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L'article provient de Le Journal de Montréal
Justice et faits divers

Fillette de sept ans ébouillantée à mort à Laval: sa mère évite la prison

Elle a été condamnée à une probation de deux ans assortie à des travaux communautaires

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Photo portrait de Camille Payant

Camille Payant

2023-04-13T15:48:04Z
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Évoquant des «circonstances uniques et exceptionnelles», un juge de Laval a souhaité faire éviter la prison à la mère d’une fillette ébouillantée à mort à Laval, qui n’avait finalement pas infligé les blessures à sa petite. 

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«Le tribunal a pu constater toute la peine et les remords qui habitent [l’accusée] depuis le décès de sa fille, qui sont entièrement sincères, ressentis et compréhensibles», a indiqué le juge Yvan Poulin jeudi au palais de justice de Laval.

D’abord accusée de négligence criminelle ayant causé la mort et de voies de fait, la femme de 37 ans avait finalement plaidé coupable en février dernier à une accusation réduite d’avoir omis de fournir les choses nécessaires à l’existence de sa fille alors qu’elle se trouvait dans le besoin. 

La femme originaire d’Asie du Sud-Est, que nous ne pouvons pas identifier en vertu d’une ordonnance de non-publication, a été condamnée à une probation de deux ans assortie à 240 heures de travaux communautaires.

Antoine Lacroix / JdeM
Antoine Lacroix / JdeM

Faits troublants

Les circonstances entourant le décès de la petite, qui s’est déroulé lors d’une crise en janvier 2021, sont demeurées floues lors du plaidoyer de culpabilité de la mère. 

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La preuve a toutefois démontré que les blessures infligées à la fillette de 7 ans n’avaient pas été infligées par l’accusée. 

Selon les faits exposés en cour, la fillette avait d’importants troubles de comportement depuis l’âge de cinq ans. Elle disait notamment qu’elle aimait se faire mal et verbalisait son désir de tuer sa petite sœur. 

L’accusée ne pouvait toutefois pas parler ouvertement de ces enjeux avec les membres de sa communauté, avait-on alors appris. 

«Le tribunal a pu saisir le caractère très malsain de la dynamique familiale avec laquelle [l’accusée] a dû continuellement composer dans les responsabilités parentales à l’endroit de sa fille», a indiqué le juge Poulin jeudi. 

Puis l’enfant est devenue de plus en plus anxieuse et agressive en raison du confinement. La fillette a alors commencé à frapper à répétition le visage de sa mère, qui n’arrivait pas à la contrôler.

La situation entre l’accusée et sa fille a continué de se dégrader au point où, à l’automne 2020, la victime refusait tout contact avec sa mère. Celle-ci lui interdisait même de la regarder et lui ordonnait de demeurer enfermée dans sa chambre. 

Jours fatidiques

Le 31 décembre 2020, l’accusée a vu le chandail de sa fille taché de sang dans le lavabo de sa salle de bain. 

«Elle se dit que la petite s’est peut-être fait mal, mais n’ose pas la sortir de sa chambre pour le demander, de peur de provoquer une crise», a indiqué le juge Poulin.

À trois reprises au cours des 72 heures suivantes, une membre de la famille qui prenait habituellement soin de la victime a demandé à l’accusée d’aller à la pharmacie afin d’acheter des bandages et de l’eau saline. 

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Questionnée à savoir ce qui s’était produit, la femme qui prenait soin de l’enfant a répondu que la victime «s’est fait ça toute seule dans la douche». 

L’accusée n’a pas posé plus de questions et n’a fait aucune démarche auprès de sa fille, qu’elle a vue de dos une seule fois. 

«Le fait que [la mère] n’ait pas poussé davantage ces vérifications pour ne pas provoquer de crise supplémentaire de la part de sa fille s’inscrit dans le cadre du climat toxique s’étant développé au sein de la famille élargie», a soulevé le juge Poulin, sous les pleurs de l’accusée. 

La mère a revu pour la première fois son enfant le 3 janvier 2021, lorsque l’enfant est amenée au pied de son lit. La petite était alors déjà décédée. 

Selon l’autopsie, le décès a été causé par des brûlures très sévères, compatibles avec des brûlures causées par l’eau chaude, s’étendant sur 70% de son corps. 

La petite sœur de la victime a toutefois révélé, plusieurs mois plus tard, que la femme qui prenait soin de sa sœur «la pinçait et pouvait lui mettre de l’eau chaude sur le corps».

La Couronne avait demandé une peine d’emprisonnement de deux ans moins un jour, tandis que la défense avait plutôt plaidé pour une sentence suspendue et des travaux communautaires. 

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