Filière batterie: Lion Électrique rachetée pour des miettes
Le constructeur sous respirateur artificiel a été relancé de peine et de misère en mai dernier

Francis Halin
Le fabricant d’autobus scolaires électriques Lion Électrique, abreuvé de centaines de millions de fonds public, a été racheté pour... des miettes.
C’est La Presse qui a éventé la nouvelle lundi. Vincent Chiara, du Groupe Mach, l’entrepreneur Pierre Wilkie et le financier Claude Boivin, l’ont acheté pour 6 M$. C’est une fraction de sa valeur boursière qui avait flirté avec le 5 G$ il y a quatre ans.
En novembre dernier, Le Journal avait levé le voile sur Lion Électrique, qui a reçu plus de 200 M$ en aides publiques et que l’on accusait d’avoir développé ses véhicules de façon désordonnée avec de nombreux dépassements de coûts.

Un mois plus tard, Lion s’était placé à l’abri de ses créanciers.
«Décision difficile»
Fin avril, Le Journal révélait que Lion avait besoin pour sa relance de 24 M$ d’aides publiques de plus que les quelque 200 M$ déjà obtenus.
Mais le suspense avait été de courte durée parce que la ministre de l’Économie, Christine Fréchette, avait vite refusé de remettre des fonds publics dans l’entreprise.
«Il s’agit d’une décision difficile, mais responsable. C’est une entreprise d’ici, qui offrait un produit innovant et contribuant à la transition énergétique. Le gouvernement a la responsabilité de soutenir la croissance des entreprises québécoises», avait-elle expliqué.


En début d’année, Lion a été visé par une demande d’action collective en valeurs mobilières déposée vendredi à la Cour supérieure du Québec au nom d’investisseurs qui disent avoir perdu de l’argent entre 2021 et 2024.
Lion a toujours qualifié ces accusations de «sans fondements».
«Ni le PDG ni d’autres personnes de la direction chez Lion Électrique n’ont fait de “déclarations potentiellement trompeuses”», s’était défendue la société.
Le Journal n’a pas été en mesure de joindre Vincent Chiara lundi avant-midi.
De leur côté, les repreneurs de Lion ont dit n’avoir rien à ajouter.
«Leurs priorités demeurent les opérations de l’entreprise pour l’instant», a-t-on mentionné.
–Avec la collaboration de Philippe Langlois et Sylvain Larocque
• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Richard Martineau, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
AIDES PUBLIQUES À LION ÉLECTRIQUE (QUÉBEC)
Ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie
• Mars 2020: 5 M$ (débenture)
• Juillet 2021: 50 M$ (prêt)
• Juillet 2023: 46,3 M$ (débenture)
Investissement Québec
• 2021-2022: 18,9 M$ (actions)
• 2023-2024: 19,8 M$ (actions)
Caisse de dépôt et placement du Québec
• Novembre 2022: 15 M$ (facilité de crédit)
Fonds de solidarité FTQ
• 2023: 25 M$ (prêt)
TOTAL: 180 M$
UNE ENTREPRISE BIEN BRANCHÉE
• Guy LeBlanc, ex-PDG d’Investissement Québec, a été actionnaire de Lion jusqu’en 2019. Il a déjà été administrateur de la compagnie.
• Michel Ringuet, administrateur principal de Lion, est l’ancien mandataire de la fiducie sans droit de regard de l’ex-ministre de l’Économie Pierre Fitzgibbon.
• Pierre Larochelle, président du conseil d’administration de Lion, est l’ex-PDG d’Énergie Power, filiale de Power Corporation.