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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

François Legault: du 7e ciel au 36e dessous...

Ben Pelosse / JdeM
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Photo portrait de Josée Legault

Josée Legault

2025-07-04T04:00:00Z
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Un désamour évident entre les Québécois, leur gouvernement et leur premier ministre François Legault s’est installé à demeure.

Depuis presque deux ans, le Parti Québécois de Paul St-Pierre Plamondon devance la CAQ dans les sondages. Sous son nouveau chef Pablo Rodriguez, le Parti libéral du Québec remonte aussi la pente.

Selon les firmes Léger et Pallas Data, avec 17% à peine des intentions de vote, la CAQ dégringole même au 3e rang avec la moitié des électeurs disant souhaiter la démission de M. Legault.

Le retour possible du duel PQ-PLQ laisse la CAQ assise entre deux chaises sur la question nationale, d’autant plus dépourvue.

Résultat: de sa première victoire éclatante en 2018 à aujourd’hui, en termes de popularité, le premier ministre est passé du 7e ciel au 36e dessous.

Décidé à tenter le tout pour le tout, le premier ministre sort un dernier lapin de son chapeau. Faisant du même coup diversion des appels à son départ, il annonce un remaniement ministériel majeur pour l’automne.

Pour les premiers ministres en fin de régime, c’est un classique. Cette stratégie n’a cependant jamais suffi à ressusciter un gouvernement moribond.

Qu’à cela ne tienne, M. Legault se dit «très conscient qu’il y a des Québécois qui sont déçus de certains dossiers à la CAQ». Le taux d’insatisfaction des électeurs atteignant les 65%, l’euphémisme est spectaculaire.

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Pari risqué

Les dossiers «décevants» ne manquent certes pas à l’appel. Promesses erratiques sur le troisième lien. Réformes ratées en santé. Infrastructures en décrépitude. Compressions dans les écoles publiques. Crises endémiques du logement et de l’itinérance. Scandale SAAQclic. Déficit historique. Échec de Northvolt. Etc.

Bref, après sept ans au pouvoir sous deux mandats majoritaires, le vieux truc de blâmer le gouvernement précédent ne passe plus la rampe. D’où le pari fort risqué d’un remaniement ministériel majeur.

Primo, changer plusieurs ministres de postes à un an seulement des élections les placera face à des missions de redressement impossibles à mener dans un délai aussi court, minées en plus par des finances publiques dans le rouge et des dossiers terriblement complexes et mal ficelés.

Mauvais jeu de chaises musicales

Deuzio, à moins d’un revirement miraculeux dans la manière caquiste de gouverner, un remaniement fait in extremis risque de faire plutôt penser à un mauvais jeu de chaises musicales sur le pont du Titanic.

Voyant la renaissance surprise du PLC au fédéral, certains objecteront toutefois qu’en politique, tout est possible. Parfois, oui. Ce genre de retournement-choc est cependant rarissime.

Rappelons que, sans les menaces de Donald Trump et l’arrivée de l’extérieur d’un Mark Carney comme successeur parfait de Justin Trudeau dans ces circonstances uniques, le PLC, après dix ans au pouvoir, se dirigeait tout droit vers l’abattoir.

Or, François Legault et la CAQ ne peuvent pas compter sur un contexte politique aussi atypique.

C’est pourquoi, que le premier ministre reste ou non jusqu’au scrutin du 5 octobre 2026 – il est néanmoins fort probable qu’il partira avant -, ne changerait probablement pas grand-chose au sort de la CAQ.

Idem, jusqu’à preuve du contraire, pour un remaniement ministériel élargi. Comme on disait jadis, quand la messe est dite...

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