Fin des négociations: Québec impose des conditions de travail aux directions d’école, qui maintiennent leurs moyens de pression


Daphnée Dion-Viens
Québec met fin aux négociations avec les directions d’école en imposant des conditions de travail qui suscitent la grogne, à un point tel que les cadres scolaires maintiennent leurs moyens de pression jusqu’à nouvel ordre.
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Des modifications réglementaires ont été adoptées par le Conseil du trésor cette semaine, ce qui met fin aux négociations, indique la Fédération québécoise des directions d’établissement d’enseignement (FQDE).
«Ça va laisser des traces sur l’attitude dans les années à venir. Les gens en font beaucoup, et il y a peu de reconnaissance», laisse tomber son président, Nicolas Prévost.
Il est plutôt rare que Québec décrète les conditions de travail des cadres scolaires sans s’être entendu avec eux au préalable lors de discussions, ce qui suscite la grogne dans le réseau scolaire.
La colère est d’autant plus vive que le contrat de travail est cette fois-ci renouvelé sans argent neuf dans l’enveloppe sectorielle, qui sert à régler des problématiques plus ciblées.
Il s’agirait d’une première, selon les associations de directions d’école, qui ne se rappellent pas avoir vécu pareille situation.
Lors de la précédente ronde de discussions, l’enveloppe sectorielle des cadres scolaires avait été bonifiée de 7%, alors que les enseignants ont obtenu une hausse similaire à la dernière négociation.
Les directions d’école auront droit à la même augmentation salariale que celle consentie aux syndiqués de la fonction publique, soit 17,4% sur cinq ans, mais sans plus cette fois-ci.
«Ça ne va pas du tout», lance Kathleen Legault, présidente de l’Association montréalaise des directions d’établissement scolaire.
«Le gouvernement ne s’est occupé que des salaires, mais sans aucune enveloppe sectorielle pour s’attaquer aux problèmes d’attraction, de rétention, de charge de travail», déplore-t-elle.
Moyen de pression qui «dérange»
Ses membres, tous comme ceux de la FQDE, ont bien l’intention de maintenir les moyens de pression en place afin de signifier leur mécontentement. Le son de cloche est le même du côté de l’Association québécoise du personnel de direction des écoles.
La grève du zèle se poursuit, tout comme le boycottage des tests PISA, qui permettent d’évaluer la performance des élèves québécois par rapport à celle d’autres élèves à l’échelle internationale.
Il s’agit d’un moyen de pression «qui dérange beaucoup le ministre [Drainville] sans affecter d’aucune manière la qualité des services éducatifs aux élèves», peut-on lire dans un courriel de l’ADMES obtenu par Le Journal.
Les moyens de pression pourraient même s’intensifier, ajoute Mme Legault.
«Nos membres ont clairement indiqué leur volonté d’aller plus loin, ce qu’on vit est inacceptable, affirme-t-elle. On ne s’inquiète pas juste pour les gens qui sont là, on s’inquiète pour l’avenir. [...] Déjà qu’on gère la pénurie de personnel, on ne peut pas se retrouver nous-mêmes en pénurie.»
Au Conseil du trésor, on confirme que la consultation concernant la hausse salariale est terminée. À terme, le salaire annuel des directions d’école variera de 133 000$ à 168 000$, indique-t-on.
«Des échanges se poursuivent avec le ministère de l’Éducation sur les autres éléments qui ne touchent pas le monétaire», ajoute-t-on dans une déclaration écrite.