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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

France: Macron appelle à «ne rien céder» à l’antisémitisme «toujours vivace»

80e anniversaire de la rafle du Vel d’Hiv

Le président français Emmanuel Macron s'entretient avec le commissaire de l'exposition Mémorial de la Shoah Jacques Fredj lors de l'inauguration du centre de mémoire de la gare de Pithiviers après sa réhabilitation en tant que nouveau site de mémoire de la Shoah, à Pithiviers le 17 juillet 2022, dans le cadre des cérémonies commémorant le 80e anniversaire de la rafle du Vel d'Hiv. - Le Mémorial français de la Shoah inaugure le 17 juillet 2022 un nouveau lieu de mémoire dans l'ancienne gare de Pithiviers, dans le centre de la France, d'où huit convois sont partis pour le camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau pendant la Seconde Guerre mondiale.
Le président français Emmanuel Macron s'entretient avec le commissaire de l'exposition Mémorial de la Shoah Jacques Fredj lors de l'inauguration du centre de mémoire de la gare de Pithiviers après sa réhabilitation en tant que nouveau site de mémoire de la Shoah, à Pithiviers le 17 juillet 2022, dans le cadre des cérémonies commémorant le 80e anniversaire de la rafle du Vel d'Hiv. - Le Mémorial français de la Shoah inaugure le 17 juillet 2022 un nouveau lieu de mémoire dans l'ancienne gare de Pithiviers, dans le centre de la France, d'où huit convois sont partis pour le camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau pendant la Seconde Guerre mondiale. AFP
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2022-07-17T18:17:51Z
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Le président français, Emmanuel Macron, a exhorté dimanche à «redoubler de vigilance» face à l’antisémitisme «toujours vivace», dans le cadre du 80e anniversaire de la rafle du Vel d’Hiv, lors de laquelle furent déportés des milliers de Juifs par le gouvernement de Vichy.  

«Il y a huit décennies, la France de Vichy [qui collaborait avec l’occupant nazi, NDLR] trahissait ses enfants en livrant des milliers d’entre eux à leurs bourreaux. C’est le devoir de la France, pour être fidèle à elle-même, de le reconnaître et de ne rien céder à ce combat contemporain contre l’antisémitisme», a déclaré M. Macron, en se rendant sur un nouveau lieu de mémoire de la Shoah avec quatre ministres.

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Il a appelé «les forces républicaines de notre pays» à «redoubler de vigilance».

Le 16 juillet 1942 et les jours suivants, 13 000 Juifs, dont 4115 enfants, avaient été arrêtés à Paris et dans sa banlieue par 9000 fonctionnaires français, à la demande des Allemands. 

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8160 d’entre eux, y compris les vieillards et les malades, avaient d’abord été conduits au stade du Vélodrome d’Hiver, connu sous le nom de Vel d’Hiv, dans le XVe arrondissement de Paris.

Le discours d’Emmanuel Macron s’inscrit dans la droite ligne de celui prononcé en 1995 par le président Jacques Chirac, qui avait marqué les esprits en reconnaissant – le premier après 50 ans de silence des autorités françaises – la pleine responsabilité de la France dans la rafle du Vel d’Hiv, à laquelle aucun soldat allemand n’avait participé. 

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«Ces heures noires souillent à jamais notre histoire. La France, ce jour-là, accomplissait l’irréparable», avait déclaré M. Chirac.

En juillet 2012, le président François Hollande avait été plus loin: «Ce crime fut commis en France, par la France», avait-il dit. 

M. Macron a inauguré dimanche un musée dans l’ancienne gare de Pithiviers (centre), d’où étaient partis 8100 Juifs, dont 4400 enfants, pour le camp de concentration et d’extermination d’Auschwitz-Birkenau. Seulement quelques dizaines d’entre eux en sont revenus.

«N’en déplaise à certains, cette gare témoigne de l’antisémitisme profond et inhumain de l’État français», qui «a mis à disposition des Allemands sa police, sa gendarmerie, ses trains...», a souligné Éric de Rotschild, le président du Mémorial de la Shoah, responsable du site.

«Révisionnisme» 

Aujourd’hui, l’antisémitisme «peut prendre d’autres visages, se draper dans d’autres mots, d’autres caricatures», a estimé Emmanuel Macron. «Mais l’odieux antisémitisme est là, il rôde, toujours vivace», a-t-il poursuivi, évoquant tour à tour la «barbarie terroriste», les «assassinats et crimes», les résurgences sur «les réseaux sociaux» ou les «profanations de tombes».

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«Il s’immisce dans les débats sur les plateaux de télévision. Il joue de la complaisance de certaines forces politiques. Il prospère aussi autour d’une nouvelle forme de révisionnisme historique, voire de négationnisme», a-t-il insisté, faisant allusion, sans le nommer, au candidat d’extrême droite à la dernière élection présidentielle Eric Zemmour, lequel avait notamment soutenu que le maréchal Pétain, chef du régime de Vichy, avait «sauvé» des Juifs français durant la Seconde Guerre mondiale.

«C’est une falsification de l’histoire», a répondu le chef de l’État. «Ceux qui s’adonnent à ces mensonges ont pour projet de détruire la République et l’unité de la nation», a-t-il fustigé.

Il s’exprimait devant un parterre de personnalités de la communauté juive et d’élus, dont deux nouveaux députés de Rassemblement National (extrême droite). L’un d’entre eux, Thomas Ménagé, a estimé que «la question de la responsabilité en tant que telle de l’État» dans la rafle du Vel d’Hiv n’était pas «remise en cause», même si la cheffe de son parti, Marine Le Pen, avait tenu des propos inverses en 2017.

Il est important d’enseigner cette période de l’histoire «pour que les jeunes la connaissent et aient l’esprit critique», a souligné Serge Klarsfeld, le président de l’association Fils et filles de déportés juifs de France.

Alors que le nombre de témoins de la Shoah encore vivants se réduit inexorablement, la priorité du musée de la gare de Pithiviers est d’accueillir les scolaires en leur montrant des films et des images, notamment des portraits des victimes.

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