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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

«Tout tombe comme un château de cartes»: deux projets de la filière batterie à l’arrêt à Bécancour

GM-Posco révise ses plans d’expansion à Bécancour, ce qui provoque l’annulation du projet d’usine de sulfate de nickel de Vale

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Photo portrait de Francis Halin

Francis Halin

2025-10-16T12:12:42Z
2025-10-16T14:26:10Z
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La «mise sur pause» de la deuxième phase de l’usine d’Ultium CAM signe l’arrêt de mort de l’usine de Vale et fragilise la filière batterie de Bécancour.

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«Faire venir au Québec des usines d’assemblage sans innovation n’était pas la bonne façon de créer une filière», estime Frédéric Laurin, professeur d’économie à l’École de gestion de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR).

«Le résultat de cela, c’est qu’aussitôt qu’il y a un coup de vent contraire, tout tombe comme un château de cartes», analyse l’intellectuel.

L’économiste spécialisé en développement régional Frédéric Laurin estime que la filière batterie n’est pas un bon choix industriel pour le Québec.
L’économiste spécialisé en développement régional Frédéric Laurin estime que la filière batterie n’est pas un bon choix industriel pour le Québec. Photo Agence QMI, MARIO BEAUREGARD

Jeudi, Le Journal a pu confirmer ce double échec industriel.

Effet domino

Ultium CAM, formé de General Motors (GM) et Posco, veut produire ici des matériaux actifs de cathode entrant dans la fabrication des batteries électriques.

Or, jeudi, Ultium CAM a indiqué que la deuxième phase de son usine de 600 M$ de Bécancour est «mise sur pause» parce qu’il y a un «ralentissement de la croissance du marché des véhicules électriques».

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Cela a un impact majeur dans le coin.

Puisque GM n’aura finalement pas besoin de sulfate de nickel, la brésilienne Vale a décidé de mettre carrément fin à son projet québécois de 325 M$ d'une superficie d'une vingtaine de terrains de football en bordure de l’autoroute 30.

«Notre expérience à Bécancour et au Québec a été positive. Nous tenons à remercier les citoyens qui ont soutenu notre projet», a déclaré Rachel Meehan, porte-parole de Vale, par courriel.

Le premier ministre François Legault a visité l’usine d’Ultium Cam en construction en mai 2024.
Le premier ministre François Legault a visité l’usine d’Ultium Cam en construction en mai 2024. Photo FRANCIS HALIN
Le cabinet déçu

Au cabinet de la ministre de l’Économie, Christine Fréchette, on qualifie la nouvelle de «décevante».

«La filière batterie traverse actuellement un ralentissement à l’échelle mondiale. Il est donc normal que certains projets au Québec en subissent les contrecoups», précise sa porte-parole, Catherine Pelletier.

«Malgré tout, le secteur continue de croître. Les contrats obtenus par des entreprises québécoises en lien avec la filière batterie dépassent déjà les 3 milliards de dollars et plus de 3000 emplois ont été créés, uniquement à Bécancour», soutient-on.

Au Journal, Donald Olivier, PDG de la Société du parc industriel et portuaire de Bécancour, affirme qu’il s’agit de 3000 travailleurs de la construction sur les chantiers.

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Une fois en opération, Ultium CAM devrait avoir 250 employés, Nemaska Lithium, 200 à Bécancour et 250 à la mine, EcoPro (chantier sur pause) 345, Air Liquide 10 et Mirae, 75, énumère-t-il.

Christine Fréchette, ministre de l’Économie.
Christine Fréchette, ministre de l’Économie. Photo BEN PELOSSE

Rappelons qu’il y a un an, c’était au tour du géant Ford de se retirer de la coentreprise formée avec EcoPro et SK, qui bâtissent une usine de 1,2G$ dans la région.

Argent public

Malgré les échecs de Northvolt et de Lion, Québec a misé 150M$ de plus dans Nemaska Lithium le mois dernier, se rapprochant du cap symbolique du milliard de dollars d’argent public dans l’entreprise.

Nemaska appartient au gouvernement québécois et à Lithium Partners, qui est détenue par Rio Tinto.

Dans une capsule YouTube de mai dernier, la ministre de l’Économie de François Legault affirmait qu’elle était prête à remettre des fonds publics dans la filière batterie.

«Avec le ralentissement mondial de la filière batterie, est-ce que l’on doit continuer à la financer? se demandait à voix haute Christine Fréchette en lisant une question. Oui parce que vraiment on a tout ce qu’il faut pour réussir dans ce secteur-là», avait-elle répondu.

– Avec TVA Nouvelles et Sylvain Larocque

Filière batterie: aides autorisées

  • Nemaska Lithium: 675M$
  • EcoPro Cam: 322M$
  • Northvolt: 270M$
  • Northvolt (terrain en garantie): 240M$
  • Lion Électrique: 158,9M$
  • Ultium CAM: 151,9M$
  • Volta: 150M$
  • Nouveau Monde Graphite: 83,3M$
  • Vale: 55M$
  • AddÉnergie: 34,2M$
  • Volvo: 22,7M$
  • Recyclage Lithion: 22,5M$
  • Nova Bus: 19,1M$
  • Nano One: 18M$
  • H55: 10M$
  • Mirae: 7,5M$
  • Ingeniarts Technologies: 6,8M$

(Source: réponse d’une demande d’accès à l’information du Journal obtenue du ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie)

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