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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

François Legault cherche (encore) sa boussole

Photo Marc-André Gagnon
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Photo portrait de Josée Legault

Josée Legault

2025-08-14T19:30:00Z
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Pour le dire franchement, il y a quelque chose de malaisant à voir aller l’opération «grande écoute» lancée devant les caméras par François Legault auprès de ses ministres et de ses députés.

Malaisant tout d’abord parce que l’opération, publicisée dans la foulée de la défaite brutale de la CAQ dans Arthabaska, mais préparée à l’avance, est une mise en scène aussi peu subtile qu’un troupeau de cônes orange à Montréal.

Idem pour son objectif: tenter de convaincre les Québécois que leur premier ministre serait enfin prêt à écouter leurs doléances contre lui et son gouvernement... et à agir vite pour corriger le tir.

C’est malaisant à voir aussi parce que ces mêmes doléances sont déjà détaillées par une kyrielle de sondages dévastateurs pour la CAQ.

Pas de secret d’État ici. Ce qui cloche est archiconnu.

Notamment la détérioration des services publics, particulièrement en santé. Les crises du logement et de l’itinérance. Le scandale SAAQclic. Le mauvais vaudeville du 3e lien. Un déficit historique. Des infrastructures en ruines. Etc.

Malaisant parce que la dégringolade de la CAQ, enclenchée en fait dès 2023, aurait commandé bien avant un redressement majeur de ses politiques et un remaniement ministériel sérieux.

Malaisant parce que le soir du 2 octobre 2023, devant la défaite caquiste dans Jean-Talon aux mains du PQ, M. Legault avait fait le même acte de contrition et la même promesse de changer pour regagner la confiance perdue. Le tout sans résultats concrets.

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Opération forcée

Malaisant aussi parce que M. Legault dit vouloir «réaligner» l’action gouvernementale à un an seulement des prochaines élections. Ce qui, dans un gouvernement usé et une fonction publique plongée dans l’incertitude, laissera très peu de temps aux ministres mutés ou nouveaux pour insuffler ne serait-ce qu’un minimum de renouveau positif.

Malaisant, enfin, parce que cette opération «grande écoute», forcée par la probabilité d’une défaite électorale, montre un premier ministre en quête d’une «vision» politique malgré qu’il soit au pouvoir depuis sept ans.

S’il sonde in extremis les cœurs et les reins de ses députés et de ses ministres, force serait alors de conclure que cette vision, il ne semble plus l’avoir lui-même.

Ce sont là tous des indices d’une fin de régime lourde à porter pour des élus inquiets de leur avenir et des électeurs pressés de tourner la page.

Question délicate

C’est pourquoi à moins, bien sûr, d’un revirement stupéfiant de tendances d’ici les élections d’octobre 2026, la question délicate du leadership de François Legault se posera.

Elle se posera même s’il jure vouloir solliciter un troisième mandat. La raison en est toute simple.

Lorsqu’un premier ministre donne l’impression de ne plus pouvoir définir lui-même ce que ses ministres doivent faire pour donner aux Québécois les services auxquels ils ont droit et colmater les crises sociales qui s’accumulent sous sa gouverne, la question se pose inévitablement.

À force de voir leur premier ministre, depuis deux ans déjà, se chercher une «boussole» politique, pour reprendre sa propre expression, difficile de demander un nouvel acte de foi aux électeurs.

Cette fameuse boussole, la trouvera-t-il? Une seule chose est sûre: le temps court. D’autant plus que du même coup, le Parti Québécois de Paul St-Pierre Plamondon prend peu à peu des airs de gouvernement en attente.

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