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L'article provient de TVA Sports
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Filip Eriksson, modeste choix de 6e tour du CH, provoque une onde de choc en Suède

Capture d'écran du site web de Lulea
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Photo portrait de Nicolas Cloutier

Nicolas Cloutier

2025-09-18T03:25:00Z
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Une modeste sélection de sixième tour des Canadiens de Montréal provoque une onde de choc dans le hockey suédois. Limité à deux maigres buts et quatre aides en 37 matchs avec Växjö l’an passé, Filip Eriksson vient d’empiler sept points en deux rencontres pour se hisser seul au sommet de la colonne des marqueurs de la SHL, meilleure ligue au pays.

Vous avez bien lu, Eriksson a surpassé sa production de l'an dernier en deux matchs.

Celle-là, personne ne l’avait vu venir. La SHL est une ligue de résultats qui, comme la LNH, n’est pas particulièrement sensible au développement des jeunes. Eriksson, du haut de ses 20 ans, ne débarquait pas en prodige avec Luleå, club situé complètement au nord de la Suède lui ayant consenti un contrat de deux ans.

«Je pensais qu’il allait sortir de sa coquille au mois de novembre ou décembre, mais pas si tôt», avoue au bout du fil le directeur général de Luleå, Thomas Fröberg.

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«C’est une surprise pour moi-même, bien que j’aie connu un bon camp préparatoire», concède le timide ailier, qui avait été repéré par le dépisteur suédois du Tricolore Christer Rockström en 2023. Allez savoir comment Rockstrom a trouvé Eriksson, car ce dernier s’est absenté pour une longue période en raison d’une blessure au poignet l’année de son repêchage, en plus de jouer à ce moment-ci dans une ligue régionale plutôt obscure.

Les plus grands médias en Suède ont naturellement sauté sur l’histoire. Le premier trio de Luleå «trop fort pour la ligue», titre Aftonbladet. Le diffuseur public SVT reprend de son côté les propos du joueur de centre d’Eriksson : «Je n’étais même pas proche d’être aussi bon à 20 ans.»

Expressen, qui cite le capitaine de Luleå, Erik Gustafsson : «Absolument incroyable [...] Ce jeune homme, c’est du sérieux.» Lu sur le site web du Dagens Nyether, l’un des journaux les plus influents de la Triple Couronne : «Départ rêvé semble être une expression appropriée.»

La vérité, c’est que toute cette attention incommode le principal intéressé, un garçon réservé qui a grandi à Ljungby, petit village de 15 000 âmes. Eriksson ne raffole pas du tout de ce battage médiatique.

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«Non..., confirme-t-il avant d’éclater d’un rire nerveux. Pour être franc, non.»

«Tout le monde parle de lui et on a joué seulement deux matchs. Il est dans tous les journaux. Il doit continuer de travailler fort. On doit souligner qu’il a de bons compagnons de trio», tente de tempérer Fröberg.

L'échantillon est effectivement minuscule. Deux matchs ne font pas une carrière.

«Mets-moi avec lui»

En faisant l’embauche d'Eriksson, Fröberg ne songeait pas à lui offrir d'entrée de jeu un poste au sein du premier trio de l’équipe.

Il voyait en Eriksson un attaquant aux habiletés offensives inexploitées qui avait été employé sporadiquement par Växjö, un club qui regorgeait de vétérans. Eriksson lui était tombé dans l’œil il y a deux ans. Le mince attaquant avait été cédé par Växjö à Nybro dans la Allsvenskan, le deuxième échelon suédois. Les rapports sollicités auprès de l’entraîneur-chef de Nybro au sujet du jeune homme, à l’époque, étaient très élogieux.

N'empêche, et on le répète, le premier trio tout de go n’était pas dans les cartons avec Luleå.

«Notre meilleur joueur de centre, Brian O’Neill, est venu nous voir directement durant le camp d’entraînement pour nous dire : "Je veux jouer avec ce garçon"», explique Fröberg.

L’initiative a porté ses fruits : O’Neill, Eriksson et Isac Hedqvist, autre attaquant de 20 ans, s’amusent comme larrons en foire et cumulent 16 points en deux matchs.

«Je ne connaissais même pas [Brian] avant d’arriver à Luleå, raconte Eriksson. Ç’a cliqué. Il m’a immédiatement mis à l’aise. Sur la glace, on pense de la même façon. C’est naturel. On aime les deux jouer avec un tempo rapide. Et si on perd la rondelle, on veut la regagner tout de suite.»

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Eriksson est sorti des blocs avec un tour du chapeau contre Malmö au match inaugural devant une foule survoltée qui s’est mise à chanter son nom et à l’élever au rang de héros local.

Et alors que Luleå tirait de l’arrière 4 à 0 contre Brynas, mardi, son trio a orchestré une irrésistible remontée, en route vers une victoire de 7 à 5.

«Il est vif d’esprit, note Fröberg. Il n’y a pas beaucoup de joueurs qui ont autant d’habiletés. Il a besoin d’être jumelé à des attaquants qui réfléchissent vite comme lui. Si tu le mets avec des joueurs de quatrième trio, ç’a aura l’air fou.»

«J’ai regardé beaucoup de hockey avec mon père durant ma jeunesse, propose Eriksson lorsqu’on lui demande d’où lui vient cette vivacité d’esprit en situation de jeu. Beaucoup de matchs de Leksands. Je me souviens de Filip Forsberg et de Jacob de la Rose.»

Constance recherchée

Le défi pour Eriksson sera de faire briller cette grande intelligence au jeu sur une base régulière, ce qu’il n’est pas parvenu à faire dans la SHL avec Växjö. Le gaucher, qui excelle le long du mur droit en avantage numérique, sera suivi attentivement par Lauri Korpikoski, l’espion du CH en Europe.

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«Ma confiance ne doit être ni très haut ni trop bas», philosophe le jeune homme.

«Il doit peut-être améliorer un peu son coup de patin, soumet de son côté Fröberg. Sa mentalité est la bonne, il travaille fort.»

Eriksson est au nombre des multiples projets accumulés par les Canadiens grâce à leur haut volume de choix au repêchage dans les dernières années. Il est talentueux, oui, mais du talent, il devra en déployer en quantité industrielle pour espérer jouer un jour dans la LNH à 5 pieds 11 pouces, avec un style tout en finesse.  

Pierre-Paul Poulin / Le Journal de Montréal
Pierre-Paul Poulin / Le Journal de Montréal

Puisque son quotient intellectuel de hockey était tellement élevé, le pari en valait la chandelle au sixième tour.

«Je pense que ce serait bien qu’il complète ses deux années de contrat ici, soumet Fröberg en ne cachant pas son parti pris. Il a besoin de minutes de qualité et s’il débarque en Amérique du Nord pour jouer au sein d’un quatrième trio, c’est inutile.»

On ne risque pas de le voir à Laval avant 2027. D’ici là, Eriksson aura peut-être bien grimpé dans la hiérarchie des espoirs de l’organisation. Et généré du même coup, plus d’attention à son égard. Que ça lui plaise ou non.

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