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L'article provient de Le Journal de Montréal
Politique

France-Élaine Duranceau habite dans sa bulle

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Photo portrait de Philippe Léger

Philippe Léger

2023-06-16T04:00:00Z
2023-06-16T10:50:00Z
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France-Élaine Duranceau, ministre responsable de l’Habitation, estime qu’elle ne faisait qu’une description juridique et économique lorsqu’elle a affirmé que les locataires voulant continuer de céder leur bail «devaient investir en immobilier et prendre les risques qui vont avec».

On pourrait y ajouter un concept politique et sociologique à l’analyse de la ministre.

Ce concept, ça s’appelle du mépris de classe. Si vous êtes locataires, ça ne tient qu’à vous, dit-elle. Si tu veux, tu peux. Prolétaires de tout le Québec, prenez le risque, investissez en immobilier!

On peut «euphémise» en parlant de «déconnexion» entre le gouvernement et la réalité des locataires.

Amende honorable, elle s’est «excusée si ça a paru insensible».

Mais s’excuser avec un «si», ça vaut quoi? Plus l’impression que la ministre s’excusait de la réaction politique causée. Pardonnez-moi si ça vous fâche, ça sonne un peu moins vrai.

L’équilibriste en déséquilibre

À la racine, c’est le dépôt du premier projet de loi de la ministre, qui a provoqué ce cafouillage.

Pourtant, le problème, ce n’est pas le projet de loi précisément.

C’est la posture de la ministre qui pose problème : celle de l’équilibriste entre les locataires et les propriétaires.

Elle en donne, donc, aux locataires pour les évictions et un peu aux propriétaires pour limiter le «magasinage» de baux.

Or, la ministre-équilibriste fait face à un marché qui, lui, est en déséquilibre.

Un exemple parmi d’autres? À Gatineau, selon la mairesse, c’est maintenant plus de 1700 $ par mois pour un logement «une chambre» et 2000 $ pour un «deux chambres». La suite, on la connaît: coupure dans d’autres dépenses, appauvrissement des gens déjà à faible revenu, banques alimentaires, itinérance...

En ne visant que des détails, elle ne fait que reconduire ce déséquilibre.

Angle mort caquiste

Tout imputer à la ministre serait injuste, évidemment.

Elle est en poste depuis 8 mois, le gouvernement caquiste est là depuis 57 mois.

Et on est encore à l’étape du «plan d’action» à venir sous peu.

La ministre, tout comme son gouvernement, est dans sa bulle en habitation.

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