Flair Airlines: la championne des plaintes quitte Montréal et Ottawa

Après l’aéroport de Montréal le mois dernier, Flair Airlines quitte maintenant celui d’Ottawa. Champion des plaintes depuis 18 mois, le transporteur aérien à très bas prix est en difficultés financières et se replie à l’Ouest.

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«La glissade de Flair n’est pas finie, ses problèmes financiers vont s’empirer», prédit John Gradek, spécialiste du transport aérien.

Depuis trois ans, le transporteur d’Edmonton offrait des vols à bas prix au Québec. Le mois dernier, Flair a annoncé que son vol à destination de Montréal-Trudeau, le 23 avril prochain, serait son dernier «pour le moment».

Le transporteur a invoqué les frais d’amélioration aéroportuaire élevés ainsi qu’une faible demande à Montréal pour justifier la réallocation de ses appareils «là où les Canadiens en ont le plus besoin».

Les mêmes raisons seraient derrière son départ d’Ottawa, la semaine dernière. La demande était insuffisante pour couvrir les frais.

«Ils vont se contenter de Toronto et de l’Ouest canadien. On verra s’ils passent l’hiver», note John Gradek. Flair va presque doubler son nombre de vols entre Vancouver et Toronto, par exemple.

L’entreprise n’a pas voulu dire, hier, si son départ du Québec est irréversible. «Nous continuerons à évaluer les opportunités», a indiqué l’entreprise.

Champion des plaintes

Flair Airlines est le transporteur dont les clients se plaignent le plus au Canada. Sa moyenne est de 15,8 plaintes par tranche de 100 vols pour les 15 mois qui vont de juillet 2023 à septembre 2024, indique l’Office des transports du Canada (OTC).

Nombre de plaintes par 100 vols
Pour les compagnies aériennes canadiennes, de juillet 2023 à septembre 2024

15,8 - Flair
11,5 - Sunwing
5,5 - WestJet
5,2 - Air Canada
3,4 - Air Transat
2,9 - Air Liaison
1,4 - Porter
_{Source : Office des transports du Canada}

«Mieux vaut ne pas prendre Flair si ton vol est le dimanche et que tu dois rentrer au bureau le lundi», illustre Carl Chapdelaine, de Trois-Rivières, un habitué du transporteur au rabais.

Son mode de vie – il est un accidenté du travail – lui permet de se soucier des horaires moins que d’autres. À au moins trois reprises, raconte-t-il, son vol avec Flair a décollé plus de six heures en retard, alors qu’au moins deux autres fois, il est parti le jeudi au lieu du mardi.

«Les bancs ne se penchent pas, le service est mauvais, mais tu ne payes pas cher», résume le Québécois de 46 ans.

Marie-Ève Chabot, intervenante dans un organisme de la région de Québec, a trouvé son expérience moins drôle, en août dernier.

Son vol de Toronto vers Québec a été annulé à 22h, la veille du départ. Flair lui offrait de rembourser ses cinq billets payés 47$ ou de le laisser monter à bord du prochain vol, le lendemain.

«Revenir à Québec en train ou avec un autre transporteur, c’était beaucoup trop cher», dit celle qui a dû rester une nuit de plus à Toronto avec son mari et leurs trois enfants.

Flair a refusé de rembourser leur nuit d’hôtel à 345$, car la météo était invoquée pour l’annulation du vol.

«La température était la même, le lendemain, quand on a finalement décollé avec 50 autres passagers dans l’avion», raconte la Québécoise.

Au prochain!

Après la faillite subite de Lynx Air, en février dernier, le départ de Flair sonne le glas des transporteurs canadiens à très bas prix au Québec.

«Les gros joueurs ne veulent pas d’eux, ils s’arrangent pour les miner. Porter concurrence beaucoup Flair en offrant des rabais sur les mêmes lignes», observe John Gradek.

Porter Airlines est en expansion rapide au pays, avec l’ajout de nombreux vols dans le marché intérieur. Son nombre d’appareils est passé de 2 à 40 en peu de temps.

Le prochain transporteur à très bas prix à tenter sa chance au Québec sera French Bee. L’entreprise française offrira dès le mois de juillet cinq vols par semaine entre Montréal et Paris à partir de 430$ le billet.