Fonderie Horne: Dominique Anglade dit n’avoir «jamais» eu de discussion avec Glencore


Nicolas Lachance
La cheffe libérale et ex-ministre de l’Économie assure qu’elle n’a jamais participé aux discussions avec la Fonderie Horne qui ont mené au renouvellement de l’attestation permettant de dépasser la norme de l’arsenic dans l’air à Rouyn-Noranda, et ce, même en matière d’emplois.
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«Je n’ai été impliqué aucunement dans le renouvellement de l’attestation», a affirmé la cheffe libérale dimanche matin.
En août 2017, alors que Mme Anglade était ministre de l’Économie, l’entreprise Glencore, propriétaire de la Fonderie Horne à Rouyn, a déposé sa demande de renouvellement d’attestation.
Cette dernière a été approuvée par le ministère de l’Environnement trois mois plus tard.
La ministre de l’époque était l’actuelle candidate libérale dans Verdun, Isabelle Melançon.
Selon ce renouvellement délivré, la fonderie doit respecter une norme en matière d’arsenic de 100 nanogrammes jusqu’en novembre 2021.
La norme québécoise émise par la santé publique est pourtant de 3 nanogrammes.
Samedi, la cheffe avait laissé planer le doute en soulignant seulement qu’elle n’avait jamais eu de «discussions qui disaient qu’on allait dépasser des normes qui allaient avoir un impact sur la santé de la population.»
Avait-elle eu des discussions sur le plan économique avec l’entreprise?
«Je n’ai pas eu de discussion qui parlait de renouvellement d’attestation. J’étais à l’Économie et ça ne touche pas l’économie», a-t-elle plaidé.
Son ministère était visé par un mandat de l’entreprise Glencore au Registre des lobbyistes de 2015 à 2019. Celui-ci permettait au propriétaire de la fonderie de faire des représentations auprès du ministère de l’Économie dans le but d’assurer le maintien du permis d’opérer l’usine de cuivre.
«Les sujets abordés concernent, entre autres, les normes (...) d’émissions d’arsenic de l’Avis sur l’arsenic dans l’air ambiant à Rouyn-Noranda», souligne le document.
«Je n’étais pas au courant que la norme était dépassée à ces niveaux-là», a avancé Mme Anglade, lorsque les journalistes lui ont demandé, en vain, d’expliquer le processus qui a mené à ce renouvellement.
«Dans aucun cas je n’ai été impliqué là-dedans», a-t-elle précisé vendredi. Elle assure qu’elle n’a pas «eu de discussion» économique ou «en matière d’emploi» avec l’entreprise Glencore, à l’époque.
Dangers connus depuis longtemps
Depuis 2004, un avis du gouvernement du Québec lié aux activités de la fonderie soulignait «qu’étant donné le caractère cancérigène de l’arsenic, le groupe de travail estime qu’il est nécessaire d’adopter une approche préventive visant à réduire le plus possible les niveaux les niveaux d’exposition de la population».
Le document qui a maintenant près de 20 ans indique que des interventions devront être réalisées pour atteindre un objectif de 3 nanogrammes dans le quartier Notre-Dame, à Rouyn-Noranda.
Un rapport de la santé publique datant de 2019 qui a récemment été dévoilé confirmait que les citoyens de Rouyn étaient beaucoup plus à risque d'attraper un cancer.
«Si ces informations-là avaient été disponibles, comme elles l’ont été pour la CAQ, j’aurais rendu ça de manière transparente», a assuré Mme Anglade.