Fortement allergique au lait, cette adolescente travaille désormais dans une crémerie
Elle peut enfin goûter les plaisirs de la crème glacée


Héloïse Archambault
Une adolescente qui était très allergique au lait depuis sa naissance travaille dans une crémerie depuis qu’elle a reçu des traitements de désensibilisation et peut enfin se régaler de crème glacée, de fromage et de chocolats.
«Je ne pensais jamais travailler dans une crémerie de ma vie!», avoue Janny-Pier Gauthier, 17 ans, qui occupe cet emploi depuis l’été 2022. Au début, il y a des clients qui me demandaient certains trucs au chocolat et je ne savais pas trop ce que c’était, je n’en avais jamais mangé!», rigole-t-elle.
Née avec plusieurs allergies (lait, œufs, noix, arachides, poissons, miel), la fillette a grandi sans pouvoir manger plusieurs aliments qui auraient pu lui être fatals.
«Il fallait toujours traîner un lunch, c’était contraignant, se rappelle sa mère, Fanny St-Amour. C’est comme dans une prison.»

Ne pas toucher au frigo
Malgré cela, sa mère, qui est infirmière, avait choisi de continuer à consommer des allergènes dans la maison.
«Je mangeais des sushis et du beurre d’arachides, souligne la femme de 44 ans. Ce n’est pas réaliste de mettre l’enfant dans une bulle. Elle avait sa zone, elle savait qu’elle ne devait pas toucher au frigo.»
En 2019, l’adolescente de 13 ans a été sélectionnée dans un programme de recherche en désensibilisation aux allergies sévères à l’hôpital de Montréal pour enfants. Même si elle demeure à Gatineau, il n’était pas question de rater cette chance, jure sa mère.
Malgré les nombreux allers-retours, le sacrifice en valait la chandelle. L’adolescente a très bien réagi au traitement et elle n’est plus allergique au lait.
Or, la désensibilisation l’oblige à consommer l’allergène quotidiennement pour éviter de redevenir allergique. Chaque jour, Janny-Pier doit boire 200 millilitres de lait.
«J’aime pas le lait, avoue-t-elle en souriant. Je mets du chocolat dedans!»

D’ailleurs, sauter une dose ou deux peut même provoquer un début de réaction allergique.
«Ça m’a permis de reconnaître mes symptômes. Je connais vraiment mieux mon corps maintenant», confie-t-elle.
Café à la vanille française, sundae au caramel, poutine: l’adolescente se régale depuis deux ans.
«Tous les jours, je découvre de nouvelles choses! Toute mon enfance, j’ai voulu en manger», souligne Janny-Pier.
Premier calendrier de l’avent
Fait cocasse: elle a eu son premier calendrier de l’avent à 16 ans.
«On aurait dit une enfant de quatre ans, elle voulait le vivre et ouvrir les petites portes!», explique sa mère en rigolant.
Pour cette famille, la désensibilisation a été un tournant dans sa vie.
«Ça a vraiment ouvert beaucoup de portes. Je me casse moins la tête pour préparer les repas. Quand on veut voyager, on ne traîne plus la bouffe», souligne Mme St-Amour avec soulagement.
«Je me dis aussi: “Elle peut survivre sans moi”», confie la mère, émue après tant d’années d’angoisse.
Reconnaissante des bons soins reçus, Janny-Pier a entamé des études en soins infirmiers. Son rêve: ouvrir une clinique de désensibilisation aux allergies en Outaouais.
«Je souhaite ça à tout le monde, ça change tellement une vie», jure l’adolescente.