Fonctionnaires retraités non remplacés: réduction de services et population à risque, clament les syndicats

Miser sur le départ à la retraite des fonctionnaires pour réduire la taille de l’État affectera les services à la population et même la sécurité des citoyens, clament les syndicats.

François Legault compte sur l’attrition pour diminuer le poids de la fonction publique québécoise, qui a gonflé de près de 12 000 équivalents temps complets depuis son arrivée au pouvoir. Il estime à 2000 le nombre d’employés de l’État qui prendront leur retraite cette année, des gens qui ne seront pas remplacés.

Une grave erreur et surtout une très mauvaise gestion des ressources humaines et financières, selon le Syndicat des professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ). Le président, Guillaume Bouvrette, rappelle que cette mesure s’ajoute au gel d’embauche décrété dans la fonction publique depuis l’an dernier.

«À la CNESST, certaines inspections ne se font plus parce que des entreprises sont tout simplement trop loin et qu’on a réduit les dépenses de déplacement. Le gouvernement a même gelé les embauches d’agents de probation responsables du suivi de détenus en liberté conditionnelle, mettant ainsi à risque la population. Quand le gouvernement dit que les services ne sont pas affectés, c’est un mensonge éhonté», a-t-il dénoncé jeudi, par communiqué.

Il y aurait plus de soixante agents de probation manquants à la grandeur du Québec. Plusieurs postes seraient vacants dans chacune des 16 directions.

Plus de fiascos SAAQclic

Prioriser le recours à l’externe de consultants plus coûteux n’est pas la bonne solution, estime le président du SPGQ. Il en prend pour preuve le fiasco SAAQclic.

«On a bien vu avec SAAQclic les dérives qui peuvent survenir quand la sous-traitance devient incontrôlable. Miser sur l’expertise interne serait une mesure beaucoup plus économique, mais elle ne permettrait pas au premier ministre d’adopter un discours populiste en se vantant de couper des fonctionnaires», a ironisé M. Bouvrette.

Plus de cadres et de hauts dirigeants

L’ajout de personnel dans la fonction publique est nécessaire en raison de l’augmentation de la population et de l’échec du virage des services en ligne comme SAAQclic, plaide le Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ).

Le président, Christian Daigle, soutient que l’embauche se poursuit chez les cadres et les dirigeants, alors qu’il manque de bras actuellement pour donner les services à la population.

«Leur nombre a bondi de 7,81% depuis 2015, alors que le personnel de bureau, les techniciens et les ouvriers [ont] diminué de 4,7% pendant la même période. Oui, il y a un trou dans le budget du Québec, mais on n’en serait pas là si la CAQ n’avait pas procédé à des baisses d’impôt insensées», fait-il valoir.

Selon Christian Daigle, des bordels informatiques, des dépassements de coût faramineux et des files d’attente, «il y en aura d’autres, car on n’aura pas la possibilité de faire les suivis nécessaires».