Forcés de déménager: ils déplorent avoir été informés les derniers

Agence QMI
Des citoyens de Rouyn-Noranda qui seront forcés de quitter leur foyer à cause de la fonderie Horne qui contamine l'air et les sols à l’arsenic depuis des années ont déploré avoir été les derniers à être informés de l’instauration d’une zone tampon malgré l’impact énorme sur leur vie.
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«Ce n’est un secret pour personne: depuis la crise de l’arsenic, nos maisons sont devenues invendables», a lancé en soupirant Manon Garant, devant les 75 autres citoyens et les trois conseillers municipaux présents jeudi au petit-théâtre du Vieux-Noranda.
Depuis l’automne dernier, plusieurs propriétés ont déjà été rachetées par Glencore, qui détient la Fonderie Horne, alors qu'une zone tampon pour éloigner les résidents de la source de pollution n'avait pas encore été annoncée par les autorités.
Pourtant, ce n’est que lors de la visite des ministres de l'Environnement et des Affaires municipales et de l'Habitation, le 16 mars dernier, que les propriétaires et locataires limitrophes en ont été avisés.
Mère monoparentale, Manon Garant a affirmé n’avoir déjà plus de voisins «ni d’un bord ni de l’autre de l’autre».
Pour la femme de presque 40 ans, la situation est d’autant plus amère: elle a elle-même participé à la campagne de mesure du plomb dans le sang des enfants du quartier Notre-Dame dans les années 1980 et 1990.

Déjà à cette époque, la saga sanitaire et environnementale de la Fonderie Horne avait fait couler beaucoup d’encre. Cela avait notamment mené à la mise en place d’un programme de décontamination des terrains du quartier.
«Depuis toutes ces années, la mine savait et rien n’a changé pour modifier [ses] installations. Je crois que nous n’en serions pas à déraciner 200 familles», a-t-elle poursuivi avec rancœur.
De leur côté, l’avocat Rodrigue Turgeon, co-responsable de Mining Watch Canada, et le président du Réseau vigilance mines de l’Abitibi-Témiscamingue (REVIMAT), Marc Nantel, ont rappelé aux citoyens de ne rien signer trop vite.
«Si vous retenez juste ça, être ensemble et que c’est la Fonderie qui paie, je vais être content», a résumé M. Turgeon, en référence aux dépenses d’honoraires professionnels, de services d’accompagnement ou d’une éventuelle quittance à signer en lien avec de possibles problèmes de santé liés à l’exposition aux métaux lourds.
Si Manon Garant est venue lire son texte devant l’assemblée, c’est grâce à sa fille de 14 ans, Anaïs Riendeau, qui s’inquiète pour les «jeunes générations» de voir la zone tampon engloutir d’autres voisinages dans le futur.
«Ce qui est évident à mes yeux, c’est qu’il y a des gens très loin des quelques rues qui sont visées qui subissent la contamination, a répondu Me Turgeon. La zone tampon, ce n’est pas un mur. L’air voyage bien au-delà. [...] La limite, on va toujours la repousser tant qu’on n’arrête pas les émissions polluantes à la Fonderie.»
Aucun représentant officiel du gouvernement n’était sur place pour répondre aux questions des citoyens. Les organismes communautaires qui ont organisé la rencontre déplorent d'ailleurs avoir vu partir les trois conseillers municipaux alors que les citoyens prenaient la parole. Une deuxième assemblée est prévue le 3 mai prochain.
-Avec les informations d'Émilie Parent-Bouchard