Publicité
L'article provient de Le Journal de Montréal
Éducation

Formation courte pour devenir prof: Québec abaisse d’un cran les exigences d’admission, ce qui soulève la controverse dans le milieu universitaire

Photo Agence QMI, JOËL LEMAY
Partager
Photo portrait de Daphnée  Dion-Viens

Daphnée Dion-Viens

2025-02-26T16:30:00Z
Partager

Québec abaisse d’un cran les exigences d’admission dans les formations courtes pour devenir prof, qui permettent d’accéder au statut d’enseignant légalement qualifié, soulevant la controverse dans le réseau universitaire. 

La situation est même qualifiée «d’alarmante» par la présidente de l’association qui regroupe les doyens des facultés des sciences de l’éducation des universités québécoises, Julie Desjardins.

Le ministère de l’Éducation fait plutôt valoir qu’il veut favoriser un accès élargi aux aspirants profs, afin d’en former un plus grand nombre.

Depuis décembre, il était déjà possible d’obtenir une autorisation provisoire d’enseigner – qui permet d’accéder au statut d’enseignant légalement qualifié – sans avoir réussi de cours en pédagogie ou dans une discipline liée à une matière enseignée à l’école.

Il suffisait d’être inscrit dans un programme en enseignement de 30 crédits au deuxième cycle (DESS), les formations courtes mises sur pied par le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, pour contrer la pénurie.

Pour être admis dans ces programmes, les candidats devaient être à l’emploi d’un centre de services scolaire comme enseignants non qualifiés depuis au moins un an.

Or désormais, il suffit d’être embauché dans une école en vertu d’une tolérance d’engagement, peu importe depuis quand, selon les nouvelles lignes directrices du ministère de l’Éducation transmises récemment aux universités.

Publicité

Il n’est par ailleurs plus exigé que le contrat obtenu dans le réseau scolaire soit en lien direct avec le programme de formation. Un détenteur d’un baccalauréat en chimie peut s’inscrire dans un DESS en enseignement des sciences même s’il a été embauché comme prof de math dans une école secondaire, indique le ministère de l'Éducation.

Des changements qui ne font pas l'unanimité

Les facultés d’éducation s’inquiètent de ces changements. En n’exigeant plus d’expérience minimale d’un an en enseignement ou de contrat directement lié au programme, «on vient de jeter par la fenêtre toute exigence de formation pratique», affirme Mme Desjardins, qui estime que le ministère a fait sauter «les exigences minimales pour assurer une formation de qualité des enseignants exerçant dans les écoles».

Cet avis ne fait toutefois pas l’unanimité dans le réseau universitaire. Nancy Granger, professeure à l’Université de Sherbrooke qui s’intéresse à la réalité des enseignants non légalement qualifiés, affirme au contraire que ces assouplissements sont tout à fait justifiés.

«Qu’est-ce qu’on a à perdre à [accepter] quelqu’un qui est en emploi et qui veut se former en même temps?», lance-t-elle. «Si on veut pallier la pénurie, il faut les former. [...] Et si la personne n’est pas bonne dans ses cours, elle va échouer et elle va quitter de toute façon», ajoute-t-elle.

Les aspirants profs sont encadrés par des personnes-ressources dans leur école pendant leur formation, qui se termine par une année de probation en milieu scolaire, souligne Mme Granger.

Cette dernière est d’ailleurs persuadée que les assouplissements annoncés concernent une minorité de candidats, puisque la très grande majorité des enseignants non qualifiés qui souhaitent régulariser leur statut par le biais des formations courtes enseignent depuis déjà plusieurs années, affirme-t-elle.

Vous avez un scoop à nous transmettre?

Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?

Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.

Publicité
Publicité