France: procès pour soupçon de chantage de la reine de la presse «people»

AFP
Le procès de Mimi Marchand, papesse de la presse «people» en France et gardienne de l'image du président Macron, pour soupçon de chantage envers une animatrice de télévision, s'est ouvert lundi à Paris avec un coup d'éclat de l'artiste russe Piotr Pavlenski, aussitôt expulsé de la salle d'audience.
Michèle dite «Mimi» Marchand, 78 ans, était une femme de l'ombre avant ses péripéties judiciaires liées aux soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle de l'ancien président français Nicolas Sarkozy en 2007. Elle est accusée dans le dossier sur la rétractation, possiblement monnayée, de l'intermédiaire Ziad Takieddine concernant ses accusations contre Nicolas Sarkozy.
Jusqu'au 2 juin, cette communicante de l'ombre pour des vedettes comme des politiques est jugée pour extorsion, accusée d'avoir fait chanter une vedette de la télé française.
L'artiste russe Piotr Pavlenksi, concerné par un autre volet du dossier, était arrivé devant la salle d'audience en short noir et claquettes en plastique, bracelet électronique bien apparent à la cheville. Il a été condamné à plusieurs reprises, pour violences notamment.

Alors que la présidente venait de déclarer l'audience ouverte, il s'est levé, au milieu du public.
«Mimi Marchand doit être complètement relaxée il n'y a pas de préjudice, pas d'infraction dans cette affaire qui concerne du porno politique», a-t-il lancé pendant que le tribunal ainsi que plusieurs policiers lui ordonnaient de se taire.
Ils ont fini par l'attraper par les bras et le traîner hors de la salle. À l'extérieur de la salle, des journalistes de l'AFP l'ont vu être plaqué au sol par quatre policiers, puis embarqué.
Une scène qui ressemble étrangement à celle qui lui vaut d'être venu ici: des policiers sont jugés notamment pour violation du secret professionnel pour avoir donné «l'info» de la présence du «Russe» à Paris au célèbre paparazzi Sébastien Valiela. Cela avait permis à ce dernier de photographier son arrestation en pleine rue en 2020. Les photos avaient été vendues 15 000 euros (23 450 dollars environ) à Paris Match via Mimi Marchand et son agence Bestimage, et s'étaient retrouvées en Une du magazine.
Dans ce volet, contrairement à ce que semble penser Piotr Pavlenski, Mimi Marchand avait finalement bénéficié d'un non-lieu.
L'artiste et activiste de 41 ans est connu pour des performances extrêmes en Russie et est réfugié en France depuis 2017.
Interpellation coordonnée
Piotr Pavlenski avait été condamné à six mois de prison aménagés sous bracelet électronique dans cette affaire et n'avait pas fait appel, expliquant que son «oeuvre d'art "Pornopolitique" se terminait avec la condamnation du juge» - pas tout à fait visiblement, vu la séquence du jour.
Il a ensuite été condamné à une peine d'un an de prison aménagée pour des violences en 2024, celle qui lui vaut a priori son actuel bracelet à la cheville.
Dans le volet Paris Match, Piotr Pavlenski n'avait pas souhaité porter plainte pour la diffusion des images de lui menotté - pourtant interdites en France -, se disant «content» que «Mimi Marchand ait organisé et coordonné les journalistes et policiers» pour filmer son interpellation.
La journée de lundi est uniquement consacrée à ce volet, dans lequel le paparazzo est jugé aux côtés des policiers, lui pour recel de violation du secret professionnel.
Mardi, le tribunal se penchera sur les faits d'extorsion reprochés à Michèle Marchand. Veste noire, courts cheveux cendrés, la redoutée papesse de la presse people, 78 ans, a quitté la salle en début d'après-midi, après y avoir été autorisée par la présidente. Karine Le Marchand, en blazer bleu marine, a fait de même un peu plus tard.

En février 2020, l'animatrice de «L'amour est dans le pré» avait été avertie par Mimi Marchand, communicante de l'ombre pour des vedettes et des politiques, que des photos de sa fille mineure sortant d’un interrogatoire de police avaient été prises par un «jeune» photographe.

La papesse de la presse people avait assuré avoir «bloqué» les photos en payant 3000 euros, remboursés en partie par Karine Le Marchand. Les photos venaient en fait du paparazzo Sébastien Valiela et avaient été réclamées selon ce dernier par Mimi Marchand, qui s'était ainsi procuré un «moyen de contrainte», selon les juges d'instruction.