Fin de ses indemnisations de l’IVAC: cri du cœur d’une victime de maltraitance
Elle affrontera bientôt ses bourreaux après 14 ans d’abus


Catherine Bouchard
Une jeune femme de Québec qui a été victime d’abus sexuels, physiques et psychologiques pendant son enfance et son adolescence déplore de devoir se battre pour prolonger son accès aux indemnisations de l’IVAC, alors qu’elle se prépare à affronter ses bourreaux devant la justice.
Haïdy (nom fictif), âgée aujourd’hui de 23 ans, a été battue et a subi des agressions sexuelles dès l’âge de 4 ans, par les divers conjoints de sa mère. L’un des hommes a d’ailleurs été condamné dans les années 2000.
La jeune femme allègue aussi avoir subi de la maltraitance de la part de sa mère, se disant mal nourrie, frappée, humiliée et surveillée par des caméras, notamment «pour qu’elle ne mange pas trop».
Vouloir mourir à 7 ans
«Un des moments les plus difficiles, c’est quand j’ai été séquestrée par ma mère pour me forcer à écouter Aurore, l’enfant martyre, pour me montrer c’était quoi, la vraie maltraitance», raconte-t-elle.
Elle n’avait alors que 7 ans et c’est à ce moment qu’elle a voulu mettre fin à ses jours pour la première fois.
Sa mère s’est par la suite mise en couple avec une autre femme lorsqu’elle avait 10 ans. Cette nouvelle conjointe a également violenté la jeune fille.
Pendant près de 14 ans, Haïdy dit avoir eu droit à deux douches par semaine «à l’eau froide», ajoutant qu’elle était mal nourrie, battue, agressée sexuellement, en plus de vivre de la violence psychologique. Elle urinait parfois dans une garde-robe au sous-sol de la maison, n’ayant pas le droit de monter à l’étage.
«Parfois, j’avais tellement soif que je buvais l’eau de la toilette. Un jour, ma mère m’a surprise et m’a plongé la tête dans la cuvette», se souvient-elle.
Procès à venir
À l’âge de 17 ans, après avoir subi un accident de travail et avoir été forcée par sa mère à mentir au médecin pour reprendre le boulot, Haïdy a fini par se révolter, ce que la conjointe de sa mère n’a pas accepté.
«Elle m’a étranglée pendant que ma mère nous regardait. Elle m’a dit: “Tu vas mourir, ma tabarnak, tu mérites juste ça”», raconte Haïdy.
Elle a fait appel à la DPJ, où elle a été placée dans diverses ressources.
La jeune femme a trouvé le courage de porter plainte contre sa mère et sa conjointe. Des accusations de fraude et d’abus psychologiques et physiques ont été portées contre les deux femmes, et les procédures reprendront en avril prochain.
Haïdy affirme que sa mère lui aurait soutiré environ 35 000$, qu’elle avait gagnés en occupant plusieurs emplois afin d’être à la maison le moins souvent possible.
La femme bénéficie de prestations de l’IVAC depuis trois ans, mais elle a appris qu’elles prendront fin le 6 mars prochain. L'une des conditions pour les prolonger est d’obtenir une évaluation d’un médecin, ce qu’elle a fait. Elle attend la réponse.
Haïdy vient de recommencer l’école afin de décrocher son diplôme d’études secondaires. À l’approche du procès, elle n’a pas envie de devoir faire des choix sur les factures à payer.
«C’est 14 ans de maltraitance et une enfance perdue. Tu ne peux pas t’en remettre en trois ans», déplore-t-elle.
Au moment d’écrire ces lignes, l’IVAC n’avait pas encore répondu aux questions du Journal.