Fillette abandonnée: la mère reconnue non criminellement responsable

La mère de la fillette abandonnée sur le bord de l’autoroute, miraculeusement retrouvée après trois jours, ne peut être tenue criminellement responsable de ses gestes, car elle croyait que l’enfant était possédée du démon.

«Pour elle, la solution la plus sécuritaire était de s’éloigner de sa fille pour la protéger. [...] C’est clair qu’elle n’aurait jamais fait ça si elle n’était pas malade», a souligné lundi la psychiatre légiste Marie-Michèle Boulanger.

Le 15 juin dernier, la femme de 34 ans s’était présentée dans un état de confusion dans un commerce de Coteau-du-Lac, en Montérégie, affirmant avoir perdu sa fillette de 3 ans. Une ordonnance de non-publication nous empêche de révéler leurs identités.

La mère a indiqué à une policière dépêchée sur les lieux «qu’elle a eu peur de quelque chose, elle a paniqué et elle est partie avec la petite et le chien en auto» le matin même.

Les policiers avaient remué ciel et terre pendant trois jours, déployant des ressources rarement vues, afin de retrouver la fillette.

Pendant la même période, sa mère se mettait à rire abondamment, puis à pleurer à chaudes larmes lors des longues heures passées dans la salle d’interrogatoire.

«Suis-je folle? Est-ce que je m’invente un ennemi? Les choses dans ma mémoire sont techniquement impossibles, la journée complète ne fait aucun sens», a-t-elle indiqué, en anglais (voir carte).

L’enfant était déshydratée, très fatiguée, mais consciente lorsqu’elle a finalement été découverte. Elle avait de multiples égratignures et piqûres d’insectes et souffrait d’une vulvovaginite.

• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Alexandre Dubé, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

Lundi, la mère a été reconnue non criminellement responsable de négligence criminelle causant des lésions et d’abandon d’enfant. Selon un rapport psychiatrique, la mère souffrait de manie mixte avec symptômes psychotiques au moment des tristes événements.

Des vidéos étranges à répétition

Celle qui était directrice d’un restaurant dans le Vieux-Montréal a affirmé qu’il s’agissait de son premier épisode du genre, mais qu’elle n’allait pas bien depuis six mois.

Sa vie avait basculé lors de la période des Fêtes l’an dernier: elle s’est séparée du père de la fillette, était au bord du «burn-out» et le collègue avec qui elle aurait été en amour a quitté le restaurant.

La femme s’est mise à publier frénétiquement des vidéos sur TikTok, où elle parlait de «réinitialisation de son système nerveux» et de «simulation». Elle discutait constamment avec l’intelligence artificielle.

Elle a finalement quitté son poste, qu’elle occupait depuis plus d’une décennie, au début juin.

Quelques heures avant la disparition de la fillette, elle a envoyé un courriel aux ressources humaines du restaurant, leur demandant «d’arrêter de faire de la magie sexuelle sur elle et sa fille».

La Montréalaise se trouve depuis deux mois à l’Institut de psychiatrie légale Philippe-Pinel. Son état s’est significativement amélioré depuis la prise d’antipsychotiques, mais la médication n’est toujours pas ajustée.

La Couronne souhaite qu’elle demeure à cet hôpital pour au moins trois mois. Le Tribunal administratif du Québec assurera ensuite le suivi. Mais l’accusée souhaiterait pouvoir être libérée dès maintenant.

L’audience, présidée par le juge Bertrand St-Arnaud, se poursuivra mardi.