Fonderie Horne: la date choisie pour la visite du Dr Boileau est critiquée

Émilie Parent-Bouchard
La décision des autorités de la santé de tenir une réunion d’information à l’intention des résidents d’un quartier résidentiel de Rouyn-Noranda adjacent à la controversée Fonderie Horne suscite des critiques dans la population.
Lundi, en fin d’après-midi, le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de l’Abitibi-Témiscamingue a annoncé sur les réseaux sociaux que le Dr Luc Boileau, directeur national de santé publique, et d’autres fonctionnaires de la santé, rencontreront jeudi soir les résidents du quartier Notre-Dame affecté par les émanations d’arsenic de la fonderie. Un état de la situation sera présenté aux citoyens et ceux-ci pourront poser leurs questions et présenter leurs commentaires.
Or, le moment de cette rencontre coïncide avec l’ouverture du Festival de musique émergente (FME), un événement très suivi à Rouyn, qui présentera plusieurs spectacles sur ses différentes scènes jeudi soir.
Plusieurs internautes ont déploré que la rencontre de la santé ait été prévue ce jour-là et ont demandé son report.
«C’est super, mais à 3 jours d’avis c’est difficile de convier toute la population du quartier non? a demandé une femme sur la page Facebook de l’événement du CISSS. Un jeudi soir en plein FME = pas de gardien/ne pour les enfants, en plus du vernissage dans le centre d’artiste du quartier et le FME, ce sont des plans pour rassembler une faible partie de la population. Pourquoi?»
«Je demande formellement à ce que cette rencontre soit reportée à une date ultérieure, a écrit une autre citoyenne. Pour bien des gens (dont moi), de céduler la réunion en plein FME est l’équivalent de céduler la réunion un 25 décembre. Franchement c’est inacceptable. Ça laisse l’impression que c’est volontaire pour qu’il y ait le moins de monde possible. Personnellement, j’habite dans ce quartier justement pour profiter du FME et autres activités culturelles. Pis là c’est comme si on me demandait de choisir entre ma santé et mes loisirs.»
Du côté du Comité arrêt des rejets et émissions toxiques (ARET), qui milite pour le respect de la norme provinciale de 3 ng/m3 d’arsenic dans l’air à Rouyn-Noranda, on se dit «perplexe» face à cette visite dans le contexte du FME, mais surtout parce qu’elle survient quelques jours seulement avant le début des consultations publiques du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques.
«On ne connaît pas l’objectif de cette rencontre-là», plaide la porte-parole du comité, Nicole Desgagnés, comparant la tenue de la rencontre à un lapin sorti d’un «chapeau». «On a l’impression qu’ils improvisent», ajoute-t-elle.
Mme Desgagnés dit qu’elle s’attendait plutôt dans un premier temps à ce que les directions de santé publique nationale et régionale se prononcent sur le plan proposé par la Fonderie Horne le 18 août et qu’elles expliquent comment elles assureront leur responsabilité de protection de la santé de la population prévue dans la Loi sur la santé publique.
«Avec ce qu’on annonce comme émission pour les quatre, cinq, prochaines années [soit 15 ng/m3], les populations ne sont pas protégées. Je trouve qu’il y a une responsabilité de santé publique qui ne semble pas prise, donc c’est inquiétant, poursuit Nicole Desgagnés. On aurait pu s’attendre à ce qu’ils viennent dire qu’ils allaient demander [à la fonderie] de refaire les devoirs parce que ce n’est pas acceptable. C’est ce qu’on aurait souhaité.»
Du côté du ministère de la Santé et des Services sociaux, à Québec, on nous a indiqué qu’il «apparaissait important que dans l'anticipation d’une consultation publique, les citoyens détiennent l'ensemble des informations en ce qui a trait à la santé environnementale». La salle retenue pour la rencontre peut accueillir 500 personnes, nous a-t-on précisé, ajoutant que «personne ne se verra l’entrée refusée».
Même son de cloche au CISSS de l'Abitibi-Témiscamingue qui nous a précisé que les personnes qui ne peuvent être présentes pourront poser leurs questions avant ou après la tenue de la rencontre.
Le FME s’est de son côté gardé de commenter la situation, disant vouloir se concentrer sur la bonne conduite de ses spectacles.