Fin de l’aide financière de l’IVAC: le deuil «ne devrait pas avoir une date de péremption»

Laurence Morin
La fin soudaine du programme d’indemnisation des victimes d’actes criminels (IVAC) après trois ans, plonge plusieurs survivantes dans la précarité financière et une détresse psychologique difficiles à supporter.
• À lire aussi: Fin de ses indemnisations de l’IVAC: cri du cœur d’une victime de maltraitance
• À lire aussi: «Ça va être la pauvreté»: fin de l’aide financière par l’IVAC pour plusieurs victimes d’actes criminels
• À lire aussi: «C’est cruel»: des inquiétudes toujours vives deux jours avant l’entrée en vigueur de la réforme de l’IVAC
Si ces changements adoptés par la CAQ en 2021 ont permis à plus de victimes d’actes criminels de recourir à une aide financière, ils ont également introduit une échéance de trois ans dans certains cas avec un délai de prescription de trois à cinq ans.
C’est notamment le cas de Josée Grenier, une victime de violence conjugale physique et psychologique, qui a perdu son aide financière de l’IVAC à l’automne dernier à cause de la réforme.
• Sur le même sujet, écoutez cet épisode balado tiré de l'émission d’Isabelle Maréchal, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
Au micro d’Isabelle Maréchal à QUB radio et télé, celle-ci confie avoir perdu son aide de l’IVAC, au moment où le procès contre son ex-conjoint s’est terminé, 3 ans plus tard.
Celle qui est en incapacité totale temporaire, ce qui signifie qu'elle n'est pas en mesure de reprendre son travail, vit désormais «une insécurité financière», puisqu’elle déplore n’avoir reçu aucun montant forfaitaire pour compenser les séquelles permanentes des agressions.
L’attente de trois ans avant la tenue du procès contre son ex-conjoint a été pénible pour Josée Grenier. «Il n’est pas criminel, tant qu’il n’est pas déclaré criminel, soutient-elle. [...] Pendant ce temps, on attend et on ne se sent pas en sécurité. On ne sait pas comment ça va tourner. Et quand tu arrives à respirer, c’est fini.»
Pour l’avocate en droit social, Me Sophie Mongeon, le deuil ou le traumatisme ne «devrait pas avoir une date de péremption». Celle-ci est d’avis que les victimes d’actes criminels vivent «une grande injustice» et qu’elles ont besoin de quiétude pour guérir.
Pétition
Une pétition de Québec Solidaire rassemblant près de 2000 signatures a été déposée en ce sens à l’Assemblée nationale, lundi.
Celle-ci réclame notamment à la CAQ de mettre en place un «mécanisme supplémentaire permettant de prolonger les différentes prestations prévues par l’IVAC» pour ceux et celles souffrant de séquelles graves, peut-on lire sur le site de l’Assemblée nationale du Québec.
Les députés Ruba Ghazal et Guillaume Cliche-Rivard dénoncent d’ailleurs l’insensibilité gouvernementale face à des femmes ayant subi des violences conjugales et sexuelles.
Voyez l'entrevue complète à QUB, ci-dessus.