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L'article provient de TVA Nouvelles

François Legault condamné à boire le calice jusqu’à la lie

Photo d’archives, STEVENS LEBLANC
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Photo portrait de Antoine Robitaille

Antoine Robitaille

2025-07-05T04:00:00Z
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François Legault répète qu’il se représentera en 2026. Je commence à le croire. Même si pour l’instant, les sondages lui prédisent, à lui et à sa CAQ, une raclée à la Kim Campbell, voire pire.

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Jusqu’à récemment, j’avais peine à imaginer un tel scénario. En 2022, à la fin de la campagne, j’ai ​rejoint la caravane du chef caquiste. Même s’il voguait vers une victoire assurée, il était acariâtre. Chaque point de presse lui semblait atroce. Il avait d’ailleurs annulé le traditionnel souper de veille d’élections avec les journalistes de la caravane. Pourtant, «un politicien qui se plaint des médias, c’est comme un poisson qui se plaindrait de l’eau», a déjà illustré Jean Charest.

Signe supplémentaire de son ras-le-bol, dans une entrevue au Journal, il avait posé des conditions pour être de nouveau candidat en 2026: a) que sa santé le lui permette b) que les Québécois veuillent encore de lui.

Propos malhabiles qu’il désavoua rapidement au lendemain de sa réélection. On comprend pourquoi! En rendant sa candidature conditionnelle, il s’auto-canard-boiteux-isait (permettez le néologisme?). Quelle crédibilité aurait un premier ministre dont tout le monde sait qu’il est sur son départ? Sans compter qu’il aurait ainsi stimulé une course à la chefferie larvée entre ses ministres les plus ambitieux.

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Désertion

De novembre 2022 à la défaite caquiste dans Jean-Talon d’octobre 2023, François Legault se disait sans doute, en son for intérieur, qu’un départ restait envisageable avant 2026.

Mais les événements et les défis locaux et mondiaux se sont succédé. Il y a eu les deux virages à 180 degrés sur le 3e lien. La dégradation des finances publiques. L’impression que le Québec craque de partout et ces grandes annonces économiques (Northvolt, Lion Électrique, etc.) qui ont viré au cauchemar.

Partir maintenant donnerait l’impression d’une désertion. L’abandon lâche d’un navire en train de couler. Celui que François Legault, précisément, a tant travaillé à bâtir. Avec lequel il a fait l’histoire en supplantant les grands partis. Pour la postérité de cette œuvre, il doit rester et tout tenter pour éviter un naufrage total, pour sauver les meubles (car les miracles du type Carney-PLC sont rares). D’où l’annonce anticipée d’un remaniement ministériel automnal. Autre manière de dire: «Je serai là! Et avec du nouveau en plus.»

D’où, ensuite, cette annonce en grande pompe, vendredi à Sept-Îles, d’une entente avec l’aluminerie Alouette jusqu’en 2045 (à quel coût pour Hydro? Gageons que le prix de l’électricité pour Alouette doit être imbattable...). Sorte de doigt d’honneur au «monsieur aux États-Unis» qui a imposé des droits de douane prohibitifs sur «notre» aluminium. Une manière, en même temps, de souligner qu’après Rio Tinto en mai, et malgré la crise, la deuxième plus grosse aluminerie au monde s’attache au Québec jusqu’en 2045. François Legault espère que ça fera oublier au moins en partie les Northvolt et cie.

Chose certaine, il a l’air d’un politicien déterminé à se battre, quitte à boire le calice jusqu’à la lie.

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