[PHOTOS] L’Hôpital Maisonneuve-Rosemont paie 3 M$ par an au privé parce qu’un bloc opératoire est trop vétuste
Des chauves-souris étaient entrées au bloc d’ophtalmologie, où le système de ventilation faisait un bruit d’enfer


Héloïse Archambault
Chauves-souris, problèmes de ventilation, plafonds qui coulent: l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont paie trois millions $ par an pour louer un bloc opératoire privé flambant neuf pour y faire ses 10 000 chirurgies d’ophtalmologie parce que le sien était devenu trop décrépit.
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Le bloc opératoire d’ophtalmologie, qui était situé au pavillon Rosemont, a déménagé à la Cité médicale Angus, à quelques kilomètres, en 2022. La facture de trois millions par an (30 millions $ pour 10 ans) est assumée par l’hôpital. Les patients ne paient pas un sou.
Ce déménagement était devenu indispensable étant donné la vétusté extrême du bloc opératoire d’ophtalmologie, situé dans le pavillon Rosemont, en face du bâtiment principal.

«Dans les circonstances, c’était la meilleure solution, avoue le Dr Éric Fortin, coordonnateur médical du département d’ophtalmologie. On est vraiment mieux installés. C’est grand, c’est propre. On est plus capables de recruter depuis qu’on est là.»
Un nouveau stationnement
Tous s’entendent pour dire que le bloc ne répondait plus aux normes et que le rénover aurait coûté «au moins 50 millions $», estime le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de l’Est-de-l’Île-de-Montréal.
Voilà quelques semaines que la question de la reconstruction de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont, qui est reportée sans cesse depuis 2012, est revenue dans l’actualité. Bâti en 1950, le pavillon Rosemont est situé juste à côté du futur stationnement des employés, dont la construction doit débuter bientôt.
Le déménagement du bloc d’ophtalmologie est temporaire et il durera jusqu’à la construction du nouvel hôpital. Le bail se termine en 2032, mais pourrait être reconduit cinq ans. L’hôpital possède une expertise inégalée dans le domaine, notamment pour la greffe de cornées.
«C’était la pire section de tout l’hôpital à cause de la ventilation déficiente, se rappelle le Dr Fortin. On avait ajouté des filtres [pour l’air] et ça faisait un bruit incroyable. Tout le monde se plaignait.»
«Le choix devenait évident qu’on allait louer pour une durée déterminée. Le bâtiment n’était pas assez grand», ajoute Hugo Ouellette, directeur des services techniques du CISSS.

Le bloc opératoire, qui comptait cinq salles d’opération en ophtalmologie, est aujourd’hui désert, a constaté Le Journal.

Encore des patients malgré la vétusté
Malgré la vétusté des lieux, le pavillon accueille encore des dizaines de milliers de patients (clinique médicale, pédiatrie). Lundi dernier, il faisait déjà une chaleur insupportable pour le temps de l’année, a-t-on constaté. Dans l’entrée, un bruit d’enfer provenait du système de ventilation. Dans une salle d’attente, un ventilateur roulait à plein régime pour soulager les familles.
Des blocs sanitaires n’ont pas été rénovés depuis longtemps, comme cette toilette du rez-de-chaussée.

Plusieurs planchers et murs sont aussi très abîmés.


En janvier dernier, les 16 derniers patients qui y étaient hébergés ont été transférés dans un CHSLD. Toiture, maçonnerie, fenestration: plus de 20 millions $ ont été investis depuis 2019. D’ici un an, d’autres services administratifs y emménageront.
«La volonté, c’est de le garder pour longtemps donc on continue à investir», dit M. Ouellette, qui avoue que des rénovations esthétiques sont impensables dans le contexte budgétaire actuel.
