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L'article provient de TVA Nouvelles
Justice et faits divers

Fléau des vols de véhicules: les exportateurs criminels dans la mire d'une escouade spécialisée

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Nora T. Lamontagne et Denis Therriault

2023-10-20T19:30:00Z
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Une escouade spécialisée de policiers a récemment été créée pour mettre des bâtons dans les roues des exportateurs de véhicules volés au port de Montréal.

«On a voulu s’attaquer aux dirigeants, parce que les petits joueurs [ceux qui reconduisent les autos volées] qu’on arrêtait n’étaient jamais au courant de rien», explique le commandant Yannick Desmarais, du Service de police de la Ville de Montréal.

Ils ont du pain sur la planche alors que plus de 11 700 véhicules ont été volés depuis le début de l’année au Québec, selon Équité association. Et qu’environ six sur dix restent introuvables. 

Les forces policières suspectent qu’un grand nombre aboutissent au Moyen-Orient, en Afrique de l’Ouest ou en Europe après avoir traversé l’Atlantique en cargo.  

D’où la création, en mars 2022, de cette escouade spéciale dédiée uniquement à l’enquête des exportateurs qui utilisent le port de Montréal à mauvais escient. 

Hautement organisés

L’équipe d’une dizaine de personnes compte des membres de la Sûreté du Québec, en plus des services de police de Montréal, de Longueuil et de la Gendarmerie royale du Canada et s’attaque à une criminalité hautement organisée. 

« L’exportation nécessite beaucoup plus d’organisation et de coûts qu’un simple vol. Il faut louer un conteneur, payer le transport terrestre, le chargement, le transport maritime, les douanes... »

Matthieu Pronovost, sergent à la Sûreté du Québec responsable de l’escouade

- Matthieu Pronovost, sergent à la Sûreté du Québec responsable de l’escouade

Capture d'écran J.E.

«Dès que le véhicule est volé, le chrono part. En quelques heures, il va se retrouver dans un conteneur et dans un endroit où on ne peut plus vraiment y accéder», explique le commandant Desmarais.

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Et les exportateurs sont des joueurs clés dans cette machine bien huilée. 

Des enquêtes complexes

Depuis sa création, l’Escouade est parvenue à coincer 38 suspects, à récupérer 548 véhicules, à saisir 345 000 $ en argent et près d’un demi-million de dollars en actifs criminels, tels que des tracteurs routiers utilisés dans le transport des conteneurs. 

L'escouade a procédé à la saisie d'un camion tracteur utilisé dans le transport de conteneurs de véhicules volés, en septembre dernier.
L'escouade a procédé à la saisie d'un camion tracteur utilisé dans le transport de conteneurs de véhicules volés, en septembre dernier. Denis Therriault / TVA

L’Escouade calcule qu’il en coûte aux alentours de 15 000 $ pour voler et exporter un véhicule, un investissement qui sera facilement rentabilisé au bout de la chaîne. 

Les groupes criminels se servent ensuite des profits pour acheter des armes à feu selon le SPVM, ou encore financer l’achat de drogues et des activités terroristes, selon Interpol. 

Il est d’ailleurs fréquent que les enquêtes de l’Escouade, nourries par le renseignement partagé entre plusieurs organisations, aient des ramifications dans des juridictions à l’étranger. 

«On ne sait jamais où ça va arrêter. On est au niveau local, mais aussi provincial et même international. C’est très exigeant et stimulant», ajoute le commandant Desmarais. 

Des voleurs aussi jeunes que 12 ans

L’appât du gain motive des bandits même mineurs à tenter leur chance dans le transport des véhicules, au bas de l’échelle. 

«Les conducteurs qu’on intercepte sont de plus en plus jeunes. On en a déjà arrêté un de 12 ans dans le coin de Laval, un autre de 14 ans», raconte avec consternation le sergent Matthieu Pronovost.

Nombre d’entre eux n’ont pas de permis. 

Du maquillage à l’exportation

L’époque où les voitures volées étaient maquillées ou «passées au chop-shop» pour être revendues en pièces détachées est quasi révolue. 

«Aujourd’hui, les véhicules demeurent intacts pour être exportés au meilleur prix, à cause de l’offre et de la demande», souligne le commandant Yannick Desmarais, du SPVM. 

Des réseaux déstabilisés

Par le passé, les voleurs avaient l’habitude d’entreposer des dizaines de voitures au même endroit avant de les charger des conteneurs pour des questions logistiques.

L’Escouade estime avoir perturbé cette pratique depuis une série de grosses saisies l’an dernier dans deux bâtiments commerciaux de Montréal reliés à 49 et 94 véhicules volés.

«Les voleurs ont déplacé certains sites de chargement dans des lieux publics [comme des parcs industriels], où ils se mettent plus à risque», détaille Matthieu Pronovost, sergent responsable de l’Escouade. 

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