Forcée à se prostituer à... 35 ans: «Je n’étais pas danseuse ni escorte. J’étais en amour»

Après avoir été sous son joug pendant des années, une femme vit dans la crainte maintenant que son dangereux proxénète a été remis en liberté sans avoir fait de réels progrès en prison.

Avant de rencontrer Dave Francillon, Maryse (nom fictif) sortait d’une relation de huit ans. Elle avait une vie rangée et un emploi stable. Mais folle d’amour pour ce criminel, elle s’est lancée dans la prostitution à... 35 ans.

«On pense souvent que ce sont des jeunes qui vont se faire prendre, mais ça peut arriver à n’importe qui. Je n’étais pas danseuse ni escorte. J’étais en amour ben raide», lance-t-elle.

Maryse était séduite par les projets de vie à deux de son amoureux. Il promettait qu’ils se feraient construire une villa à Haïti. Mais il fallait trouver de l’argent.

Il lui a alors demandé de faire des clients.

«Il me disait que tous les gars que j’avais baisés dans ma vie, j’aurais pu faire de l’argent. Il banalisait ça», se souvient-elle.

Surveillée au téléphone

Mais Maryse n’avait pas envie de se prostituer. Elle est même allée jusqu’à lui faire croire qu’elle était enceinte pour s’en sauver.

Francillon insistait et elle a été contrainte de le faire.

Emprisonné pour d’autres crimes, l’homme réussissait à exercer un contrôle intense sur elle. En plus de devoir lui envoyer de l’argent, elle devait rester au téléphone avec lui pendant des heures. Même pendant qu’elle prenait sa douche. Ou qu’elle faisait des clients.

La situation était si intense que le service correctionnel est intervenu et a restreint l’accès au téléphone du détenu.

«Je ne raccrochais pas parce que je l’aimais tellement. Je ne voulais pas qu’il raccroche. C’était un mode de vie», explique Maryse.

Mais lorsque Dave Francillon est sorti de détention en 2021, la situation a encore plus dérapé.

Il était violent avec elle, prenait tout son argent.

Francillon l’a même violée avec un autre individu en la surprenant alors qu’elle dormait.

En août 2021, elle a fini par le dénoncer à la police. Il a finalement écopé de quatre ans de détention.

Pas de réels progrès

À la fin juin, le criminel de 45 ans a été libéré d’office parce qu’il avait déjà purgé les deux tiers de sa peine.

Pourtant, on évalue que son potentiel de réinsertion sociale est faible. Même chose pour son niveau de responsabilisation et de motivation, selon une récente décision de la Commission des libérations correctionnelles du Canada.

«Ça me fait capoter, j’ai peur des gens qui lui ressemblent, je fais des cauchemars épouvantables», déplore la victime.

Elle a même fait une psychose de peur, qui n’a rien à voir avec la prise de drogue, mais qui est une forme d’anxiété extrême liée à l’angoisse, raconte-t-elle.

Si Dave Francillon est libre, la victime, elle, porte encore des séquelles. Elle vit de l’aide sociale et doit aussi consulter un psychiatre et une sexologue.

Son bourreau est le frère de Frédérick Francillon, un violent proxénète récidiviste qui a déjà fait vivre un enfer à une victime pendant sept ans et qui pourrait être déclaré délinquant à contrôler.