Publicité
L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Violences urbaines en France: plus de 1300 arrestations dans la nuit de vendredi à samedi

Partager

Agence France-Presse

2023-07-01T06:49:57Z
Partager

Un total de 1311 personnes ont été interpellées dans la nuit de vendredi à samedi en France lors de la quatrième nuit de violences consécutives à la mort de Nahel, tué mardi par un policier, a indiqué le ministère de l'Intérieur. 

• À lire aussi: Nahel tué par un policier: cinq choses à savoir sur les violences urbaines en France

• À lire aussi: France: blindés légers et unités d’élite et 45 000 hommes mobilisés pour tenter d’endiguer les émeutes

• À lire aussi: Au cœur de Paris, les commerçants inquiets après une nuit d'émeutes 

Selon le ministère, 752 personnes ont été interpellées en zone police, 406 à Paris et en proche banlieue et 153 en zone gendarmerie.

Saisi par une vidéo amateur venue contredire le récit initial livré par les policiers, le tir à bout portant d'un motard de la police et la mort, mardi à Nanterre, de Nahel M., 17 ans, dont les obsèques sont prévues samedi, a continué d'embraser de nombreux quartiers populaires du pays dans la nuit de vendredi à samedi.

Un très important dispositif, pas moins de 45 000 policiers, a permis de contenir les violences pour cette quatrième nuit d'émeutes, mais le bilan reste très lourd. Il y a eu «79 policiers et gendarmes blessés», quelque 1350 véhicules incendiés, 234 bâtiments incendiés ou dégradés et quelque 2560 incendies ont été comptabilisés sur la voie publique, selon le ministère de l'Intérieur.

Publicité

Marseille, deuxième ville de France dans le sud, a connu une nuit agitée, incitant le ministre de l'Intérieur, Gérard Darmanin, à y envoyer des renforts. La police avait déjà rapporté 88 interpellations vers 2h (0h GMT) depuis le début de soirée, des groupes de jeunes souvent masqués et «très mobiles».

AFP
AFP

En déplacement au nord-ouest de Paris, M. Darmanin a fait état en milieu de nuit de violences d'une «intensité moindre» avec déjà 471 interpellations au niveau national et des poches de tensions notamment à Marseille et Lyon, grandes villes du Sud-Est.

Samedi matin, le chiffre des interpellations avoisinait le millier, soit un niveau plus élevé que les nuits précédentes quand la police avait interpellé près de 900 personnes.

Jeunes encagoulés

À Lyon ou Grenoble (centre-est), des affrontements ont opposé jusque tard dans la nuit des bandes de jeunes souvent encagoulés, se déplaçant en courant ou à trottinette et tirant des dizaines de mortiers vers les policiers qui répliquaient par des grenades lacrymogènes.

La région parisienne n'a pas été épargnée, trois villes proches de la capitale ayant par ailleurs décidé d'instaurer un couvre-feu, comme d'autres villes en province.

  • Écoutez l’entrevue avec Stéphane Wall, superviseur retraité du SPVM spécialisé en usage judicieux de la force au micro de Jean-François Baril via QUB radio :

Publicité

À Nanterre, ville de la région parisienne où Nahel M. a été tué par un policier mardi lors d'un contrôle routier, les habitants se préparaient samedi aux obsèques de ce jeune de 17 ans, dont la mort a déclenché violences et vandalisme à travers tout le pays.

«La journée du samedi 1er juillet sera, pour la famille de Nahel, une journée de recueillement», ont écrit les avocats de la famille, appelant les médias à ne pas assister à la cérémonie afin «d'accorder aux familles endeuillées l'intimité et le respect dont elles ont besoin».

AFP
AFP

Avant même ces obsèques, le ministre de l'Intérieur avait annoncé «davantage d'unités spécialisées» telles que le RAID et le GIGN, troupes d'élite de la police et la gendarmerie.

Des blindés légers de la gendarmerie ont aussi été envoyés pour tenter de faire baisser les tensions par rapport à la nuit précédente, lors de laquelle 492 bâtiments ont été visés, 2000 véhicules brûlés et des dizaines de magasins pillés.

  • Suivi des émeutes en France : visionnez l’entrevue avec Christopher Weissberg, député des Français d’Amérique du Nord

«Le temps de la violence doit cesser pour laisser place à celui du deuil, du dialogue et de la reconstruction», ont exhorté les joueurs de l'équipe de France de foot, dans un communiqué relayé par le capitaine-star, Kylian Mbappé.

Publicité

«Esprit de responsabilité»

Le gouvernement avait décidé d'annuler tous les «événements de grande ampleur» tels que les concerts de Mylène Farmer vendredi et samedi au stade de France, et demandé la mise à l'arrêt des bus et tramways dans tout le pays après 21h (19h GMT).

Emmanuel Macron a appelé vendredi à la responsabilité des familles, soulignant qu'«un tiers des interpellés de la dernière nuit sont des jeunes, parfois des très jeunes».

AFP
AFP

M. Macron a accusé les réseaux sociaux d'attiser la violence et dit attendre un même «esprit de responsabilité» de ces plateformes, citant notamment Snapchat et TikTok, où s'organisent «des rassemblements violents» et qui suscitent aussi «une forme de mimétisme de la violence», selon lui.

La mort de Nahel M., dont la famille est originaire d'Algérie, a ravivé le sujet des violences policières en France, où 13 personnes sont mortes à l'issue d'un contrôle de police l'an dernier.

L'ONU sur le racisme

Lors du point de presse régulier de l'ONU à Genève vendredi, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme a pressé la France «de s'attaquer sérieusement aux profonds problèmes de racisme et de discrimination raciale parmi les forces de l'ordre». Une accusation jugée «totalement infondée» par le ministère français des Affaires étrangères qui a immédiatement réagi.

Les violences inquiètent aussi les voisins de la France. La Grande-Bretagne et d'autres pays européens, ainsi que les États-Unis, ont mis en garde leurs ressortissants en les pressant d'éviter les zones d'émeutes.

La question de l'état d'urgence est posée dans le pays par une partie du monde politique et scrutée à l'étranger, d'autant plus que la France accueille à l'automne la Coupe du monde de rugby, puis les Jeux olympiques à Paris à l'été 2024.

L'état d'urgence, qui permet aux autorités administratives de prendre des mesures d'exception comme une interdiction de circuler, avait été décrété en novembre 2005 après dix jours d'émeutes dans les banlieues françaises déclenchées par la mort de deux adolescents, électrocutés dans un transformateur électrique où ils s'étaient cachés pour échapper à la police.

Cette fois, Nahel M. a été atteint d'une balle au thorax par le tir à bout portant d'un des deux policiers qui tentaient d'immobiliser son véhicule, après un refus d'obtempérer.

Ce dernier, un motard de 38 ans, a été inculpé jeudi pour homicide volontaire et placé en détention. Une vidéo le montre appuyé sur le côté de la voiture, tenant en joue le conducteur avant de tirer à bout portant quand le véhicule redémarre brusquement.

Publicité
Publicité