqu’il était au PQ, sort maintenant son unifolié avec fierté, c’est en partie parce qu’il commence à manquer de remède miracle pour remonter la pente.

C’est aussi parce que le 14 juin, le Parti libéral du Québec se donnera enfin un nouveau chef permanent.

Devant la débâcle de la CAQ et l’avance du PQ, l’espoir des libéraux est que leur nouveau chef réussira à les sortir du 36e dessous dans lequel ils croupissent au sein d’un électorat francophone qui les a désertés.

Revenir au bercail

Pour tenter de le faire, ils comptent beaucoup sur la promesse du chef péquiste de tenir un référendum s’il remporte les élections du 5 octobre 2026. Comme je l’écrivais ici le 16 mai, ils rêvent surtout au retour en force du «grand duel» PQ-PLQ.

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Le pari des libéraux est que dans un contexte redevenu polarisé autour de la question nationale, leur nouveau chef pourrait convaincre les électeurs francophones fédéralistes partis à la CAQ de revenir enfin au bercail.

Pour François Legault, dont la base électorale souverainiste est déjà repartie au PQ, s’il devait perdre en plus ses électeurs fédéralistes, ce serait catastrophique pour son parti.

La CAQ risquerait alors de finir en note de bas de page de l’Histoire.

D’où la stratégie de M. Legault de s’en prendre durement au PQ pour son engagement à tenir un référendum en pleine guerre commerciale avec la Maison-Blanche.

Les vrais de vrais

Étonnamment, le premier ministre se fait ainsi l’écho de l’ensemble des chefs passés du PLQ, et sans nul doute du prochain, en présentant le «mot en r» comme un véritable danger à l’économie québécoise.

Bref, tout en continuant à tenter de surpasser le PQ sur le terrain nationaliste dit identitaire, M. Legault verse en plus dans la surenchère de la peur d’un référendum de crainte qu’un nouveau chef libéral ne le fasse mieux que lui.

En plus de son impopularité et de celle de son gouvernement, son pire handicap risque toutefois d’en être un de crédibilité.

Non pas à cause de son passé d’ex-souverainiste pressé, mais parce que dans le département de l’unité nationale et du discours anti-référendaire, les plus expérimentés, les vrais de vrais, les durs de durs, sont les libéraux.

De fait, tout retour du duel souverainiste-fédéraliste laisserait peu d’espace à une CAQ qui, en plus d’être affaiblie, fut fondée expressément par François Legault en 2011, doit-on le rappeler, pour sortir le Québec du même soi-disant «vieux débat»...

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