Football universitaire: le Défi Est-Ouest perd des plumes


Richard Boutin
Lancé en 2003, le Défi Est-Ouest représentait une excellente vitrine pour les espoirs universitaires, mais la formule montre des signes d’essoufflement depuis quelques années.
Tout d’abord, la LCF a diminué considérablement sa contribution financière et ses entraîneurs ne sont plus présents en raison d’un conflit d’horaire avec les camps d’entraînement qui s’amorcent plus tôt.
Sans compter que certains des meilleurs joueurs font maintenant l’impasse sur l’événement. Les Kevin Mital, Nathaniel Dumoulin-Duguay et Cristophe Beaulieu ont brillé par leur absence en 2023 tout comme Jonathan Sénécal l’an dernier ainsi qu’Éloa Latendresse-Régimbald et Émeric Boutin cette année alors que le Défi Est-Ouest se déroulera du 6 au 10 mai à Waterloo. Dans le cas du pivot des Redbirds de McGill, il devrait recevoir une invitation dans le cadre du programme de stages de la LCF réservé aux quarts-arrières à participer à un camp d'entraînement.

«On se pose des questions si ça vaut la peine de dépenser près de 3000$ pour envoyer trois joueurs et un entraîneur, a mentionné l’entraîneur-chef des Redbirds Alex Surprenant. Est-ce que la formule est encore à jour? Je me souviens d’avoir agi comme entraîneur invité une année à McGill et les participants en avaient pour leur argent avec des entraîneurs de la LCF qui étaient présents.»
«Le meilleur des deux mondes»
Cette baisse d’intérêt des équipes de la LCF pour ce match des étoiles qui réunit les meilleurs espoirs de troisième année coïncide avec la nouvelle formule adoptée pour le camp d’évaluation.
En plus des tests, la LCF place les joueurs en situation de 12 contre 12, de confrontations de «pass shell». «La LCF a le meilleur des deux mondes avec cette formule, a expliqué l’entraîneur-chef du Rouge et Or Glen Constantin. Le Défi Est-Ouest est un bel événement, mais il doit être repensé. Les dépisteurs viennent seulement une couple de journées et la visibilité pour les joueurs n’est plus la même et le prestige associé à la présence des entraîneurs de la LCF n’est plus là.»

Le risque de blessures et le conflit d’horaires avec les camps de printemps du réseau universitaire sont deux autres éléments qui incitent certains participants à décliner l’invitation.
«Avec les nouvelles directives, on peut s’entraîner jusqu’au 31 mai, a expliqué Constantin. Le joueur a le choix entre compétitionner à Laval en prévision de la prochaine saison ou aller au Défi Est-Ouest. En 2023, Mital, Beaulieu et Dumoulin-Duguay ont décliné l’invitation et leur valeur au repêchage de la LCF n’a pas diminué.»
Mital et Dumoulin-Duguay ont été des choix de première ronde alors que Beaulieu a été sélectionné au 3e tour.
Risques de blessure
Élu sur la première équipe d’étoiles au pays à la position de centre arrière, Boutin confirme cette analyse. «Je suis très reconnaissant d’avoir été invité, mais je veux mettre les chances de mon bord en évitant les risques de blessure et me concentrer à 100 pour cent sur la prochaine saison du Rouge et Or.»

Du côté du Rouge et Or qui ne comptera que sur le porteur de ballon Angel Vital à Waterloo, le garde Alexendre Masri-Fliss a lui aussi décliné l’invitation.
Surprenant n’est pas déçu de la décision de son pivot. «Les joueurs sont libres d’y aller, mais je suis bien content de son choix. Je n’ai pas intérêt à le voir courir partout sur le terrain et risquer une blessure. Édouard Arsenault (Laval) que j’ai coaché à Saint-Jean-sur-le-Richelieu a subi une blessure l’an dernier qui a ruiné sa saison.»
Une formule à l’américaine
Dans l’optique de redonner du lustre à l’événement, Constantin avait imaginé un projet en Floride quelques années avant que la COVID-19 ne frappe. «J’avais vérifié auprès des compagnies d’aviation pour des vols au départ de Montréal, Toronto, Detroit, Buffalo et dans l’Ouest à destination d’Orlando et le projet était faisable financièrement, a raconté le pilote lavallois. À l’époque, la LCF versait une somme proche de 100 000$.»
À l’instar des parties d’étoiles de la NFL, le Défi Est-Ouest se serait déroulé en janvier en présence des meilleurs espoirs et aurait été suivi du camp d’évaluation quelques semaines plus tard.
Surprenant et Constantin sont convaincus que l’avenir du Défi Est-Ouest sera abordé lors de la réunion des entraîneurs à Waterloo.
«Greg Marshall (Western) et Stefan Ptaszek (McMaster) tiennent mordicus à cet événement et j’apprécie les efforts déployés par les écoles pour garder le Défi Est-Ouest en vie, a souligné Constantin. On verra si nous sommes la seule conférence qui souhaite des changements.»