Filière batterie: Québec devra mettre 24 M$ dans Lion Électrique pour sa relance
Un groupe d’acheteurs mené par Vincent Chiara, Pierre Wilkie et Claude Boivin veut toujours racheter le fabricant


Francis Halin
Le constructeur d’autobus scolaires Lion a besoin pour sa relance de 24 millions $ d’aides publiques de plus... que les quelque 200 millions $ déjà obtenus.
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Selon une source du Journal, Québec devra mettre 17 millions $ US (23,5M$) en capital-actions et prêts pour faire renaître Lion. Les acheteurs Vincent Chiara, Pierre Wilkie et Claude Boivin injecteraient également la somme de 23,5 M$.
Mardi, Le Journal n’a pas réussi à joindre l’homme d’affaires Vincent Chiara. Le cabinet de la ministre de l’Économie, Christine Fréchette, n’a pas voulu se mouiller, mais La Presse rapportait mardi qu’un scénario semblable avait été présenté à un caucus spécial de députés lundi passé.
En novembre dernier, Le Journal a levé le voile sur les problèmes de l'entreprise. Développement de véhicules désordonné, tests routiers insuffisants, dépassements de coûts massifs, d’ex-travailleurs ont dénoncé ce qui pourrait expliquer en bonne partie sa déconfiture, selon eux.

Craintes des transporteurs
Lion s’est mis sous la Loi sur les arrangements des créanciers des compagnies il y a quatre mois.
Depuis, des groupes d’investisseurs tentent de mettre la main sur le fabricant en difficulté.
Au Québec, la survie de l’entreprise inquiète les transporteurs scolaires pour le service après-vente puisqu'on dénombre 1300 autobus électriques Lion sur nos routes.
D’après nos sources, l’offre discutée en ce moment viendrait honorer les garanties des autobus, même si cela n’est pas exigé.
«On se rappelle que c’est le gouvernement du Québec qui a imposé aux transporteurs scolaires en 2021 l’achat exclusif d’autobus scolaires électriques», avait déjà dénoncé la Fédération des transporteurs par autobus (FTA).


Plus de 380 plaintes
À la mi-avril, plus de 380 plaintes ont été déposées à l’Autorité des marchés financiers (AMF) contre Lion, «ce qui le place parmi les dossiers ayant reçu le plus de plaintes à l’AMF», selon son porte-parole Sylvain Théberge.
En janvier, Lion avait nié en bloc les accusations d’investisseurs déçus. Leurs propos sont «sans fondement», avait dénoncé le fabricant québécois.
«Ni le PDG ni d’autres personnes de la direction chez Lion Électrique n’ont fait de “déclarations potentiellement trompeuses”», avait assuré l’entreprise.
Lion était visé un mois après par une demande d’action collective en valeurs mobilières d’investisseurs alléguant avoir perdu de l’argent entre 2021 et 2024.
– Avec la collaboration de Sylvain Larocque
Aides publiques à Lion Électrique (Québec)
MEIE
- Mars 2020: 5 M$ (débenture)
- Juillet 2021: 50 M$ (prêt)
- Juillet 2023: 46,3 M$ (débenture)
Investissement Québec
- 2021-2022: 18,9 M$ (actions)
- 2023-2024: 19,8 M$ (actions)
Caisse de dépôt et placement du Québec
- Novembre 2022: 15 M$ (facilité de crédit)
Fonds de solidarité FTQ
- 2023: 25 M$ (prêt)
TOTAL: 180 M$
UNE ENTREPRISE BIEN BRANCHÉE
- Guy LeBlanc, ex-PDG d’Investissement Québec, a été actionnaire de Lion jusqu’en 2019. Il a déjà été administrateur de la compagnie.
- Michel Ringuet, administrateur principal de Lion, est l’ancien mandataire de la fiducie sans droit de regard de l’ex-ministre de l’Économie Pierre Fitzgibbon.
- Pierre Larochelle, président du conseil d’administration de Lion, est l’ex-PDG d’Énergie Power, filiale de Power Corporation.
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