Formations en construction payées 750$ par semaine: Québec doit tirer un trait, selon l’opposition libérale


Geneviève Lajoie
Devant l’inefficacité du programme, le gouvernement Legault doit mettre un terme aux formations accélérées et payées en construction, clame l’opposition libérale, alors que seulement le quart des étudiants inscrits se retrouvent sur les chantiers du Québec.
Pas moins de 3854 personnes ont suivi l’une des quatre attestations d’études professionnelles rémunérées 750$ par semaine de la première phase de l’offensive de formation qui débutait en janvier. Parmi eux, 2481 ont obtenu leur diplôme (64%), mais seulement 1017 (26%) ont réellement intégré l’industrie jusqu’à maintenant, a révélé Le Journal.
«Comme nous l’avions prédit, ce programme gouvernemental a clairement échoué à répondre aux besoins criants de main-d’œuvre dans la construction», a réagi lundi la députée libérale Madwa-Nika Cadet.
Selon elle, le manque de préparation et l’absence de mesures pour assurer une transition réussie vers l’industrie démontrent que le dossier a été géré de manière «précipitée et inefficace».
«Le gouvernement aurait dû mieux encadrer ces formations afin de garantir que les étudiants soient motivés par une réelle volonté de travailler dans ce secteur», a-t-elle fait valoir.
Rappelons que le soutien financier accordé par Québec à ces étudiants n’était pas assorti d’une obligation d’aller travailler sur les chantiers.
Le gouvernement a tout de même lancé une deuxième phase à cette offensive, à laquelle participent 1828 nouveaux élèves depuis la rentrée. Ils bénéficient du même soutien financier.
Dilapidation de fonds publics
Au Parti Québécois, on pointe du doigt le coût élevé de l’opération pour les contribuables québécois. «C'était déjà très cher pour les résultats escomptés. Aujourd’hui, on réalise à quel point ce coup de communication électoraliste est une autre dilapidation de fonds publics», souligne le député péquiste Pascal Paradis.
Si trois étudiants inscrits sur quatre ne sont pas actifs sur les chantiers, c’est donc dire que les trois quarts du budget alloué aux formations accélérées, soit 225 millions $, n’ont pas produit de résultats, insiste-t-il. «Le gouvernement ne peut poursuivre le programme comme si de rien n'était. Il faut tout revoir de fond en comble.»
Attirer les candidats à l’immigration
«C’est un autre échec de la CAQ», estime pour sa part le député de Québec solidaire Alexandre Leduc, qui souligne que ce fiasco aurait très bien pu être évité si on avait préalablement tâté le pouls de l’industrie avant de lancer le programme.
Le solidaire ramène de l’avant sa proposition d’attirer des candidats à l’immigration dans le secteur de la construction.
QS suggère de cibler des résidents non permanents qui se trouvent déjà au Québec, comme des demandeurs d’asile, des personnes avec un permis de travail sur les chantiers ou les détenteurs de permis de travail ouverts. Choisir l’industrie de la construction leur donnerait accès à un certificat de sélection du Québec, un document qui mène éventuellement à l’obtention de la résidence permanente.
«Le ministre Jean Boulet va devoir nous démontrer que c’est encore utile, sinon je pense que dans les prochaines semaines, prochains mois, il devra tirer la plogue», croit le député Leduc.
Boulet demande plus de temps
Sur les réseaux sociaux, le ministre du Travail a soutenu que les formations ont non seulement permis l’ajout de nouveaux travailleurs, mais qu'elles ont également formé une main-d’œuvre plus polyvalente, plus productive, et libéré des ressources supplémentaires sur les chantiers.
«L’offensive est saluée par les acteurs de l’industrie encore aujourd’hui. Des formations sont toujours en cours présentement et nous sommes loin de connaître l’impact final de cette initiative», a-t-il publié sur X.
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