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L'article provient de Le Journal de Montréal
Société

France: des recommandations choc pour limiter l’usage des écrans chez les jeunes

Pas d’écran avant 3 ans, pas de réseaux sociaux avant 15 ans, recommande une commission mise sur pied par le président Macron

Photo ADOBE STOCK
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Photo portrait de Daphnée  Dion-Viens

Daphnée Dion-Viens

2024-05-04T04:00:00Z
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Pas d’écran avant 3 ans, pas de cellulaire connecté à internet avant 13 ans et pas de réseaux sociaux avant 15 ans: en France, une commission composée d’experts prône un grand resserrement des règles entourant l’usage des écrans chez les jeunes dans une série de recommandations présentées cette semaine au président Emmanuel Macron, qui s’est donné un mois pour élaborer un plan d’action. Voici un survol du contenu de leur rapport, alors que la place des écrans chez les jeunes suscite de plus en plus de préoccupations ici comme ailleurs.

Effets néfastes des écrans: le temps de passer à l’action

Un «consensus scientifique net» se dégage sur «les conséquences néfastes des écrans» sur plusieurs aspects de la santé des enfants et des adolescents, notamment sur le sommeil, la sédentarité et la vision, tranchent les experts. Concernant les risques de compromettre d’autres aspects du développement des enfants, le «principe de précaution» doit primer, affirme l’un des auteurs du rapport, Grégoire Borst, en entrevue avec Le Journal. La commission a été «bouleversée» par «les stratégies de captation de l’attention» utilisées pour «enfermer les enfants sur leurs écrans» et «alarmée» par certaines représentations, de la femme notamment, que le numérique «hyper amplifie», lit-on dans le rapport.

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Des «repères» pour les parents

Pour mieux encadrer l’usage des écrans chez les jeunes, les experts français proposent des «repères» clairs pour les parents, qui représentent une «progression» en fonction de l’âge des enfants (voir plus bas). Il s’agit de recommandations puisqu’une interdiction serait, bien sûr, «inapplicable», indique M. Borst. «C’est important pour les parents d’avoir des balises claires», qui sont basées sur les besoins de l’enfant selon les différentes étapes de son développement, affirme celui qui insiste par ailleurs sur la réduction du temps d’écran des parents, en particulier en présence de leurs jeunes enfants.

  • Écoutez l'entrevue avec Réjean Bergeron, philosophe et auteur, à l'émission de Mathieu Bock-Côté via QUB :


L’école doit apporter sa contribution

Les écrans devraient aussi être bannis des garderies et des classes de maternelle, où les éducatrices et enseignantes ne devraient pas non plus utiliser leur appareil personnel en présence des enfants, ajoute la commission. Les élèves ne devraient pas non plus avoir accès à un ordinateur ou à une tablette à temps plein en classe (un appareil par élève) avant le secondaire. Par ailleurs, la loi française qui interdit depuis 2018 les cellulaires à l’école en tout temps, y compris le midi et pendant les pauses, devrait être renforcée. Les experts recommandent aussi de bloquer l’accès aux réseaux sociaux sur le wi-fi de l’école, du moins jusqu’au lycée (que les élèves français fréquentent à partir de l’âge de 15 ans).

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L’usage des écrans dans le carnet de santé de l’enfant

La commission recommande par ailleurs que le nombre d’heures passées devant un écran devienne un indicateur de santé à prendre en compte lors des suivis médicaux des tout-petits. «Un peu comme avec la courbe du poids et de la taille, les parents pourraient ainsi se rendre compte plus facilement de l’évolution du temps d’écran de leur enfant», indique Grégoire Borst. De cette façon, les médecins et autres professionnels de la santé pourraient être en mesure de mieux accompagner les familles dans la gestion des écrans à la maison, ajoute-t-il.


Réglementer les réseaux sociaux

Il s’agit d’un défi de taille auquel il faut absolument s’attaquer de façon concertée, affirme la commission. «La responsabilité, elle est d'abord du côté des plateformes, ajoute M. Borst. C'est à eux de faire de la régulation des contenus, c’est à eux de vérifier l'âge des utilisateurs et c’est à eux de mettre en place toutes les mesures de protection des mineurs s'ils veulent pouvoir les rejoindre». Les procédés «addictogènes» utilisés par des réseaux sociaux devraient aussi être interdits, selon les experts qui estiment que l’Europe peut exercer une forte pression sur les réseaux sociaux, considérant le marché important qu’elle représente.

Des balises pour les parents en France: des recommandations par âge

Moins de 3 ans: zéro écran

Il est recommandé de ne pas exposer les enfants aux écrans avant l’âge de trois ans, pour ne pas nuire à des étapes importantes de leur développement.

Entre 3 et 6 ans: écran déconseillé

L’usage des écrans est déconseillé ou doit être fortement limité, avec des contenus éducatifs et accompagnés d’un adulte.

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Entre 6 et 11 ans: usage modéré des écrans, pas de cellulaire

Les activités des enfants doivent demeurer variées, pour contribuer à leur développement.

À partir de 11 ans: cellulaire sans internet

Si les enfants ont besoin d’un téléphone pour communiquer avec leurs parents, il est recommandé que l’appareil ne puisse pas être utilisé pour se connecter à internet.

À partir de 13 ans: cellulaire avec internet mais sans réseaux sociaux

Les jeunes peuvent avoir un cellulaire connecté, mais sans accès aux réseaux sociaux ou à du contenu illégal.

À partir de 15 ans: cellulaire avec accès limité aux réseaux sociaux

À partir de cet âge, l’accès aux réseaux sociaux devrait être limité à ceux qui sont munis de principes éthiques, c’est-à-dire ceux qui ne présentent pas de procédés addictifs.

Et au Québec, quelles sont les balises pour l’usage des écrans?*

  • Moins de 2 ans: aucun temps d’écran n’est recommandé.
  • De 2 à 5 ans: moins d’une heure par jour.
  • De 6 à 12 ans: maximum de deux heures par jour.
  • De 13 à 19 ans: aucune durée précise, peut varier selon le type de contenu.

*Ces recommandations sont spécifiques au temps d’écran de loisir.

Sources: les recommandations françaises sont tirées du rapport Enfants et écrans: à la recherche du temps perdu, rédigé par la commission nommée par le président français, Emmanuel Macron. Les recommandations québécoises sont tirées du site internet du gouvernement du Québec.

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